Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Diesel (moteur) (suite)

Classification par le mode d’injection


Moteurs à injection directe dans la culasse

C’est la forme la plus ancienne que l’on connaisse et elle se subdivise en deux sous-groupes, selon que l’air demeure relativement immobile pendant toute la période d’injection ou qu’on l’anime d’un certain courant contrôlé pour favoriser la diffusion du combustible dans la masse d’air de combustion.

Dans le premier cas, en l’absence de toute turbulence, la pénétration et la pulvérisation du brouillard combustible dépendent de la distribution des particules de liquide, ce qui implique que, par les formes respectivement données aux jets et à la chambre de combustion, on peut envoyer le combustible dans tous les points de cette chambre. On obvie à cet inconvénient en produisant un certain degré de turbulence de l’air à l’intérieur de la culasse. Le sens donné au courant d’air est divers, soit qu’il s’agisse d’un tourbillon autour de l’axe du cylindre, soit d’un courant radial vers l’axe du cylindre ou centrifuge, ou bien encore d’une combinaison des deux mouvements précédents ou d’un parcours transversal dans la chambre de combustion.

De toute manière, les pressions d’injection très élevées, de l’ordre de 300 kg/cm2, exigent un matériel de haute précision, particulièrement onéreux.

La culasse est sensiblement de même forme que celle d’un moteur à essence avec distribution par soupapes en tête, et l’injecteur occupe la même position qu’une bougie d’allumage.


Moteurs à chambre de précombustion

Une petite chambre communique avec la chambre de combustion par un ou des ajutages étroits. On injecte le carburant en un point de cette préchambre situé à l’opposé du passage dans la chambre de combustion. La température étant très élevée, les premières gouttes injectées s’enflamment spontanément en augmentant simultanément la pression et la température. De plus, en se dirigeant vers la chambre de combustion, elles entraînent le reste de l’injection. Par suite de la turbulence ainsi établie, la pression d’injection peut, dans le cas le plus favorable, être réduite jusqu’à 80 kg/cm2. Le rapport volumétrique de compression et la température en fin de compression sont légèrement inférieurs à ceux de l’injection directe, et le départ à froid est obtenu grâce à une résistance électrique chauffante.


Moteurs à antichambre

Une partie de la chambre de compression comporte une chambre appelée antichambre de combustion. Celle-ci est séparée de l’espace situé directement au-dessus du piston, avec communication par un ajutage calibré en forme de cône de Venturi, dans lequel s’effectue la combustion. Dans sa course descendante, le piston aspire continuellement de l’air frais et évacue les produits de la combustion. L’injecteur est placé à l’extérieur de l’antichambre, au centre de la culasse. Cette préchambre-réserve d’air peut être également prévue en fond de culasse, d’un côté du cylindre où l’on place l’injecteur, dont le jet, provenant d’un orifice axial, est alors dirigé vers le haut sous un angle de 30°.


Régulation et pulvérisation du combustible

La régulation est assurée par la pompe, composée d’un cylindre percé de deux orifices ou soupapes qui permettent l’aspiration du combustible et son refoulement pendant la course de compression par le mouvement d’un piston commandé mécaniquement. Le dosage s’effectue soit en faisant varier sa course, soit en étranglant le courant de liquide par une soupape à aiguille ajustable placée dans le courant d’aspiration. Le temps d’injection est réglé par un accouplement à rainures hélicoïdales qui relie l’arbre de commande de la pompe à l’arbre d’entraînement et dont la position relative peut varier par le jeu d’une fourchette s’engageant dans une gorge de l’accouplement. Vissé dans le cylindre, l’injecteur pulvérise le combustible et le dirige. C’est une pièce fixe dans laquelle coulisse une pièce mobile, sous la tension d’un ressort et qui est soulevée par la pression du combustible. Entre l’accélérateur et la commande de la pompe, on interpose un régulateur de régime maximal et minimal du type centrifuge.

J. B.

➙ Cycle / Injection / Moteur.

 P. M. Heldt, High-Speed Diesel Engines (Philadelphie, 1932 ; trad. fr. le Moteur Diesel à grande vitesse, Dunod, 1934 ; 6e éd., 1962). / R. Guerber, le Moteur à huile lourde (Technique et Vulgarisation, 1952). / D. Jollivet, le Moteur Diesel (Chotard, 1975).

diésélisation

Application de la traction à moteurs thermiques dans les chemins de fer.



Origines et développement de la diésélisation

La traction Diesel dans les chemins de fer est très étroitement liée au développement du moteur Diesel. En 1922 apparaît l’ère industrielle de ce moteur grâce à la mise au point de l’injection mécanique du combustible, et la locomotive Diesel fait son apparition aux États-Unis en 1925 dans le service des manœuvres. Mais c’est seulement en 1930, grâce à la création des moteurs rapides, que l’on peut situer le début de la traction Diesel de ligne avec les premiers autorails, qui permettent de réaliser d’importantes économies par rapport à la traction à vapeur sur les trains omnibus. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, l’emploi de la traction Diesel reste limité aux engins de manœuvre et aux autorails, malgré la mise en service de quelques prototypes de puissantes locomotives. Les obstacles au développement de la traction Diesel jusqu’à cette époque sont liés aux difficultés techniques résultant de l’utilisation des moteurs de forte puissance. Les dispositifs de transmission, indispensables pour bénéficier d’une fraction aussi élevée que possible de la puissance du moteur sur toute la gamme de vitesse du véhicule, sont souvent plus lourds que le moteur lui-même et conduisent à une puissance massique de l’engin plus faible que celle qu’on obtient avec les locomotives à vapeur, qui bénéficient des résultats d’une expérience beaucoup plus grande. La diésélisation débute aux États-Unis en 1942, au cours de la Seconde Guerre mondiale, avec l’utilisation de locomotives de ligne de puissance relativement modeste (1 100 kW), utilisées en double ou triple traction. Elle prend un essor considérable et arrête même l’électrification des réseaux durant les vingt années suivantes. En Europe, la diésélisation débute après la Seconde Guerre mondiale par la mise en service de locomotives de manœuvre. La substitution de locomotives Diesel de ligne aux locomotives à vapeur commence modestement en 1955. À partir de 1960, la réalisation de moteurs Diesel puissants permet la construction de locomotives de ligne capables d’égaler les performances des locomotives à vapeur, et la diésélisation est un des éléments prépondérants de la modernisation des chemins de fer. Tandis que la traction à vapeur a déjà complètement disparu sur les lignes de certains pays d’Afrique et d’Asie, les chemins de fer européens, plus développés, mettent actuellement en application des programmes de remplacement de la traction à vapeur en développant la diésélisation des lignes non électrifiées.