Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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dermatologie (suite)

Ces vingt dernières années ont vu les études descriptives et nosologiques céder de leur importance à l’étude des mécanismes reliant les dermatoses aux troubles métaboliques ou aux affections psychiques des sujets. La physiopathologie prend la place de la pure observation descriptive, voire de l’histologie, elle-même aujourd’hui dépassée par l’histiochimie et l’enzymologie. La multiplicité des moyens modernes d’investigation rend possible cette tendance et préfigure l’avenir de la dermatologie.

Dermatologie et médecine du travail

Dès 1713, Bernardino Ramazzini (1633-1714) dans son De morbis artificum mentionne les dermatoses professionnelles et, en 1775, Percival Pott (1714-1788) décrit le cancer des ramoneurs, mais ce n’est qu’au xxe s. que commence l’étude systématique des affections cutanées du travail. Une connaissance de plus en plus précise de leur cause a permis d’instituer des mesures prophylactiques et d’en réduire la fréquence.

A. C.


Quatre grands dermatologistes français


Louis Brocq

(Laroque-Timbaut, Lot-et-Garonne, 1856 - Paris 1928). Nous lui devons la description de la maladie de Brocq-Duhring, la glossite losangique médiane, l’érythrodermie congénitale ichtyosiforme, la pseudopelade, la dermatose figurée médio-thoracique. En 1902, il réunit sous le nom de parapsoriasis trois types de dermatoses chroniques dont A. Civatte compléta l’étude. Ses travaux sur les réactions secondes, la sensibilisation et les réactions humorales font de son œuvre une des plus importantes de la dermatologie contemporaine.


Jean Darier

(Genève 1856 - Longpont 1936). Il individualisa des états morbides jusqu’alors inconnus : psorospermose folliculaire (maladie de Darier, 1889), pseudoxanthome élastique (1896). Il créa avec Gustave Roussy (1874-1948) le groupe des sarcoïdes hypodermiques et contribua à l’étude de l’Acanthosis nigricans, des eczématides, du molluscum contagiosum. Anatomo-pathologiste hors pair, sa grande œuvre concerne la classification des cancers cutanés.


Alfred Fournier

(Paris 1832 - id. 1914). Élève de Philippe Ricord (1800-1889), il est l’auteur de l’étude la plus complète et la plus précise qu’on ait faite de la syphilis cutanée et nerveuse.


Henri Gougerot

(Saint-Ouen, Seine-Saint-Denis, 1881 - Paris 1955). Sa contribution à la dermatologie fut considérable et repose sur quarante ans d’activité à l’hôpital Saint-Louis. Mis à part ses premiers travaux sur la sporotrichose et les tuberculoses non folliculaires, il s’est attaché à l’étude des dermo-épidermites microbiennes, des capillarités, des hypodermites, de l’eczéma. Pour ce dernier, il a montré qu’il constituait, que son origine soit externe ou interne, une défense de l’organisme. C’est avec Pierre Blamoutier que, dès 1908, il appliqua à la dermatologie les notions d’anaphylaxie et de sensibilisation (v. allergie). Plusieurs dermatoses portent son nom : lupus érythémateux tumidus (avec Robert Burnier), papillomatose confluente et réticulée (avec Alexandre Carteaud), pemphigus chronique bénin (maladie de Gougerot-Hailey), capillarité lichénoide et purpurique (avec Paul Blum), trisymptôme (avec Bernard Duperrat), syndrome de Gougerot-Sjögren. Il anima la Ligue nationale contre le péril vénérien et son enseignement dermato-syphiligraphique fut le bréviaire de plusieurs générations de médecins.

 G. Darier, Précis de dermatologie (Masson, 1909 ; nouv. éd. avec A. Civatte et A. Tsanck, 1947). / R. Sabouraud, Entretiens dermatologiques (Doin, 1913). / L. Brocq, Cliniques dermatologiques (2e série) [Masson, 1927]. / H. Gougerot, Dermatologie (Maloine, 1927 ; 7e éd., 1950). / R. Degos et E. Lortat-Jacob, Dermatologie (Maloine, 1939 ; 7e éd., 1965). / H. Gougerot et A. Carteaud, Dermatoses professionnelles (Maloine, 1952). / P. de Graciansky et S. Boule, Atlas de dermatologie (Maloine, 1952). / R. Degos, Dermatologie (Flammarion, 1953 ; nouv. éd., 1967). / P. de Graciansky, la Dermatologie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 2e éd., 1969). / A. Carteaud, Dermatologie (A. G. E. M. P., 1967). / G. W. Korting, Atlas de dermatologie pédiatrique (Masson, 1969).

dermatoses

Nom générique de toutes les affections de la peau.


On englobe dans ce cadre toutes les lésions inflammatoires ou dégénératives du revêtement cutané, de causes connues ou inconnues. Par contre, les tumeurs de la peau (bénignes ou malignes), malgré leur ressemblance d’aspect avec les dermatoses, n’y sont pas inclues. (V. cancer, peau et tumeur.)


Dermatoses réactionnelles

Non spécifiques, elles sont caractérisées par la façon de réagir du tégument en présence d’agresseurs externes ou internes dénommés « réactogènes ».


Le prurit*

Familièrement appelé démangeaison, c’est la plus élémentaire des dermatoses.


Le prurigo

Ce terme sert à désigner des dermatoses prurigineuses ayant comme lésion élémentaire la papule de prurigo (petite élevure saillante).

• Prurigo strophulus de l’enfant. Atteignant les enfants de six mois à six ans, il est fait de papulettes centrées d’une fine vésicule de contenu séreux. Très prurigineux, il évolue par poussées sans toucher l’état général. Il est parfois dû à des piqûres d’insectes visibles (punaises, puces) ou à des octopodes invisibles (acariens des plumes de poule ou de pigeon). Il apparaît le plus souvent chez des enfants suralimentés. Il est à différencier de l’urticaire, de la gale et de la varicelle.

• Prurigo simple de l’adulte. D’évolution aiguë, durant quelques jours à quelques semaines, de cause imprécise, il fait souvent suite à une intoxication intestinale.

• Prurigo gravidique. Débutant vers le quatrième mois de la grossesse, il disparaît à l’accouchement. Très prurigineux, il siège surtout au dos, aux mains et aux pieds.

• Prurigo de Hebra. Exceptionnel en France, il s’observait autrefois chez les Israélites pauvres d’Europe centrale.

• Prurigo de Besnier. Débutant dans la première enfance, il est caractérisé par son polymorphisme et ses incessantes récidives. Il s’atténue parfois à la puberté ou est remplacé par de l’asthme. D’étiologie discutée, il semble pouvoir être identifié à l’eczéma constitutionnel.

• Prurigo nodulaire de Hyde. Extrêmement prurigineux, il est fait de nodules hémisphériques disséminés sur les membres. Évoluant par poussées, il atteint les femmes d’âge moyen.

• Prurigo lymphadénique. C’est la forme cutanée de la maladie de Hodgkin ; il peut se rencontrer au cours de diverses hématodermies (manifestations cutanées des maladies du sang).