Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Algérie (suite)

Au centre, dans l’Algérois, le relief s’aère et s’organise en grands compartiments bien distincts : des hauteurs allongées au contact du littoral, assez peu élevées, mais de morphologie très complexe (chaîne du Dahra, Sahel d’Alger) ; des couloirs de plaines toutes proches de la mer, mais à peine ouvertes sur celle-ci (la Mitidja) ou même franchement fermées (la moyenne vallée du Chélif) ; en arrière-plan, de grands massifs, atteignant près de 2 000 m, avec des plissements assez amples et de fortes dénivellations (l’Ouarsenis, l’Atlas blidéen). Le climat et la végétation accusent ces contrastes simples. Les montagnes, humides et boisées, fraîches en été et enneigées en hiver, s’opposent au littoral, dont le climat est très doux, et aux plaines, plus sèches et souvent surchauffées en été.

À l’ouest, dans l’Oranais, le bourrelet tellien se morcelle en un grand nombre d’unités de relief peu étendues. Plusieurs bassins assez vastes, littoraux, sublittoraux (Les Andalouses, Beni-Saf, Oran, Mostaganem) ou intérieurs (Tlemcen, Sidi-bel-Abbès, Mascara), séparent des djebels (Murdjajo, monts des Traras, du Tessala, de Tlemcen et de Saida) dont les altitudes dépassent exceptionnellement 1 500 m. Les plaines et les djebels de l’Oranais constituent une zone sèche à l’intérieur du Tell algérien. La région se trouve relativement abritée des flux d’air atlantique par les hautes montagnes du Maroc et de l’Espagne méridionale. En outre, les influences sahariennes pénètrent ici aisément jusqu’aux rivages méditerranéens, tel le souffle brûlant du chergui, ou sirocco. De la sorte, les paysages de l’Oranais sont plus arides que ceux de l’Algérois ou des Kabylies. Les précipitations ne dépassent 500 mm annuellement que sur les sommets des principaux djebels. L’endoréisme se manifeste tout près de la mer (sebkha d’Oran). Sur les versants des djebels, les forêts de pins d’Alep, de thuyas ou de chênes kermès sont presque toujours dégradées en garrigues broussailleuses. Les plaines portent des formations maigres, où l’alfa, plante de steppe, s’intercale au milieu des lentisques et des oliviers sauvages.

Les Hautes Plaines de l’intérieur s’étendent entre le Tell et les montagnes présahariennes, qui les séparent du désert. Les conditions du relief changent en même temps que celles du climat. Derrière l’abri de l’Atlas tellien, les précipitations diminuent assez sensiblement (moins de 500 mm, mais le plus souvent moins de 400 mm). Elles deviennent de plus en plus irrégulières et faibles vers le sud. L’altitude et la continentalité accusent les contrastes de températures entre le jour et la nuit (amplitude journalière nettement plus élevée que sur le littoral), mais aussi entre l’été et l’hiver (températures d’été très élevées avec des maximums supérieurs à 40 °C ; hivers froids avec de nombreux jours de gel). La steppe constitue la végétation habituelle des hautes plaines, formation rase composée de plantes basses qui couvrent mal le sol et qui sont adaptées à la sécheresse (armoise, alfa, etc.). Les montagnes présahariennes, surtout les plus élevées, reçoivent quelques pluies supplémentaires. Aussi portent-elles, au-dessus des bas versants steppiques ou broussailleux, des forêts claires de chênes verts et de pins d’Alep, et même quelques cédraies sur certains sommets (Aurès). Le relief offre des horizons beaucoup plus ouverts que ceux du Tell. Dans les Hautes Plaines, en effet, la couverture sédimentaire, moins épaisse et plus discontinue que dans le Tell, a été affectée de mouvements sans ampleur. Seuls quelques djebels isolés, notamment dans le Constantinois, se dressent au-dessus des plaines steppiques. C’est seulement au sud qu’un deuxième bourrelet montagneux, composé de plissements dans l’ensemble plus réguliers que ceux du Tell, forme un ensemble de hauteurs presque continu. Les monts des Ksour, le djebel Amour, les Ouled Naïl, l’Aurès et les Nemencha constituent l’Atlas saharien. Plaines et djebels sont affectés par la rigueur du système d’érosion ; ce dernier est caractérisé par l’endoréisme (sauf dans le Constantinois, les oueds ne vont pas jusqu’à la mer) et par la violence de l’attaque de sols dénudés déclenchée par des averses rares mais très fortes. Aussi, le relief s’organise-t-il autour de bassins endoréiques dont le fond est occupé par des sebkhas, parfois très vastes (chott ech-Chergui, chott el-Hodna), qu’entourent les plans doucement inclinés de glacis d’érosion (façonnés par l’écoulement en nappe) et les versants plus abrupts de quelques djebels.

Quelques différences affectent cependant cet ensemble de Hautes Plaines du Maroc à la Tunisie. À l’ouest, dans le sud de l’Algérois et de l’Oranais, les horizons sont très ouverts, les djebels rares et peu élevés, et la sécheresse accentuée. C’est le domaine, par excellence, de la plaine steppique ourlée de grandes sebkhas. À l’est, dans le Constantinois, bourrelet tellien et djebels présahariens se resserrent, encadrant de reliefs plus élevés des plaines plus étroites et plus humides, qui ne sont endoréiques qu’au sud. La chaîne du Hodna, transversale, apporte un élément de complication supplémentaire.

Le Sahara, au sud de l’Atlas saharien, couvre la plus grande partie du territoire algérien. Milieu extraordinaire par la sécheresse très accentuée de son climat, par la monotonie de ses horizons entièrement dénudés (ergs sableux, hamadas pierreuses), par l’ampleur des reliefs grandioses de l’extrême Sud (Hoggar), hostile au développement de la vie, il n’en abrite pas moins depuis des siècles quelques groupes humains et, dans son sous-sol, le pétrole, grande chance de l’Algérie contemporaine.


Les handicaps et les ressources du milieu

L’Algérie, dans son ensemble, manque d’eau, que ce soit pour l’alimentation des villes (eau potable), pour le développement de certaines industries (eau industrielle) ou pour les besoins de l’agriculture (irrigation). Ce dernier aspect retient d’autant plus l’attention que l’irrigation apparaît souvent comme la seule manière d’intensifier la production agricole. L’agriculture sèche est soumise à tous les caprices des précipitations, et ce d’autant plus que l’on s’enfonce vers le sud. Une année sèche est caractérisée par l’extension, en automne ou au printemps, de l’aridité estivale, ce qui compromet très gravement les récoltes, dont les rendements peuvent tomber dans les plus mauvais cas presque au niveau des semences investies. Il ne s’agit pas d’un phénomène exceptionnel.