Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Delta (plan) (suite)

Il est encore trop tôt pour mesurer les effets du plan Delta sur l’économie zélandaise : toutes les liaisons routières ne sont pas achevées. Mais les pouvoirs publics ont pris en main le développement de la région : des faits comme la mise en valeur touristique du lac de Veere, l’implantation d’une centrale nucléaire, d’une usine d’aluminium et peut-être d’une raffinerie de pétrole près de Flessingue peuvent être considérés comme des signes précurseurs.

J.-C. B.

Delvaux (Paul)

Peintre et dessinateur belge (Antheit, près de Huy, 1897).


Son père est avocat à Bruxelles, où il passe son enfance. De 1920 à 1924, il suit les cours de l’Académie des beaux-arts de Bruxelles. Il admire Ensor* et certains peintres de Laethem-Saint-Martin, en particulier Gustave De Smet, et se rapproche du courant surréaliste, en marge duquel il se tiendra cependant toujours. C’est à partir de 1935 que se constitue l’univers caractéristique de sa peinture.

Delvaux ne crée pas de formes inédites, comme Joan Miró, André Masson, Arshile Gorky ou Roberto Matta ; il rejoint au contraire l’autre tendance du surréalisme*, celle d’une technique impersonnelle, sans trace décelable de la main de l’artiste, visant à une fidélité quasi photographique aux formes du visible. Sa peinture est appliquée, presque fatiguée par le labeur, mais sans tomber cependant dans l’excès de précision ; elle n’est pas fin en elle-même, cause immédiate de délectation, mais simple moyen de fixer, de révéler les visions étranges de l’artiste. Ce sont des mises en scène d’une étonnante cohérence, se renouvelant d’année en année dans leur agencement, mais avec une figuration humaine et des cadres d’architecture inchangés ; certains tableaux sont repris avec de simples variantes, des groupes de personnages passant d’une toile à l’autre, mais traduisant toujours les mêmes présences obsessionnelles.

Obsession avant tout de la femme, le plus souvent nue, déambulant dans les rues ou figée dans un rêve, d’autant plus hallucinante qu’elle se multiplie comme par un jeu de glaces, même corps répété dans le tableau et retrouvé inlassablement dans les œuvres suivantes. En face, des hommes strictement vêtus, étriqués et myopes, des savants sortis de Jules Verne, plongés dans leurs recherches et ignorant les belles rêveuses.

Le cadre est celui de cités antiques imaginaires, dans lesquelles le souvenir de Giorgio De Chirico* est évident, ou de lieux désuets, gares et leurs hôtels d’il y a un siècle où se rencontrent poteaux télégraphiques, structures métalliques et verrières, vieux tramways, trains et locomobiles... Un paysage marin peut aussi servir de théâtre, notamment dans les œuvres récentes. Derniers figurants, les squelettes humains qui apparaissent vers 1940. Ils ont eux aussi le don d’ubiquité ; parfois, ils occupent seuls la scène (squelettes dans un bureau) et figurent des épisodes de la Passion du Christ (mises au tombeau, crucifixions). Au sein de cet univers insolite, tout est lisible et présent dans les moindres détails, mais baigné d’une lumière irréelle, souvent crépusculaire. Les êtres, hallucinés, s’ignorent les uns les autres, totalement « aliénés » dans un décor anachronique ; le tableau est le miroir glacé de leurs inhibitions.

La vie du peintre semble se confondre avec la création de son œuvre : entre ses amis et ses tableaux, il reste très éloigné des remous de l’actualité. À signaler quelques dates importantes : 1947, décor du ballet de Jean Genet ’Adame Miroir ; 1948, édition de Poèmes, peintures et dessins avec Paul Eluard, participation à la XXVIe Biennale de Venise et film de Henri Storck, le Monde de Paul Delvaux ; 1950, professeur de peinture murale à l’École d’art et d’architecture de Bruxelles ; 1952, peintures murales au Kursaal d’Ostende ; 1954, peintures murales chez Gilbert Périer à Bruxelles ; 1957, participation à la IVe Biennale de São Paulo ; 1966, début d’une activité de graveur ; 1968, salle personnelle à la XXXIVe Biennale de Venise.

M. E.

 E. M. Langui, Paul Delvaux (Venise, 1949). / Les Dessins de Paul Delvaux, prés. par M. Nadeau (Denoël, 1967). / P.-A. De Bock, Paul Delvaux (Pauvert, 1968). / J. Meuris, 7 Dialogues avec Paul Delvaux (le Soleil noir, 1971).

demande

Quantité d’un bien ou d’un service que, sur un marché donné, les consommateurs sont disposés à acheter, compte tenu du prix pratiqué au moment considéré.


Au sujet de la demande de produits ou de services, l’analyse économique contemporaine s’est efforcée, d’une part, de faire reconnaître le rôle moteur et premier qu’elle joue et, d’autre part, de consacrer presque définitivement des notions ayant fait l’objet de nombreuses discussions depuis le milieu du xixe s.


Le rôle de la demande dans les mécanismes économiques

La plupart des analyses s’attachant aux grands problèmes économiques contemporains ont souvent l’occasion de mettre en évidence le rôle premier et moteur joué par la demande. Tout d’abord, la publicité, les ventes à crédit et même les éventuelles pressions des producteurs s’exerçant dans le sens d’un conditionnement de l’acheteur ne poursuivent pas d’autre but que d’amener un nombre croissant de consommateurs à se procurer certains produits en quantités croissantes pour un prix donné. Inversement, bien des politiques économiques, tendant par exemple à rétablir des équilibres fondamentaux (comme ceux des prix, du commerce extérieur ou des investissements), s’appuient sur une action globale ou sélective de la demande afin d’abaisser ou d’augmenter les quantités désirées — à prix donnés — de tout ou partie des marchandises et des services. Ensuite, il n’est pas d’explication théorique d’un phénomène qui ne fasse intervenir la notion de demande : dans le cas de l’inflation*, c’est l’excès de la demande qui, faute de ne pouvoir être satisfait par un accroissement correspondant de l’offre, se trouve à l’origine de la hausse des prix ; de même, l’école de Keynes* a fondé son explication de la dépression des années 1930 sur une insuffisance de la demande globale, sur un refus d’achat, soit par manque de moyens financiers, soit par absence de désir. Enfin, sur un plan plus pratique, les producteurs ont découvert la nécessité de prévoir l’évolution de la demande future afin d’éviter que les équipements ne soient utilisés en dessous de leur capacité ou de façon discontinue. Si l’entrepreneur veut s’assurer une certaine stabilité de son chiffre d’affaires et de ses recettes, il convient pour lui, impérativement, de connaître les facteurs qui font évoluer dans le temps la demande.