Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

diététique (suite)

La diététique peut avoir à prescrire l’utilisation de produits diététiques. Pour mériter cette appellation, ils doivent répondre aux normes prescrites par la loi de 1966 et présenter des qualités les différenciant des produits habituels et leur conférant un avantage vérifiable pour la santé. Les plus souvent prescrits sont sans doute les produits dont la composition en sel est inférieure à celle des mêmes produits non diététiques.

La diététique du bien portant comme celle du malade est appliquée par les diététiciens. Ils sont titulaires d’un brevet de technicien supérieur et formés en deux ans après un baccalauréat scientifique ou après un concours. Compétents pour conseiller les bien portants quant à leur alimentation dans toutes les circonstances de leur vie, ils ne doivent prescrire un régime à un malade que sur indication médicale.

La majorité des diététiciens sont des femmes et travaillent dans des services hospitaliers. Un service diététique peut être particulier à un service d’un hôpital et comprendre alors sa propre cuisine ou un office pour la préparation des régimes spéciaux. La solution maintenant considérée comme la plus rationnelle est l’institution d’une cuisine diététique centrale pour un hôpital, à côté de la cuisine normale. Cette cuisine est nantie de bureaux où une équipe de diététiciennes peut collaborer à la surveillance de l’alimentation de tous les malades, chacune prenant en charge plus particulièrement les malades d’un service ou d’une partie d’un service. Lors de travaux de recherches nécessitant une très grande précision, il doit exister une cuisine spéciale pour eux.

D’autres diététiciens assurent la surveillance de l’alimentation dans des collectivités de bien portants (usines, bureaux, régiments, etc.). La profession de diététicien est récente : c’est en 1949 qu’on créa à Marseille, puis à Paris, les premières écoles ; il existe maintenant dans plusieurs villes des sections de formation.

À l’origine, l’enseignement et la connaissance de la diététique doivent beaucoup à Lucie Randoin.

C. B.

➙ Aliment / Régime.

 H. Bour et M. Dérot, Guide pratique de diététique (Baillière, 196). / J. Ilany-Feigenbaum, Tables diététiques (Masson, 1968). / R. Lecoq, Manuel de diététique (Doin, 1968). / J. Lederer, Manuel de diététique (Malaine, 1976).

Dieu

Dans les religions monothéistes, être suprême, créateur du monde.



Les origines de l’idée de Dieu et du monothéisme


L’expérience du divin et les mythes primitifs

La question de l’origine du monothéisme a suscité chez les historiens des religions des discussions passionnées. La thèse du monothéisme originel de l’école de Vienne (liée à l’idée très contestable de révélation primitive de Wilhelm Schmidt [1868-1954]) n’a plus que de rares défenseurs. Quant aux thèses évolutionnistes (sir James George Frazer, Herbert Spencer) invoquant un progrès continu suivant des étapes successives — animisme, totémisme, polythéisme, monothéisme —, elles sont aujourd’hui rejetées ; on ne saurait admettre que la mentalité primitive ou mythique constitue un stade inférieur du développement de la pensée humaine, précédant une pensée métaphysique qui postule l’unicité de Dieu pour conduire à une pensée positive, seule vraiment objective et scientifique, débarrassée enfin de l’idée de Dieu.

De nos jours, on admet avec Mircea Eliade (né en 1907) que l’humanité n’a pas connu de stade préreligieux, régi par le totémisme et la magie. La prière et le culte existent dans la mentalité dite « primitive ». Mais cette opinion ne constitue pas un retour à la thèse du monothéisme primitif. On constate plutôt dans le sacré primitif des tendances variées tantôt vers l’unité, tantôt vers la pluralité (Gustav Mensching [né en 1901]).

On a baptisé de noms divers — mana ou hiérophanie (M. Eliade) — le mode sous lequel le sacré fait sentir sa puissance. Ce qu’il faut retenir de ces terminologies variables, c’est que la principale caractéristique du sacré est d’être une force vivante, animée. C’est par cette voie que l’homme primitif a été conduit à se représenter le divin sous forme personnelle. La note la plus frappante du sacré est ainsi son unité dans sa diversité de formes. Mais, si l’hénothéisme est ainsi un phénomène fréquent, le monothéisme strict semble par contre avoir rencontré des obstacles infranchissables, ce qui souligne le caractère particulier du sens de Dieu dans les trois grandes religions issues de la souche d’Abraham.

Plutôt que le problème du Dieu unique, c’est donc celui du divin qui intéresse d’abord la recherche contemporaine. Aussi s’est-elle tournée de nouveau vers les mythes pour saisir le surgissement originel du divin, qui apparaît antérieur à toute expérience de Dieu et qui est lié à une prise de conscience de l’humain : le mythe, en effet, fournit « l’expression complexe et variée que l’homme peut faire de lui-même et des réalités mystérieuses avec lesquelles il est en relation » (M. Eliade). Plus précisément : « Le mythe est un récit traditionnel qui rapporte des événements arrivés à l’origine des temps et qui est destiné à fonder l’action rituelle des hommes d’aujourd’hui et, de manière générale, à instituer toutes les formes d’action et de pensée par lesquelles l’homme se situe dans son monde. Fixant les actions rituelles significatives, il fait connaître, quand disparaît sa dimension étiologique, sa portée exploratoire et apparaît dans sa fonction symbolique, c’est-à-dire dans le pouvoir qu’il a de dévoiler le lien de l’homme à son sacré » (Paul Ricœur).

Cette définition rapproche le mythe du rite, que les historiens des religions ont longtemps opposés, et elle lie le mythe à l’histoire. La mythologie n’est plus limitée au monde du primitif : mythe et histoire se pénètrent et se confondent jusqu’à l’éclosion de la raison. Au premier abord, le mythe ne paraît être qu’une tentative inadéquate d’exprimer l’origine des choses, une donnée qui doit être éliminée, « démythologisée ». Mais le mythe est en réalité indéracinable, car il est constitutif de la pensée même qui tout à la fois le porte et le nie. L’esprit scientifique ne peut prétendre exclure que son intention étiologique, sa prétention d’expliquer l’origine et la fin de l’humanité. Mais il ne peut lui retirer sa portée exploratoire, son sens, car, en définitive, c’est le mythe qui fait pénétrer dans la « forêt des symboles ». En franchissant la clôture du cosmos, le mythe dévoile le lien de l’homme à son sacré, au divin, et, dans le cas de la Bible, à Celui que l’homme a un jour appris à nommer de son vrai Nom, au reste inexprimable (Exode, iii, 15).