Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

digestion (suite)

Des affections extra-digestives peuvent également retentir sur la digestion. Rappelons que l’hyperthyroïdie s’accompagne souvent de diarrhée par accélération du transit intestinal. Inversement, la constipation est habituelle en cas d’hypothyroïdie. De même, des affections de l’appareil circulatoire peuvent perturber les fonctions digestives : athérome des artères mésentériques, hyperpression veineuse, entravant l’absorption... On ne saurait terminer ce chapitre sans évoquer l’influence considérable des facteurs psychiques sur la digestion. Telle heureuse nouvelle ou telle ambiance agréable permettront une excellente digestion d’un repas abondant et lourd. À l’inverse, une contrariété est capable de perturber la digestion du plus simple repas. La psychothérapie et la diététique* auront donc deux grandes parts dans le traitement des troubles de la digestion.

J.-C. L. P.

➙ Aliment / Bile / Dent / Diarrhée / Enzyme / Estomac / Glucides / Intestin / Lipides / Mastication / Pancréas / Protides.

 H. Rouvière, Anatomie humaine descriptive et topographique (Masson, 1942 ; nouv. éd. revue par G. Cordier, 1959 ; 3 vol.). / L. Spallanzani, Expériences sur la digestion de l’homme et de différentes espèces d’animaux (Gauthier-Villars, 1956). / J. R. Gosset, l’Appareil digestif (Fayard, 1959). / P. Hillemand, l’Appareil digestif et ses maladies (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964). / H. Péquignot (sous la dir. de), Précis de pathologie médicale, t. III, Œsophage. Estomac. Intestin. Pancréas. Voies biliaires (Masson, 1964). / H. Hermann et J. F. Cier, Précis de physiologie, t. I, fasc. 2, Digestion. Excrétion urinaire... (Masson, 1965). / H. W. Davenport, Physiology of the Digestive Tract (New York, 1966 ; trad. fr. Physiologie de l’appareil digestif, Masson, 1968). / R. Dupuy et P. Duret, Maladies de l’appareil digestif (Baillière, 1970).

Digitale

Plante dont les feuilles contiennent des substances (glucosides) très actives sur le cœur, et qui, de ce fait, est employée en thérapeutique.


La Digitale et ses préparations ont une action élective sur le muscle cardiaque : elles ralentissent, renforcent et régularisent ses contractions (v. cœur).


La Digitale pourprée « Digitalis purpurea »

Scrofulariacée, elle pousse dans les Vosges, la Forêt-Noire, le Massif central et en Bretagne. Les feuilles, oblongues, lancéolées, vertes, ont une face inférieure couverte de poils. Les fleurs sont d’un rouge pourpre plus ou moins vif.

La poudre de Digitale pourprée sert à préparer l’infusé, le macéré et la teinture de Digitale. Ces produits ont l’avantage d’associer tous les composants de la plante. L’inconvénient est la difficulté d’obtenir des produits d’action rigoureusement constante.

Les principes actifs de la Digitale sont très complexes. Cela est dû à l’instabilité des corps soumis à l’action de diverses diastases. Il suffit, pour s’en convaincre, de parcourir la longue liste des travaux dont cette plante a été l’objet au cours des siècles. Depuis 1542, époque où le botaniste allemand Leonhart Fuchs (1501-1566) décrit le Digitalis dans son Historia stirpium, jusqu’à nos jours retenons deux dates : 1775, introduction de la plante en thérapeutique par William Withering (v. cardiologie) ; 1868, obtention de son principal glucoside, la digitaline à l’état cristallisé, pur et stable, par Claude Nativelle, pharmacien français (1812-1889).

Les principes actifs de la Digitale peuvent être groupés en hétérosides saponiniques, sans action sur le cœur, et en nombreux glucosides cardiotoniques, qui, sous l’action d’enzymes, seront hydrolyses et donneront des sucres variés et des génines. Le Codex français ne retient que deux glucosides de la Digitale.

• La digitaline cristallisée anhydre. Son avantage est de pouvoir être dosée pondéralement d’une façon rigoureuse et d’avoir des propriétés constantes à poids égal. Elle se présente en cristaux microscopiques, de saveur amère intense, irritant les muqueuses nasale et gastrique. Elle est employée sous forme de poudre au centième et de soluté au millième. La poudre sert à préparer les granules de digitaline (un dixième de milligramme). Le soluté est préparé de manière que 50 gouttes pèsent 1 g et renferment 1 mg de digitaline.

• La digitoxine, ou digitoxoside. On prépare un extrait glucosidique total de la Digitale pourprée, titrée en digitoxine. Cet extrait, présenté en comprimés dosés à un quart de milligramme, est d’action plus précoce que celle de la Digitale. Il a aussi une élimination plus rapide.


La Digitale laineuse « Digitalis lanata »

Autre Scrofulariacée utilisée en thérapeutique, elle est une plante d’origine danubienne, cultivée en Autriche. Elle renferme des hétérosides qui possèdent tous un radical acétyle. La rapidité de leur action et de leur élimination, la marge entre la dose utile et la dose toxique, leur faible accumulation en font des médicaments de grande valeur.

Les principaux sont :
— la digoxine en comprimés dosés au quart de milligramme, utilisée pour le traitement d’urgence des insuffisances cardiaques avec tachycardie ;
— l’acétyl-digoxine en soluté buvable, pour les traitements de longue durée ;
— l’acétyl-digitoxine en comprimés.


Toxicologie digitalique

Les Digitales et tous les produits dérivés sont toxiques (tableau A). L’intoxication par la digitaline est due le plus souvent à un surdosage.

L’intoxication se manifeste par des troubles digestifs (anorexie, vomissements, diarrhée), neuropsychiques (céphalalgie, vertiges, dépression) et surtout cardiaques. Les électrocardiogrammes, précoces et de contrôle, répétés, permettront d’évaluer l’imprégnation digitalique. Le potassium sérique est augmenté (hyperkaliémie). Le traitement comporte l’élimination du toxique par vomissements provoqués, lavage d’estomac, lavement, purgation et la réanimation en milieu hospitalier.

P. C.

 A. Georges, les Hétérosides cardiotoniques de la Digitale et leurs dérivés semi-synthétiques (Éd. Arscia, Bruxelles, 1967).