Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Deux-Roses (guerre des) (suite)

Les querelles partisanes se trouvent exacerbées depuis la majorité d’Henri VI en 1442, par la faiblesse du roi, qui accorde sa confiance aux Beaufort et à leur allié Guillaume de la Pole, duc de Suffolk. La disparition, en 1444, de Jean Beaufort, l’arrestation et la mort suspecte, en 1447, de son adversaire Humphrey, duc de Gloucester, enfin l’assassinat, le 2 mai 1450, du duc de Suffolk mettent un comble au désordre politique. Face au roi Henri VI, dont la légitimité peut être mise en doute en raison de l’usurpation dont se rendit coupable en 1399 son grand-père Henri IV aux dépens de Richard II, assassiné ensuite en 1400, le duc d’York Richard reste le seul homme susceptible de remettre en cause la dévolution du trône. Normalement hostile à une dynastie dont l’un des souverains, Henri V, a fait exécuter en 1415 son père Richard, comte de Cambridge, ce prince peut, en outre, revendiquer la couronne, d’abord en tant qu’arrière-petit-fils d’Édouard III, ensuite en tant que fils d’Anne Mortimer, arrière-petite-fille de Lionel, duc de Clarence, dont la descendance a été écartée illégalement du trône en 1399-1400 en faveur de celle de Jean de Gand.

Pourtant, Richard d’York n’aurait pas déclenché la guerre civile si la naissance d’un prince de Galles, Édouard, et la première crise de folie du roi Henri VI n’avaient pas ruiné et exaspéré ses espoirs d’hériter légalement du trône.

Regroupant aussitôt autour de sa personne le parti des mécontents, le duc d’York se fait reconnaître « protecteur du royaume » et « chef du Conseil » en mars 1454. Il écarte aussitôt du pouvoir le parti des Beaufort et de l’énergique reine Marguerite d’Anjou en faisant enfermer son chef, Edmond, duc de Somerset, à la Tour de Londres. Mais, avec le retour à la raison du roi Henri VI, le parti des Beaufort prend sa revanche. Richard d’York se réfugie auprès des Neville et se révolte avec leur appui. Il est victorieux à Saint Albans (22 mai 1455) — où Henri VI est fait prisonnier et où le dernier des Beaufort, Edmond, duc de Somerset, trouve la mort — et redevient pour un temps « protecteur du royaume ». La guerre reprend en septembre 1459. Si Richard Neville, comte de Warwick et gouverneur de Calais, remporte le 10 juillet 1460 la victoire yorkiste de Northampton, Richard d’York est vaincu et tué à Wakefield le 30 décembre 1460. Warwick est lui-même défait à la seconde bataille de Saint Albans le 17 février 1461. Édouard, fils de Richard d’York, riposte aussitôt et, aidé par Warwick, remporte le 29 mars 1461 la victoire décisive de Towton, qui lui permet de se faire couronner roi à Londres le 28 juin sous le nom d’Édouard IV. Pourtant, en épousant en 1464 Elisabeth Woodville pour échapper à la tutelle de Warwick, Édouard IV rejette le « faiseur de rois » dans le camp des Lancastres : Warwick se réfugie en France en 1469 et se réconcilie avec Marguerite d’Anjou grâce à Louis XI ; il débarque en Angleterre en 1470 et restaure Henri VI. Réfugié à son tour auprès de son beau-frère Charles le Téméraire, Édouard IV remporte avec l’aide de ce dernier les victoires décisives de Barnet et de Tewkesbury, où Warwick et le prince de Galles, Édouard, fils d’Henri VI, sont successivement tués les 14 avril et 4 mai 1471. Le triomphe de la « rose blanche » semble définitif : Marguerite d’Anjou est faite prisonnière ; Henri VI, qui a été capturé en juillet 1465 et qui est emprisonné à la Tour de Londres, meurt, sans doute assassiné, le 21 mai 1471 ; le duc George de Clarence, qui avait suivi Warwick dans ses entreprises, est exécuté en 1478, et les Tudors se réfugient en Bretagne, où ils resteront plusieurs années.

La mort d’Édouard IV, le 9 avril 1483, remet cependant en cause cette victoire : la régence est disputée entre les Woodville et le frère cadet du souverain, Richard, duc de Gloucester, qui se fait proclamer à son tour « protecteur du royaume », puis roi, sous le nom de Richard III, le 6 juillet 1483, tandis que ses neveux, les enfants d’Édouard, sont mystérieusement assassinés.

Réconciliés par ce meurtre, yorkistes et lancastriens reconnaissent également pour chef Henri Tudor, le petit-fils de l’épouse du roi Henri V. Henri Tudor, après avoir vaincu et tué Richard III à Bosworth le 22 août 1485, est couronné en octobre et s’unit à la fille d’Édouard IV, Elisabeth d’York, par un mariage qui scelle la réconciliation des « roses blanche et rouge » et le rétablissement de la paix en Angleterre. Celui-ci devient définitif après l’écrasement par Henri VII d’ultimes révoltes (1487 et 1491-1497).

Les conséquences politiques de ce conflit sont considérables. Décimée à la fois par la guerre, par les proscriptions et par les exécutions qui suivent chaque combat, l’aristocratie s’affaiblit à l’heure même où le prestige de la Couronne ne cesse d’être remis en cause. Pourtant, la monarchie sort finalement renforcée de cette épreuve, qui la met à l’abri des revendications d’une aristocratie épuisée, mais qui laisse à sa disposition les ressources d’une économie dont les bases n’ont pas été fondamentalement ébranlées.

P. T.

➙ Angleterre / Cent Ans (guerre de) / Lancastre / Plantagenêt / York.

 R. B. Mowat, The Wars of the Roses (Londres, 1914). / J. H. Flemming, England under the Lancastrians (Londres, 1921). / E. Perroy, la Guerre de Cent Ans (Gallimard, 1946). / E. F. Jacob, The Fifteenth Century, 1399-1485 (Oxford, 1961).

De Valera (Eamon)

Homme d’État irlandais (New York 182 - Dublin 1975).


Son père était un émigré espagnol besogneux qui donnait des leçons de musique ; sa mère, une Irlandaise, était venue en Amérique se placer comme domestique. Le jeune garçon, prénommé alors Edouard (c’est seulement à son entrée dans la vie publique qu’il adoptera la forme irlandaise Eamon), connaît des débuts difficiles. Ayant perdu très jeune son père, il est envoyé dans la famille de sa mère, de pauvres paysans de l’ouest de l’Irlande. Ces années passées au contact de la réalité populaire, celle des vieilles communautés rurales irlandaises, le marquent profondément et contribuent pour une large part au courant de sympathie et d’affection qui n’a cessé de circuler entre le petit peuple et lui. Grâce à une bourse, De Valera entre au collège catholique local, puis au Blackrock College de Dublin.