Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Descartes (René) (suite)

Ouvrages parus au xixe et au xxe siècle

Divers auteurs publient au xixe s. des lettres inédites qui se retrouvent, selon l’ordre chronologique, dans l’édition C. Adam et P. Tannery.

1859-60

Louis-Alexandre Foucher de Careil, dans Œuvres de Descartes, chez Auguste Durand à Paris, publie des lettres inédites et des fragments recopiés par Leibniz : Cogitationes privatae ; De solidorum clementis ; Excerpta anatomica et varia.

1897-1909

Charles Adam et Paul Tannery : Œuvres de Descartes, Paris, Léopold Cerf, 11 vol. (1897-1909) et un suppl. (1913).

Le tome XII contient une vie de Descartes par Charles Adam : c’est l’édition de référence qui contient tous les textes connus en 1913.

1920

A. Thibaudet et J. Nordström publient dans la Revue de Genève le ballet que Descartes composa à la fin de sa vie pour la reine Christine.

1926

Leon Roth : Correspondence of Descartes and Constantyn Huygens, Oxford, 1926.

Cette édition, qui suit la découverte de 121 lettres autographes échangées entre Descartes et Huygens, est importante car : 1o elle rectifie des erreurs de textes et de dates de l’édition Adam et Tannery ; 2o elle révèle 58 lettres inédites de Descartes à Huygens et 4 de Descartes à d’autres correspondants ; 3o elle révèle les déformations du texte cartésien par Clerselier, qui a travaillé sur les textes originaux sans nous les conserver.

1933

Charles Adam publie dans la Revue philosophique un nouveau classement des lettres de Descartes.

1936-1963

Nouvelle édition de la correspondance : Descartes, correspondance, avec une introduction et des notes par Charles Adam et Gérard Milhaud : t. I-III (Alcan, 1936-1941), t. IV-VIII (P. U. F., 1947-1963).

1937

Descartes, œuvres et lettres, textes présentés par André Bridoux, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade ; nouv. éd., 1953.

1963-1967

Descartes, œuvres philosophiques, textes établis, présentés et annotés par Ferdinand Alquié, Garnier (3 vol.).

déséquilibre

Anomalie neuropsychique permanente profondément inscrite dans la personnalité d’un sujet et responsable d’une inadaptation sociale.



La pathologie

Cette anomalie, qui coexiste souvent avec une intelligence normale, n’est ni une psychose ni même une névrose. Le déséquilibre caractériel se situe dans la classification des maladies mentales comme une forme morbide de personnalité. Il s’agit d’une entité clinique souvent appelée personnalité psychopathique.

Les déséquilibrés du caractère, ou psychopathes, constituent en effet une catégorie très singulière de malades mentaux, ou plutôt de sujets anormaux, auxquels on reconnaît depuis le xixe s. un air de famille. Les auteurs qui se sont intéressés à cette catégorie de la pathologie mentale divergent à la fois sur la définition, l’extension et la dénomination exactes qu’il faut lui attribuer. Les critères proposés pour caractériser le déséquilibre psychique ou psychopathique sont à la fois trop nombreux et insuffisants : chacun d’eux ne traduit qu’un aspect très partiel de la réalité de ces malades, difficiles à cerner, changeants, toujours surprenants par les mille facettes de leur personnalité. Les déséquilibrés n’ont en effet pas manqué jusqu’à présent d’étiquettes : fous moraux, pervers, dégénérés, asociaux, instables, originaux, impulsifs, sociopathes ou caractéropathes, etc. Pourtant, quelles que soient les divergences et les incertitudes qui subsistent actuellement, un fait clinique essentiel demeure : il est bien question, à travers les écoles, les doctrines et les différents pays, des mêmes malades, qui ne ressemblent pas aux autres et qui sont parfaitement identifiables.

C’est en Angleterre et en France simultanément qu’est née la notion d’un trouble moral inné de la personnalité appelé folie morale, responsable des désordres du comportement social de certains individus.

Puis l’école française de E. Dupré (1862-1921) proclama avec force l’origine congénitale et innée du déséquilibre, conçu comme un trouble constitutionnel. On mit alors l’accent sur le caractère antisocial du comportement, la perversité, l’« inamendabilité » totale de ces sujets.

Kurt Schneider en Allemagne introduisit le terme nouveau de personnalité psychopathique pour désigner une catégorie plus large d’individus. Pour cet auteur, le psychopathe ou le déséquilibré n’est pas un malade mais un anormal, c’est un déviant social qui s’écarte de la moyenne statistique des individus considérés comme normaux. Le psychopathe fait souffrir la société, mais il souffre aussi de son déséquilibre. On peut en distinguer dix variétés : les dépressifs, les inquiets, les fanatiques, les vaniteux, les instables, les explosifs, les abouliques, les apathiques, les asthéniques, les pervers. En réalité, ces variétés apparaissent aujourd’hui comme trop extensives. Certaines d’entre elles débordent vers le domaine de la névrose.

Dans les orientations actuelles, le critère du comportement antisocial reste le plus important et le plus caractéristique, mais il ne suffit plus pour définir le déséquilibre. Beaucoup de psychopathes ont en réalité un comportement dissocial ou asocial, mais pas obligatoirement antisocial. Autrement dit, la délinquance n’est pas constante et l’on parle davantage d’inadaptation sociale, d’existence marginale que de conduite antisociale vraie. Les auteurs modernes ont dégagé deux pôles essentiels de la personnalité du déséquilibré. Le premier est celui de la froideur affective, l’amoralité, la rétivité, la malignité ou la perversité. Le second pôle est celui de l’instabilité, l’inconsistance de la personne, l’inaptitude à la socialisation, l’incapacité de profiter des expériences antérieures, la versatilité extrême, etc.

Pour les psychanalystes, le moi du psychopathe est un moi faible, facilement submergé par les pulsions du ça.

L’accord semble se faire aujourd’hui sur la fréquence des déséquilibrés inadaptés sociaux mais non délinquants. Le déséquilibré psychopathique occupe enfin une place intermédiaire entre les névroses* et les psychoses*.

Les psychanalystes ont insisté, à l’inverse des psychiatres classiques et constitutionnalistes, sur les facteurs psychologiques de milieu dans la genèse du déséquilibre (carences affectives et éducatives de la petite enfance, dissociation du couple parental, etc.).

Les troubles du comportement apparaissent dans la vie scolaire, familiale, professionnelle, conjugale, au travail comme au plaisir. Il y a toujours une instabilité scolaire avec fugues, indiscipline, rébellion, école buissonnière.