Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

algébrique sur un anneau commutatif (équation) (suite)

Pour résoudre l’équation
z4 + z3 + z2 + z + 1 = 0,
on fait la transformation
alors,
est une fonction de z2. On écrit

et on résout l’équation

qui est équivalente à l’équation
y2 + y – 1 = 0,
dont les racines sont

Par suite,

En remplaçant y par on arrive finalement à

et l’on peut achever la résolution.

La transformation

est fructueuse chaque fois qu’on l’applique à une équation dont les termes équidistants des extrêmes sont égaux ou opposés, c’est-à-dire à une équation réciproque, et elle conduit à la résolution d’une équation de degré moitié.

On montre ainsi, par exemple, que


Relations entre les coefficients et les racines

Toute équation à coefficients réels ou complexes et de degré n admet n racines réelles ou complexes. Si l’équation s’écrit
a0zn + a1zn – 1 + ... + apzn – p +... + an = 0, a0 ≠ 0,
les racines z1, z2, ... zn sont liées aux coefficients a0, a1, ..., ap, ..., an par les relations :

La première de ces égalités fait intervenir la somme des racines, la deuxième la somme des produits deux à deux, ..., la pième la somme des produits p à p, ..., la dernière le produit des racines. Ces relations sont utiles quand on veut résoudre une équation dont les racines sont assujetties à une condition.

Exemple. Résoudre l’équation
x3 – 12 x2 – 2 x + 3 = 0,
sachant que ses racines sont en progression arithmétique. Les racines étant désignées par a, b et c, et la raison de la progression par r, b = a + r et c = a + 2 r ; la première des relations entre les coefficients et les racines,

donne

d’où

On achève la résolution soit en utilisant les deux autres relations,

et

soit en factorisant. Mais, en l’absence de toute condition supplémentaire imposée aux racines, le système des n relations entre les coefficients et les racines est équivalent à l’équation dont il provient, et résoudre l’un, c’est résoudre l’autre. Aucun des deux n’est privilégié. Il serait donc illusoire de remplacer l’équation proposée par le système des relations entre les coefficients et les racines.


Nombres et entiers algébriques

Un élément α appartenant à un surcorps K′ d’un corps K est algébrique sur K′ s’il existe au moins une expression de la forme
a0 αn + a1 αn – 1 + ... + an = 0, a0 ≠ 0,
tous les ai appartenant au corps K.

Autrement dit, α est racine d’une équation algébrique sur K. De façon plus restrictive, α est un entier algébrique sur K si le coefficient a0 est égal à 1. Si K est le corps ℚ des rationnels et K′ le corps ℝ des réels, les nombres algébriques réels sont les nombres réels qui vérifient une équation algébrique à coefficients rationnels et donc entiers, après réduction au même dénominateur et suppression de ce dénominateur. Ces nombres sont appelés nombres algébriques (sans plus). Ainsi est algébrique, car ce qui montre que vérifie l’équation x2 – 2 = 0 ; est donc aussi un entier algébrique ; de même est algébrique ; ou encore est algébrique ; en effet, ou  ; d’où (α2 – 5)2 = 24, ce qui s’écrit aussi α4 – 10 α2 + 1 = 0.

Les nombres algébriques forment un corps dénombrable, c’est-à-dire un corps dont les éléments peuvent être mis en correspondance biunivoque avec les entiers naturels 1, 2, ... S’il est impossible de trouver une équation à coefficients dans K et non tous nuls, dont α soit racine, l’élément α est dit « transcendant sur K ». Si K est le corps ℚ des rationnels et K′ le corps ℝ des réels, un nombre réel transcendant sur ℚ est dit « transcendant » (sans plus).

Les nombres π, rapport de la longueur d’une circonférence à son diamètre, et e, base des logarithmes népériens, sont transcendants : ils ne sont racines d’aucune équation à coefficients rationnels non nuls.

La transcendance de e a été établie en 1873 par Charles Hermite, celle de π en 1882 par Ferdinand von Lindemann.

E. S.

➙  / / .

 P. Dubreil et M.-L. Dubreil-Jacotin, Leçons d’algèbre moderne (Dunod, 1961). / S. Mac Lane et G. Birkhoff, Algebra (New York et Londres, 1967).

Alger

En ar. al-Djazā’ir, capit. de l’Algérie et ch.-l. de départ., sur la Méditerranée ; 950 000 hab.


Bien située sur le littoral nord du Maghreb, à peu près à mi-distance de la frontière tunisienne et de la frontière marocaine, Alger bénéficie de bonnes conditions d’abri portuaire (adossée au massif de Bouzaréah et derrière les îlots al-Djazā’ir, auxquels elle doit son nom). La ville occupe une excellente situation de carrefour au cœur du Tell central, aéré par la présence de la plaine de la Mitidja. Les conditions physiques lui permettent ainsi de nouer des relations aisées aussi bien avec l’Algérie continentale, par voie de terre, qu’avec l’ensemble du Bassin méditerranéen, par navigation maritime.


Évolution historique

Tant que l’Algérie fut divisée entre des royaumes éphémères, plus tournés vers le continent que vers la Méditerranée, Alger resta un petit port très modeste. Il fallut attendre la période turque pour que la ville fixât cette double fonction de capitale unificatrice et de grand port méditerranéen. Au xviie et au xviiie s., la capitale du dey devient un des principaux points d’appui de la guerre de course dans le bassin de la Méditerranée occidentale et, parallèlement, une importante place de commerce. Elle compte peut-être près de 100 000 habitants. Ses maisons blanches aux toits en terrasses se pressent entre les hauteurs de la Casbah et le port, abrité derrière un îlot qu’une jetée relie au continent.