Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Dominicaine (république) (suite)

Créditeurs, les États-Unis font peser une lourde tutelle. De 1916 à 1924, ils occupent même le pays. L’intervention des capitaux internationaux à partir de 1860, puis l’occupation américaine accompagnée de grands travaux ont pour effet, cependant, de lancer le développement économique et démographique du pays. La colonisation prend un nouveau départ. La population augmente grâce à l’afflux de colons espagnols et italiens. Des Haïtiens s’infiltrent à travers une frontière imprécise, et l’on fait appel aussi à des Jamaïcains, mais, l’élément blanc prédominant parmi les immigrants, la république Dominicaine devient un pays métis clair et conserve sa culture espagnole. La population s’élève à 500 000 habitants en 1900, atteint 897 000 habitants en 1920 et 1 000 000 en 1930. La plaine du sud et du sud-est du pays se couvre de canne à sucre, et il se produit un véritable « boom » sucrier (1930 : 50 000 t ; 1932 : 439 000 t), alors que La Vega Real et le Cibao s’adonnent au cacao et au tabac ; l’élevage se modernise.

En 1930, Trujillo et sa famille s’installent au pouvoir. Jusqu’en 1961, ils font régner une dictature implacable sur le pays. Obtenant un moratoire des dettes, Trujillo procède au redressement financier ; il poursuit les grands travaux, développe l’irrigation et construit un réseau routier qui unifie le territoire ; il pratique une politique d’immigration favorable aux Blancs et lutte contre la pénétration haïtienne le long de la frontière par la création de colonats, mais aussi par les moyens les plus féroces : massacres de 1937 ; il encourage la création de colonats paysans soit d’étrangers, soit de Dominicains venant de régions densément peuplées ; il fait procéder à des distributions de terres de l’État à de petits paysans. Les progrès sanitaires, la scolarisation accompagnent le développement économique. Les résultats sont spectaculaires : la population atteint 3 millions d’habitants en 1960 ; le pays s’est libéré de ses dettes extérieures (1947) et du contrôle financier américain (1941), à défaut du contrôle politique ; la production intérieure a considérablement augmenté en se diversifiant, de même que les exportations (1933 : 9 millions de dollars ; 1961 : 139 millions de dollars), et la balance commerciale est devenue largement excédentaire ; des industries se sont créées (cimenterie, mines). Cet essor économique a très inégalement profité à la population dominicaine, et, lors de sa disparition, Trujillo laisse derrière lui un pays souffrant de profonds déséquilibres sociaux qui ne sont pas pour rien dans l’instabilité qui a suivi la chute de la dictature et qui contrarient actuellement la poursuite du développement économique.


La population

La croissance naturelle est, depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, le facteur essentiel de l’essor démographique. La natalité est très élevée (en moyenne 40 p. 1 000), alors que la mortalité descend au-dessous de 10 p. 1 000. L’excédent naturel annuel s’établit autour de 3 p. 100. La population a atteint 3,7 millions d’habitants en 1965, 3,9 millions en 1968 et 4 011 589 au recensement de 1970. Elle s’est accrue de 3 p. 100 de 1960 à 1970. Une aussi forte et aussi rapide croissance de la population pose le problème de l’emploi pour les classes jeunes et celui du rythme du développement économique.

La population est très inégalement répartie. La moitié est regroupée dans le nord du pays et le tiers dans la plaine côtière du sud. Les plus fortes densités se rencontrent dans les régions anciennement colonisées : districts du centre de la dépression septentrionale (Santiago, Moca, La Vega, San Francisco de Macorís) et à l’ouest de Saint-Domingue (entre Baní et San Cristóbal). Avec plus de 200 habitants au kilomètre carré, certains de ces districts sont surpeuplés. Les densités moyennes se rencontrent dans le massif septentrional, sur la côte nord et dans la péninsule de Samaná, autour de San Pedro de Macorís, dans la plaine sucrière du Sud, dans le seuil qui laisse au centre du pays un passage facile entre le Nord et le Sud, le long de la frontière, du moins dans la partie centrale, et autour de Barahona, dans la plaine littorale sucrière et sur les pentes. Les montagnes, les régions sèches de l’Ouest et du Sud-Ouest, les bas plateaux de l’Est sont peu peuplés. Au total, il s’en faut que toutes les possibilités d’occupation de l’espace géographique soient complètement exploitées.

L’urbanisation, faible jusqu’à ces dernières années, fait de gros progrès (16,6 p. 100 de la population dans des villes en 1920, 30,5 p. 100 en 1960, 41 p. 100 en 1970). Saint-Domingue*, la capitale, s’est développée de façon spectaculaire (30 000 habitants en 1920, 671 402 en 1970).

La capitale écrase les autres villes. Santiago de los Caballeros, deuxième ville et capitale du Nord, ne dépasse guère 140 000 habitants. Résidence de la classe possédante du Nord, c’est un centre commercial et un carrefour routier possédant quelques industries. Les autres centres urbains ont tous moins de 50 000 habitants. On compte ainsi quatorze centres de plus de 10 000 habitants, dont la plupart sont des chefs-lieux de province à fonctions rurales (marchés, commerces et divers services).


L’économie

Elle est essentiellement fondée sur l’agriculture.


L’agriculture


Les structures agraires

La république Dominicaine est un pays de grandes propriétés et de grandes exploitations avec un secteur de microfundia d’une grande importance humaine.

La grande propriété l’emporte dans la culture de la canne à sucre, du riz, de la banane et du cacao (dans une moindre mesure), ainsi que dans l’élevage des bovins. La petite propriété s’adonne plutôt au café, au tabac et aux cultures vivrières. Ce schéma souffre de nombreuses exceptions, car, très souvent, les grandes propriétés sont partagées en plusieurs secteurs d’exploitation. Ainsi, dans le Cibao et La Vega Real, celles-ci se livrent à une polyproduction comportant cacao, café, élevage pour le lait et la viande ainsi que cultures vivrières, confiées à des métayers. La grande exploitation se localise en général dans les plaines et les terres basses, alors que les pentes sont plutôt colonisées, souvent sous une forme spontanée, par de petits exploitants (cultures vivrières et arbustives). En plaine, toutefois, dans les régions densément et anciennement peuplées (dans le Cibao par exemple, entre Santiago et San Francisco de Macorís), la petite exploitation se partage le terroir. Les centres de colonisation créés depuis 1930 sont également des secteurs de petite propriété.