dermatologie (suite)
Ces vingt dernières années ont vu les études descriptives et nosologiques céder de leur importance à l’étude des mécanismes reliant les dermatoses aux troubles métaboliques ou aux affections psychiques des sujets. La physiopathologie prend la place de la pure observation descriptive, voire de l’histologie, elle-même aujourd’hui dépassée par l’histiochimie et l’enzymologie. La multiplicité des moyens modernes d’investigation rend possible cette tendance et préfigure l’avenir de la dermatologie.
Dermatologie et médecine du travail
Dès 1713, Bernardino Ramazzini (1633-1714) dans son De morbis artificum mentionne les dermatoses professionnelles et, en 1775, Percival Pott (1714-1788) décrit le cancer des ramoneurs, mais ce n’est qu’au xxe s. que commence l’étude systématique des affections cutanées du travail. Une connaissance de plus en plus précise de leur cause a permis d’instituer des mesures prophylactiques et d’en réduire la fréquence.
A. C.
Quatre grands dermatologistes français
Louis Brocq
(Laroque-Timbaut, Lot-et-Garonne, 1856 - Paris 1928). Nous lui devons la description de la maladie de Brocq-Duhring, la glossite losangique médiane, l’érythrodermie congénitale ichtyosiforme, la pseudopelade, la dermatose figurée médio-thoracique. En 1902, il réunit sous le nom de parapsoriasis trois types de dermatoses chroniques dont A. Civatte compléta l’étude. Ses travaux sur les réactions secondes, la sensibilisation et les réactions humorales font de son œuvre une des plus importantes de la dermatologie contemporaine.
Jean Darier
(Genève 1856 - Longpont 1936). Il individualisa des états morbides jusqu’alors inconnus : psorospermose folliculaire (maladie de Darier, 1889), pseudoxanthome élastique (1896). Il créa avec Gustave Roussy (1874-1948) le groupe des sarcoïdes hypodermiques et contribua à l’étude de l’Acanthosis nigricans, des eczématides, du molluscum contagiosum. Anatomo-pathologiste hors pair, sa grande œuvre concerne la classification des cancers cutanés.
Alfred Fournier
(Paris 1832 - id. 1914). Élève de Philippe Ricord (1800-1889), il est l’auteur de l’étude la plus complète et la plus précise qu’on ait faite de la syphilis cutanée et nerveuse.
Henri Gougerot
(Saint-Ouen, Seine-Saint-Denis, 1881 - Paris 1955). Sa contribution à la dermatologie fut considérable et repose sur quarante ans d’activité à l’hôpital Saint-Louis. Mis à part ses premiers travaux sur la sporotrichose et les tuberculoses non folliculaires, il s’est attaché à l’étude des dermo-épidermites microbiennes, des capillarités, des hypodermites, de l’eczéma. Pour ce dernier, il a montré qu’il constituait, que son origine soit externe ou interne, une défense de l’organisme. C’est avec Pierre Blamoutier que, dès 1908, il appliqua à la dermatologie les notions d’anaphylaxie et de sensibilisation (v. allergie). Plusieurs dermatoses portent son nom : lupus érythémateux tumidus (avec Robert Burnier), papillomatose confluente et réticulée (avec Alexandre Carteaud), pemphigus chronique bénin (maladie de Gougerot-Hailey), capillarité lichénoide et purpurique (avec Paul Blum), trisymptôme (avec Bernard Duperrat), syndrome de Gougerot-Sjögren. Il anima la Ligue nationale contre le péril vénérien et son enseignement dermato-syphiligraphique fut le bréviaire de plusieurs générations de médecins.
G. Darier, Précis de dermatologie (Masson, 1909 ; nouv. éd. avec A. Civatte et A. Tsanck, 1947). / R. Sabouraud, Entretiens dermatologiques (Doin, 1913). / L. Brocq, Cliniques dermatologiques (2e série) [Masson, 1927]. / H. Gougerot, Dermatologie (Maloine, 1927 ; 7e éd., 1950). / R. Degos et E. Lortat-Jacob, Dermatologie (Maloine, 1939 ; 7e éd., 1965). / H. Gougerot et A. Carteaud, Dermatoses professionnelles (Maloine, 1952). / P. de Graciansky et S. Boule, Atlas de dermatologie (Maloine, 1952). / R. Degos, Dermatologie (Flammarion, 1953 ; nouv. éd., 1967). / P. de Graciansky, la Dermatologie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 2e éd., 1969). / A. Carteaud, Dermatologie (A. G. E. M. P., 1967). / G. W. Korting, Atlas de dermatologie pédiatrique (Masson, 1969).