Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Delphes (suite)

Le sanctuaire d’Apollon est entouré d’une enceinte dont le dessin est en gros trapézoïdal. Étage sur le flanc de la montagne, il est parcouru par la voie sacrée, qui conduit en deux lacets jusqu’à la terrasse du temple. Tout au long de la voie sacrée sont disposés les monuments votifs dédiés aux dieux : « trésors », trépieds, statues (dans l’Antiquité, on en comptait plusieurs milliers), colonnes, etc. La piété ne suffit pas à expliquer le don d’offrandes souvent somptueuses : des raisons politiques ont parfois joué un rôle primordial dans le choix des dédicaces et de leur emplacement le long de la voie sacrée.

Le « trésor » des Athéniens, construit peu après la victoire de Marathon (490 av. J.-C.), a été relevé par les archéologues français. Édifié en marbre de Páros, il comprend deux colonnes doriques en façade et était orné de métopes représentant des scènes légendaires. Parmi les monuments les plus remarquables du sanctuaire figure encore le temple d’Apollon, dont les principaux éléments subsistants remontent au ive s. Mais l’édifice avait été précédé par deux temples antérieurs. Les belles sculptures des frontons du temple du vie s. sont partiellement conservées. C’est à l’intérieur de ce temple qu’officiait la Pythie. L’édifice est fondé sur une terrasse dont le mur de soutènement en appareil polygonal est l’une des merveilles de l’architecture grecque.

Parmi les nombreuses sculptures qui enrichissent le musée de Delphes, il faut mentionner les frises du « trésor » des Siphniens, chefs-d’œuvre du relief archaïque (dernier tiers du vie s. av. J.-C.). Elles représentent des scènes de l’histoire légendaire de Delphes (luttes entre Apollon et Héraclès pour le trépied), de la guerre de Troie et d’un combat entre dieux de l’Olympe et géants. On a trouvé à Delphes de nombreuses inscriptions, décrets, dédicaces, comptes, copies de documents administratifs, des vases, des objets de bronze. Mais la plus belle des trouvailles est sans conteste celle de l’Aurige, statue de bronze de grandeur humaine représentant un jeune homme debout, d’allure majestueuse. La statue, qui est parfaitement conservée, faisait primitivement partie d’un groupe comprenant un quadrige, un palefrenier, un char et le conducteur lui-même, vainqueur de la course. L’œuvre remonte sans doute à 474 av. J.-C.

P. B. D.

➙ Grèce.

 A. Bouché-Leclerq, Histoire de la divination dans l’Antiquité (Leroux, 1879-1881 ; 4 vol.). / Fouilles de Delphes (E. de Boccard, 1915-1960 ; 13 vol. ; nouv. éd., 1969 et suiv.). / P. de La Coste-Messelière, Au musée de Delphes (E. de Boccard, 1936) ; Delphes (Hachette, 1957). / M. P. Nilsson, Geschichte der griechischen Religion (Munich, 1941 ; nouv. éd., 1967). / P. Amandry, la Mantique apollinienne à Delphes. Essai sur le fonctionnement de l’oracle (E. de Boccard, 1950). / H. W. Parke et D. E. W. Wormell, The Delphic Oracle (Oxford, 1950 ; 2 vol.). / J. Richer, Delphes, Délos et Cumes (Julliard, 1970). / G. Roux, Delphi (Munich, 1971).

Delta (plan)

Nom donné par les Néerlandais aux grands travaux en cours dans la région des bouches du Rhin, de la Meuse et de l’Escaut.



Les origines

Le sud-ouest des Pays-Bas vivait sous la menace des tempêtes marines et des crues fluviales ; cet ensemble d’îles, de presqu’îles et de basses terres s’étendant sur trois provinces (Zélande, sud-ouest de la Hollande-Méridionale, nord-ouest du Brabant-Septentrional) ne devait sa protection qu’à un cordon dunaire discontinu et à des centaines de kilomètres de digues souvent vétustés. Depuis 1937, une commission étudiait les conditions hydrologiques du « delta » et, en 1945, elle parvenait à la conclusion que la fermeture des bras de mer serait la meilleure solution. En effet, il était très difficile et assez aléatoire de surélever et de renforcer plus de 700 km de digues en médiocre état, sur lesquelles de surcroît s’appuyaient de nombreuses constructions. Mais il ne semblait pas que ces travaux fussent urgents et, la poldérisation du Zuiderzee coûtant déjà fort cher, l’étude des problèmes techniques se poursuivait sans hâte lorsque survint la catastrophe de 1953.

Le 1er février, à marée haute, une tempête de nord-ouest provoque la rupture des digues en près de 70 endroits ; 160 000 ha sont inondés et 1 825 personnes noyées ; il s’en faut alors de peu que les régions urbanisées de Hollande-Méridionale ne soient submergées par les eaux du Hollandse IJssel, qui commençaient à déborder. Pour éviter le renouvellement d’un tel désastre, des mesures sont proposées dès 1954 et adoptées en 1955 : c’est le plan Delta, dont la réalisation s’achèvera vers 1978.


Les buts

• La protection des terres basses. Les nouvelles digues sont plus hautes, plus épaisses et plus résistantes que les anciennes ; leur faible longueur en facilite l’entretien et à bien moindres frais.

• La constitution de réserves d’eau douce. À l’abri des digues, les apports fluviaux créent rapidement des étendues d’eau douce utilisable pour les besoins domestiques et surtout industriels ; en outre, la salinité croissante de bonnes terres de culture les rendait inaptes à certaines utilisations agricoles intensives qui seront désormais possibles.

• L’accroissement du potentiel touristique. Ces plans d’eau abrités permettront une forte expansion du tourisme balnéaire et des sports nautiques, peu favorisés jusqu’ici par une mer dangereuse.

• L’amélioration des communications. Des routes rapides relieront la Zélande et les îles de Hollande-Méridionale à Rotterdam et aux autres pôles économiques de l’ouest des Pays-Bas, facilitant l’accès des hommes et des matières premières comme la commercialisation des productions locales.

• L’aménagement de la navigation intérieure entre l’Escaut et le Rhin. Plusieurs millions de tonnes de marchandises transitent chaque année en Zélande, entre le Rhin (Rotterdam, l’Allemagne) et Anvers ; or, les plans d’eau trop agités constituent une gêne grave pour la batellerie fluviale.

• Un gain de terres cultivables. C’est un objectif très secondaire du plan Delta et les 10 000 à 15 000 ha qui seront poldérisés représentent peu par rapport aux 225 000 ha du Zuiderzee ; ils permettront toutefois de fournir des exploitations modernes à quelques centaines d’agriculteurs.