Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Algérie (suite)

Les unités territoriales (U. T.)

Formations militaires de réserve constituées localement en Algérie de 1955 à 1960 pour participer à la sécurité du territoire sur lequel elles étaient recrutées. Constituées en premier lieu de réservistes de souche européenne, ces formations furent convoquées d’abord de façon occasionnelle, puis régulière et furent souvent chargées par le commandement de la garde des points sensibles. À côté des U. T. d’infanterie existaient une U. T. de fusiliers marins et une U. T. blindée, mise sur pied quelques jours chaque mois et qui participa à de véritables opérations avec des régiments blindés. Les U. T. jouèrent un rôle important dans les journées de mai 1958. Des éléments musulmans y furent incorporés en 1959, mais leur participation à l’insurrection de janvier 1960 (semaine des barricades) entraîna leur dissolution par les autorités françaises le 11 février suivant. Leur effectif dépassait alors 100 000 hommes pour l’ensemble de l’Algérie.

P. D.

Section administrative spécialisée (S. A. S.)

Organisme militaire et administratif créé empiriquement en Algérie par les autorités françaises pour prendre en charge la totalité de l’administration d’une portion déterminée de territoire. Après les premières expériences faites en 1955 dans les Aurès par les officiers des Affaires algériennes, le système des S. A. S. fut généralisé en 1956. Commandées par un officier relevant de l’autorité territoriale civile ou militaire, les S. A. S. disposaient d’une unité de protection (maghzen), parfois renforcée de harkis. Elles coordonnaient sous le signe de l’efficacité les divers services intéressant directement la vie de la population : santé, agriculture, enseignement, ponts et chaussées, etc. Les S.A. S., dont le nombre atteignait 700 en 1960, ont joué un rôle essentiel dans l’effort de pacification et de promotion accompli par la France en Algérie. Dans les villes, elles portaient le nom de sections d’administration urbaine (S. A. U.).

P. D.

Organisation militaire territoriale française (1960)

Corps d’armée d’Alger : zone nord, 7e D. M. R. Fort de l’Eau ; zone sud, 20e D. I. Médéa ; zone est, 27e D. I. Tizi-Ouzou ; zone ouest, 9e D. I. Orléansville.

Corps d’armée d’Oran : zone nord, 5e D. B. Mostaganem ; zone sud, 13e D. I. Saïda ; zone est, 4e D. I. Tiaret ; zone ouest, 12e D. I. Tlemcen ; zone centre, 29e D. I.

Corps d’armée de Constantine : zone nord, 14e D. I. Philippeville ; zone sud, 21e D. I. Batna ; zone est, 2e D. I. Bône ; zone ouest, 19e D. I. Sétif.

À ces treize grandes unités du territoire s’ajoutaient trois divisions opérationnelles de réserve générale : les 10e et 25e divisions parachutistes et la 11e D. I.

P. D.


Les étapes militaires de la guerre d’Algérie

• Novembre 1954 : soulèvement local ou insurrection générale ? Six mois après la malheureuse bataille de Diên Biên Phu, lorsque éclate l’insurrection de la Toussaint 1954, les unités françaises d’Algérie (env. 50 000 hommes) sont depuis longtemps déjà transformées en dépôts des corps de troupes d’Indochine, qui commencent tout juste à être rapatriées. En outre, l’insécurité qui règne en Tunisie et au Maroc a conduit l’état-major français à prélever au cours de l’été les réserves disponibles en Algérie pour renforcer son dispositif dans les « protectorats » voisins. Aussi, le général Cherrière, commandant la Xe région, ne dispose que de quelques bataillons pour faire face à un mouvement dont l’ampleur n’est pas perçue : l’insurrection est d’abord assimilée aux nombreux soulèvements de type local qu’avait connus, notamment en 1945, la région de la Grande Kabylie et des Aurès, où s’établit maintenant le contact entre les fellagahs tunisiens et algériens, C’est sur ce dernier secteur qu’est dirigé l’effort des troupes, renforcées par l’arrivée de France de la 25e D. A. P. du général Gilles, envoyée à Batna. Mais le climat d’insécurité s’installe, les attentats se multiplient et, en janvier 1955, se produisent les premiers accrochages avec de véritables bandes armées. Les Français y répondent par des opérations dites « de nettoyage », qui se généralisent au cours de l’année. Les deux premières mesures importantes prises par la France sont, en avril 1955, la création de l’état d’urgence dans toute l’Algérie et, en mai, le rappel des disponibles résidant sur ce territoire. Les effectifs se trouvent ainsi portés à près de 100 000 hommes, et l’on compte beaucoup sur l’action d’unités spécialisées du type des goums et sur l’expérience du Service des affaires indigènes, qui prend la direction de la « pacification » dans le Constantinois.

En septembre, Jacques Soustelle, gouverneur général depuis janvier, crée sous ses ordres directs un Service des affaires algériennes. Ses officiers sont chargés d’administrer les populations dans les zones les plus touchées par la rébellion (leur action débute dans les Aurès et les Nemencha). En fin 1955, on met sur pied, localement, les premières unités territoriales constituées d’Européens : celles-ci coopèrent avec l’année à la sécurité des zones urbaines où prédomine la population française.

• 1956 : face à la généralisation de la rébellion, la France engage le contingent et les disponibles en Algérie. La transformation, par Guy Mollet, de la fonction de gouverneur général en celle d’un ministre résidant à Alger, la personnalité de Robert Lacoste, à qui échoit finalement cette lourde tâche (9 févr.), témoignent de la volonté de dominer l’ensemble des problèmes posés par l’insurrection algérienne. Sur le plan militaire, il apparaît bien vite que, pour maîtriser le climat d’insécurité qui s’étend peu à peu à l’ensemble du territoire, il n’est plus possible de se contenter des mesures classiques ressortissant au maintien de l’ordre. La situation exige notamment des effectifs si importants que le gouvernement se résout à envoyer en Algérie des unités formées de soldats du contingent, puis, en avril, à rappeler ou à maintenir sous les drapeaux, pour une durée de six à neuf mois, les hommes ayant accompli la durée légale (18 mois) de leur service militaire actif. On rappelle également près de 2 500 officiers de réserve. Grâce à ces mesures, qui engagent directement la jeunesse française dans la guerre, le général Lorillot, commandant la Xe région, dispose au cours de l’été de près de 400 000 hommes ; le territoire est divisé en trois régions de corps d’armée (Oran, Alger et Constantine) et en seize subdivisions militaires.