Delphes (suite)
Le sanctuaire d’Apollon est entouré d’une enceinte dont le dessin est en gros trapézoïdal. Étage sur le flanc de la montagne, il est parcouru par la voie sacrée, qui conduit en deux lacets jusqu’à la terrasse du temple. Tout au long de la voie sacrée sont disposés les monuments votifs dédiés aux dieux : « trésors », trépieds, statues (dans l’Antiquité, on en comptait plusieurs milliers), colonnes, etc. La piété ne suffit pas à expliquer le don d’offrandes souvent somptueuses : des raisons politiques ont parfois joué un rôle primordial dans le choix des dédicaces et de leur emplacement le long de la voie sacrée.
Le « trésor » des Athéniens, construit peu après la victoire de Marathon (490 av. J.-C.), a été relevé par les archéologues français. Édifié en marbre de Páros, il comprend deux colonnes doriques en façade et était orné de métopes représentant des scènes légendaires. Parmi les monuments les plus remarquables du sanctuaire figure encore le temple d’Apollon, dont les principaux éléments subsistants remontent au ive s. Mais l’édifice avait été précédé par deux temples antérieurs. Les belles sculptures des frontons du temple du vie s. sont partiellement conservées. C’est à l’intérieur de ce temple qu’officiait la Pythie. L’édifice est fondé sur une terrasse dont le mur de soutènement en appareil polygonal est l’une des merveilles de l’architecture grecque.
Parmi les nombreuses sculptures qui enrichissent le musée de Delphes, il faut mentionner les frises du « trésor » des Siphniens, chefs-d’œuvre du relief archaïque (dernier tiers du vie s. av. J.-C.). Elles représentent des scènes de l’histoire légendaire de Delphes (luttes entre Apollon et Héraclès pour le trépied), de la guerre de Troie et d’un combat entre dieux de l’Olympe et géants. On a trouvé à Delphes de nombreuses inscriptions, décrets, dédicaces, comptes, copies de documents administratifs, des vases, des objets de bronze. Mais la plus belle des trouvailles est sans conteste celle de l’Aurige, statue de bronze de grandeur humaine représentant un jeune homme debout, d’allure majestueuse. La statue, qui est parfaitement conservée, faisait primitivement partie d’un groupe comprenant un quadrige, un palefrenier, un char et le conducteur lui-même, vainqueur de la course. L’œuvre remonte sans doute à 474 av. J.-C.
P. B. D.
➙ Grèce.
A. Bouché-Leclerq, Histoire de la divination dans l’Antiquité (Leroux, 1879-1881 ; 4 vol.). / Fouilles de Delphes (E. de Boccard, 1915-1960 ; 13 vol. ; nouv. éd., 1969 et suiv.). / P. de La Coste-Messelière, Au musée de Delphes (E. de Boccard, 1936) ; Delphes (Hachette, 1957). / M. P. Nilsson, Geschichte der griechischen Religion (Munich, 1941 ; nouv. éd., 1967). / P. Amandry, la Mantique apollinienne à Delphes. Essai sur le fonctionnement de l’oracle (E. de Boccard, 1950). / H. W. Parke et D. E. W. Wormell, The Delphic Oracle (Oxford, 1950 ; 2 vol.). / J. Richer, Delphes, Délos et Cumes (Julliard, 1970). / G. Roux, Delphi (Munich, 1971).