dimorphisme sexuel (suite)
Chez les Invertébrés, tout comme chez les Vertébrés, on peut distinguer entre dimorphisme permanent et dimorphisme périodique : dimorphisme permanent chez la Drosophile (Mouche des vendanges) ou les Crabes, dont la forme de l’abdomen diffère chez le mâle et la femelle ; dimorphisme périodique chez certaines Annélides Polychètes, qui possèdent des formes épitoques (l’épitoquie, ou épigamie, est la métamorphose que subissent certains animaux en liaison avec la fraie). Chez Myrianida, par exemple, la forme épitoque mâle est distincte de la forme épitoque femelle. Le cas des Cervidés mâles est intermédiaire : bois saisonniers, plus grands chaque année.
Dimorphisme sexuel et parasitisme
Un cas bien connu est celui de la Bonellie (Échiurien), animal proche des Annélides. Cet habitant des côtes méditerranéennes est représenté par des femelles de la taille d’une noix, à longue trompe bifurquée, pouvant atteindre 1 m, et par des mâles microscopiques (1 à 2 mm), vivant à l’intérieur du corps de la femelle, qui peut en héberger plusieurs. Ainsi, le mâle vit en parasite de la femelle.
De tels faits se retrouvent parmi les Crustacés (certains Cirripèdes, Copépodes, Isopodes), les Myzostomes, les Nématodes et certains Poissons abyssaux.
Origine du dimorphisme sexuel
Le cas de la Bonellie a été bien étudié. Les larves qui donnent naissance aux mâles et aux femelles sont rigoureusement les mêmes et possèdent une bipotentialité sexuelle, jusqu’au moment où certaines se fixent sur la trompe d’une Bonellie adulte femelle. Elles deviennent alors des mâles. Les autres, qui mènent une vie libre ou se fixent sur un rocher, deviendront des femelles. On a pu montrer qu’un extrait de trompe ou d’intestin de Bonellie femelle ou une modification du pH avaient la même action masculinisante sur les larves. Ainsi, le déterminisme du sexe et du dimorphisme sexuel est lié à un processus humoral.
Chez les Vertébrés, le dimorphisme sexuel dépend toujours de la sécrétion d’hormones hypophysaires, ovariennes ou testiculaires. Chez les Invertébrés (ou tout au moins chez certains d’entre eux), il existe un facteur androgène qui agit, lui aussi, par le jeu d’hormones, sur le dimorphisme sexuel. C’est ainsi que l’on a montré que, chez Orchestia gammarella, petit Crustacé amphipode fréquent sur nos côtes, la présence d’une grosse pince sur la deuxième patte-mâchoire du seul mâle était commandée par la sécrétion hormonale d’une glande androgène accolée au canal déférent.
Anomalies du dimorphisme sexuel
Certaines espèces animales présentant un dimorphisme sexuel comportent parfois des individus à caractères mâles et femelles tout à la fois. Ce sont des gynandromorphes. Les caractères mâles et femelles peuvent se trouver mélangés ou répartis (deux moitiés latérales) sur l’individu. On en trouve chez la Drosophile, chez certains Papillons et même chez les Oiseaux.
Il convient de ne pas confondre ce gynandromorphisme avec l’hermaphrodisme, car, dans ce dernier cas, ce sont les gonades qui possèdent une bisexualité, alors que, dans le précédent, celles-ci restent unisexuées. Bien entendu, l’hermaphrodisme entraîne, lui aussi, une modification des caractères sexuels et, par conséquent, s’il y a lieu, influe sur le dimorphisme sexuel.
Finalité du dimorphisme sexuel
On a souvent cherché une finalité au dimorphisme sexuel, ce qui a donné lieu aux pires extravagances. Nous venons de voir qu’il s’agit de différences déterminées, pour la plupart, au sein même de l’individu, par sa propre physiologie.
Il est incontestable que le dimorphisme sexuel de la Bonellie entre pour une part dans le mode de vie du mâle, parasite de la femelle. De même, on conçoit que, par là, la rencontre des sexes soit favorisée.
Chez les Batraciens, la présence de callosités sur les doigts du mâle, par exemple, aide à la préhension de la femelle au moment de l’accouplement.
Les splendides livrées nuptiales ont certainement une influence ; elles sont accompagnées d’ailleurs du comportement particulier du mâle avant et pendant l’accouplement. On a pu montrer, dans certains cas, qu’elles étaient à l’origine de sécrétions hormonales (sécrétions hypophysaires chez les Vertébrés) qui conditionnent l’acceptation du mâle par la femelle et parfois la ponte ovulaire.
Toutefois, il faut bien se garder de trop d’anthropomorphisme dans ce domaine, et le choix du mâle le mieux paré ne semble pas une règle générale chez les animaux.
J. P.
➙ Sexe.
L. Bertin, la Vie des animaux (Larousse, 1949-1950 ; 2 vol. ; nouv. éd., 1965). / P.-P. Grassé et coll., Précis de zoologie (Masson, 1961-1964 ; 2 vol.) ; Précis de biologie générale (Masson, 1966). / P. P. Grassé et A. Tétry (sous la dir. de), Zoologie (Gallimard, « Encycl. de la Pléiade », 1963-1964 ; 2 vol.). / P. P. Grassé (sous la dir. de), la Vie des animaux (Larousse, 1968-1970 ; 4 vol.).