Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Dioclétien (suite)

Maximien abdique en même temps. Conformément à la volonté de Dioclétien, les césars Constance Chlore et Galère deviennent augustes, et ce dernier désigne deux nouveaux césars, Sévère et Maximin Daïa, destinés à devenir augustes à leur tour. Système séduisant, mais faussé tout de suite par les réalités : Maxence et Constantin, fils de Maximien et de Constance, se trouvant évincés du système, se révoltent en 306. Il en résulte sept ans de désordres, durant lesquels on essaie de sauver la tétrarchie, mais sans l’empêcher de jouer le rôle d’un échiquier pour les rivalités et les ambitions. « De monarchie multipliée, le pouvoir devient une monarchie de plus en plus divisée, une anarchie » (R. Rémondon).

Dioclétien lui-même ne simplifie pas les choses par son intervention tardive, en 308, à l’entrevue de Carnuntum avec Maximien, revenu au pouvoir, et Galère ainsi que par son choix d’un auguste, Valerius Licinius Licinianus, pour succéder à Sévère, exécuté sur l’ordre de Maxence. Par le jeu des luttes intérieures, il n’y a plus, en 324, qu’un seul empereur, et, renversement suprême de la tradition, cet empereur est un chrétien, Constantin. Entre-temps, Galère a renoncé aux persécutions, mais, à sa mort (311), Maximin Daïa les a reprises avec une ardeur renouvelée. Maximin meurt en 313, comme Dioclétien lui-même, qui a assisté à l’effondrement de toute son œuvre.

Le palais de Dioclétien à Split

Le palais construit en Dalmatie pour la retraite de Dioclétien fut édifié près de Salone. Il avait les proportions d’une petite ville et le plan d’un camp romain : rectangulaire, pourvu de remparts et de voies se coupant à angle droit, englobant une vaste caserne pour la garde impériale. Le mausolée impérial, de plan octogonal, est devenu la cathédrale. L’exubérance de la décoration des édifices et les proportions écrasantes de ceux-ci apparentent cet ensemble aux villes de l’Asie hellénistique. Demeurent intacts, ou du moins debout, les quatre portes monumentales, des colonnades, le mausolée, un temple et une grande partie des murailles d’enceinte. À l’intérieur de ces remparts, les gens de Salone vinrent fonder en 615 la ville de Spalato (auj. Split).

R. H.

➙ Bas-Empire.

 W. Seston, Dioclétien et la tétrarchie (De Boccard, 1946). / A. Chastagnol, le Bas-Empire (A. Colin, 1969).

diphtérie

Maladie infectieuse et contagieuse caractérisée essentiellement par une angine blanche à fausses membranes et due au bacille de Klebs-Löffler.


Connue depuis l’Antiquité, elle a été bien décrite au xixe s. par Pierre Bretonneau (1778-1862), puis par Armand Trousseau (1801-1867).


Bactériologie

Corynebacterium diphteriæ, le bacille de Klebs-Löffler, est une Bactérie immobile gram négatif, dont la culture est plus facile sur des milieux riches, tel le sérum de bœuf coagulé. L’inoculation de la culture au Cobaye tue cet animal. Le pouvoir pathogène du germe varie selon les cas. C’est la toxine neurotrope qui est responsable des manifestations pathogènes.


Épidémiologie

La diphtérie était autrefois responsable d’épidémies redoutables. La vaccination a supprimé, dans les pays où elle est correctement pratiquée, les explosions épidémiques. Mais des cas sporadiques surviennent encore, liés à la diminution de l’immunité naturelle ; ils s’observent chez les sujets non vaccinés ou vaccinés depuis trop longtemps.

Dans les pays où la vaccination n’est pas obligatoire existent des épidémies à partir de foyers endémiques.


Symptômes

L’angine pseudo-membraneuse est l’élément le plus évocateur de la diphtérie commune. Les fausses membranes sont constituées d’un enduit blanchâtre, extensif, adhérent, cohérent, qui siège sur les amygdales et le voile du palais, et qui se reproduit lorsqu’on l’arrache. L’angine s’accompagne d’une altération de l’état général, de fièvre et d’une réaction ganglionnaire.

Certaines angines (malignes) sont hémorragiques, avec des fausses membranes très extensives. L’hésitation est parfois possible avec d’autres angines à fausses membranes. Habituellement, on agit comme si l’on se trouvait en présence d’une diphtérie.


Complications

L’évolution est dominée par la possibilité de complications. Dans la forme commune, celles-ci sont rares, mais le malade doit, dans tous les cas, être surveillé durant cinquante à soixante jours en raison de l’imprégnation prolongée par la toxine.

Les complications sont surtout cardiaques et nerveuses (paralysies).

• L’atteinte cardiaque (ou myocardite). Elle peut tuer le malade en quelques heures. Elle ne se rencontre pas chez le vacciné et s’observe surtout dans les formes malignes.

• Les paralysies. La paralysie du voile du palais est la plus fréquente. Elle peut se voir dans les formes les plus banales et se révèle par une voix nasonnée, un rejet des liquides par le nez. Elle doit faire craindre d’autres paralysies.

La paralysie pharyngienne fait courir le risque de fausses routes du bol alimentaire, qui sont dangereuses (mort par asphyxie).

Les paralysies de l’accommodation (le malade ne peut plus lire) sont fréquentes.

Les paralysies des membres se voient dans les formes sévères. Elles peuvent s’étendre aux muscles respiratoires et imposent alors la ventilation artificielle. Ces paralysies guérissent sans séquelles.

La vie du malade est donc menacée au début par la myocardite et les paralysies pharyngiennes, et secondairement par la possibilité de paralysies respiratoires. Dans tous les cas, au cours de paralysies peuvent survenir des escarres, des embolies pulmonaires, des complications infectieuses qui sont plus graves chez les sujets âgés.


Formes particulières

Le croup, lié à l’envahissement du pharynx et du larynx par des fausses membranes, était autrefois fréquent et redoutable (asphyxie) ; actuellement, les corticoïdes permettent souvent d’éviter la trachéotomie.

Notons enfin que certaines diphtéries ne sont reconnues que devant des paralysies isolées.