Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

dépôt (suite)

Évolution des dépôts

Avec la traction à vapeur, hommes et machines étaient étroitement liés, et à chaque locomotive était attachée une équipe de conduite constituée d’un mécanicien et d’un chauffeur. L’utilisation des machines restait tributaire de celle du personnel et réciproquement. L’évolution de la locomotive à vapeur a cependant permis d’accroître la distance entre relais, d’augmenter la périodicité de certaines opérations d’entretien et surtout de développer la banalité, c’est-à-dire de ne plus attacher une équipe particulière à chaque engin. Ces améliorations n’ont pas eu de conséquences spectaculaires sur l’évolution des dépôts. En revanche, l’avènement de la traction électrique et de la traction Diesel en ont modifié considérablement le nombre et la physionomie. Par leur banalisation, les locomotives électriques ou Diesel s’accommodent de plus grands espacements entre les opérations d’entretien périodiques. Elles donnent une plus grande aisance pour l’affectation des engins moteurs et permettent le regroupement dans un plus petit nombre de dépôts. Cette concentration est favorable à la qualité de l’entretien et à la régularisation du travail de l’atelier. L’effectif d’un dépôt, naguère estimé à une centaine d’unités, paraît devoir atteindre actuellement au moins cent cinquante engins. La disparition progressive de la locomotive à vapeur a permis la suppression des petits établissements dont le rôle était de servir de point de relais. Ainsi, sur quelque deux cents dépôts et annexes existant en 1950 à la S. N. C. F., trente-cinq sont conservés comme dépôts titulaires d’engins moteurs depuis la disparition de la traction à vapeur, tandis que les autres sont supprimés ou ne conservent qu’un service de mouvement.

C. M.

➙ Chemin de fer / Locomotive / Traction.

dépression ou état dépressif

État pathologique de souffrance psychique accompagné d’un abaissement marqué du sentiment de valeur personnelle et d’une diminution momentanée et réversible de l’activité mentale, psychomotrice et même organique.



Généralités

Un état dépressif est constitué par trois ordres de symptômes :
1o une tonalité triste de l’humeur avec des sentiments d’abattement, de découragement, de désespoir, de pessimisme ; il existe souvent une dévalorisation de soi-même et des sentiments de culpabilité consciente ; cette tonalité de l’humeur peut aller jusqu’à la grande douleur morale avec idées de suicide ;
2o une inhibition psychomotrice avec diminution de l’efficience intellectuelle, lenteur des idées, troubles de la mémoire, perte des intérêts affectifs, réduction de l’activité dans tous les domaines ; cette inhibition s’accompagne d’une asthénie intense, d’une incapacité à fournir le moindre effort ; le repos ne modifie en rien ce symptôme ; il faut bien souligner que la diminution idéique affective et instinctuelle qui frappe les malades est toujours entièrement réversible sous l’action du traitement ;
3o des symptômes physiques : des douleurs diverses, notamment des céphalées, des spasmes, des nausées, des vomissements, une anorexie, de la constipation, une sécheresse de la bouche, de faux vertiges, une fatigue physique intense, une impuissance sexuelle ou une frigidité et surtout des troubles de sommeil (somnolence ou insomnie).

La dépression se distingue formellement de la démence*, qui est un affaiblissement définitif et inexorable de l’intelligence, et de la confusion* mentale, qui se caractérise par un obscurcissement de la conscience avec désorientation temporo-spatiale et amnésie. Un état dépressif a un début net et précis. Il se termine dans les meilleurs cas, grâce au traitement, par la guérison complète. Le plus souvent, il s’agit d’une crise passagère et régressive. Le malade déprimé peut se reconnaître facilement. Le trouble le plus souvent signalé spontanément par le patient est la fatigue cérébrale et physique. La mise au repos est inefficace et aggrave même parfois cette « fatigue avant d’agir ». Il existe un désintérêt pour toute l’existence ou seulement pour une partie de celle-ci. Le déprimé se plaint aussi souvent d’une sensation d’ennui profond, d’un manque de curiosité. Il ne participe pas aux activités et aux distractions normales. Cela étonne chez un être jusque-là bien adapté à son existence. Les principales fonctions intellectuelles se trouvent perturbées dans le sens d’un amoindrissement. Beaucoup de déprimés se plaignent de leur mémoire, qui défaille. On observe aussi un fléchissement de l’attention et de la concentration intellectuelle. Les idées sont appauvries, et leur spontanéité tend momentanément à disparaître. L’esprit est ralenti, et l’imagination créatrice semble tarie. Les associations d’idées se font mal. Le malade ne peut prendre aucune décision : il est impuissant à agir. L’autorité, la capacité d’entraînement et de stimulation s’émoussent. Pour l’observateur extérieur, le déprimé apparaît profondément triste, figé, accablé, affaissé sur lui-même, voûté, le visage douloureux, le regard fixe, les gestes rares, la mimique pauvre, la voix monotone, le ton bas. Il parle peu, répond avec un minimum de mots. Tout, dans son attitude, invoque la tristesse et l’inhibition. Certains déprimés, cependant, peuvent paraître anxieux, instables, agités, gémissant ou pleurant, exprimant de nombreuses plaintes avec une quête affective intense auprès de l’entourage ou du médecin. Sur lui-même, le déprimé porte un jugement sévère : « Je suis anéanti, incapable du moindre effort, mon cerveau est vide, je suis paresseux, je deviens idiot. » Très souvent aussi, ce sentiment de dévalorisation porte sur l’être organique : crainte ou certitude d’une maladie générale grave, crainte ou certitude d’une lésion incurable d’un organe précis (cancer). Parfois même, le malade s’accuse d’être foncièrement méchant et néfaste à autrui. Il est un poids inutile, une charge pour sa famille, il ne mérite pas que l’on s’occupe de lui, il doit inspirer l’hostilité et la répulsion. Il en est ainsi dans la dépression mélancolique, variété la plus profonde d’état dépressif. Généralement, les déprimés étendent leur pessimisme foncier au monde qui les entoure. Tout est dans l’existence sous-estimé, nié et déprécié. La situation matérielle est jugée difficile, voire catastrophique. La situation professionnelle est vécue comme dépourvue d’avenir, médiocre ou bien hérissée d’obstacles insurmontables. L’entourage familial et amical ne semble plus apporter les satisfactions d’autrefois ; le déprimé devient soit indifférent, soit hostile et exaspéré. Les idées de mort ou de suicide sont fréquentes au cours de tous les états dépressifs, surtout les états mélancoliques.