Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Della Robbia (les) (suite)

Outre les panneaux décoratifs et pala d’autels, l’œuvre de céramique des Della Robbia comprend encore des vases de majolique peinte ; pour les établissements hospitaliers, ils produisirent des vases à décor en relief recouverts d’émail bleuté. Sous leur influence, les ateliers de Faenza se mirent à fabriquer des statuettes en ronde bosse formant des scènes à plusieurs personnages.

E. P.

 L. Planiscig, Luca Della Robbia (Vienne, 1939).

Delorme (Philibert)

Architecte français (Lyon v. 1510 - Paris 1570).


Constructeur et théoricien, il fut sans doute, par sa personnalité et son influence, le plus grand des architectes de la seconde Renaissance en France.

Fils d’un maître maçon lyonnais, Philibert Delorme (ou de l’Orme), tout en poursuivant des études de théologie, reçoit une solide formation technique. Après avoir examiné les « antiques » du Midi, il part pour Rome en 1533 ; là, il travaille pour le pape Paul III tout en parachevant sa formation avec des cardinaux amateurs d’antiques, comme Marcello Cervini, un des fondateurs de l’Académie vitruvienne, ou Jean du Bellay. Ce dernier va le ramener en France en 1536 ; il lui demandera bientôt les plans du château de Saint-Maur-des-Fossés (1541-1544) et lui procurera un canonicat à Notre-Dame. En attendant, après un bref séjour dans sa ville natale, où il construit une galerie pour Antoine Bullioud, Delorme, nommé contrôleur des bâtiments royaux, se fixe à Paris en 1540. De 1545 à 1547, il sera conducteur des bâtiments et fortifications de Bretagne et, à ce titre, participera à la défense de Brest. À la même date, en tant qu’architecte du Dauphin, il est chargé de construire le château d’Anet pour Diane de Poitiers (v. 1544-1555).

Lorsque Henri II accède au trône, il charge son architecte d’inspecter les travaux commandés par François Ier et de lui élever un mausolée. Créant pour Delorme la charge de surintendant, il lui confie de nombreux chantiers : Fontainebleau (la salle de bal, la chapelle, un escalier), Saint-Germain, mais aussi Chenonceaux, Limours, Villers-Cotterêts... ; et encore des décors éphémères : ceux de Saint-Denis pour le sacre de la reine, ceux des Tournelles pour l’entrée royale, ceux enfin des réjouissances organisées pour le mariage des princesses.

La faveur royale vaut à Delorme de se faire beaucoup d’ennemis ; ils l’accableront lorsque, deux jours à peine après la mort du roi, sa charge lui est retirée ; pour leur répondre, il rédigera l’Instruction de monsieur d’Ivry (il s’agit d’Ivry-la-Chaussée [auj. Ivry-la-Bataille], près d’Anet, dont il cumulait le bénéfice avec ceux de trois autres abbayes). Comme Jean Bullant, qui connaît un sort semblable, il profite de sa disgrâce pour publier : ses Nouvelles Inventions pour bien bâtir et à petits frais sont de 1561. Mais la reine mère tient à utiliser l’architecte de son époux : lorsqu’elle acquiert Saint-Maur, en 1563, elle lui en confie la transformation. L’année suivante, elle lui demande le projet des Tuileries, dont il élèvera la partie centrale, avec un merveilleux escalier, et tracera les jardins en y amenant les eaux de Saint-Cloud. Aussi va-t-il dédicacer à Catherine de Médicis le Premier Tome de l’Architecture, en 1567.

Cependant, Delorme, aspirant à une vie moins agitée, s’était retiré en 1564 dans le cloître de Notre-Dame et effectuait divers travaux pour le chapitre ; c’est là que devait mourir, en 1570, le premier architecte français moderne, alliant les connaissances d’un humaniste à la fierté démesurée du constructeur. Aussi a-t-il pu, par-delà un classicisme qu’il avait largement contribué à établir, servir de modèle aux « rationalistes » par son souci de préférer au décor « ce qu’il faut pour la santé et conservation des personnes et des biens ».

Jean Bullant (v. 1520-1578)

Cet architecte français fut sans doute mieux qu’un émule de Philibert Delorme ; malheureusement, les lacunes de sa biographie et de son œuvre, en grande partie détruite et non connue, ont empêché de lui rendre pleine justice.

Toute sa vie au service des Montmorency (du connétable, puis de sa veuve à partir de 1568), Bullant a remanié leurs châteaux d’Écouen (aile nord, portiques et abords, de 1552 à 1565) et de Chantilly (galerie, pavillon d’entrée et jardins, de 1557 à 1560) ainsi que leur hôtel parisien, de 1558 à 1561. Dans la collégiale Saint-Martin de Montmorency, qu’il achève en 1557-1563, il élèvera dix ans plus tard le mausolée du connétable.

À partir de 1555, il est contrôleur des bâtiments du roi ; mais il est évincé à la mort d’Henri II et se retire à Écouen pour écrire, dans le genre de Serlio*, un traité de géométrie, bientôt suivi de la Reigle généralle d’architecture (1564).

Bien que sa charge lui soit rendue en 1567, c’est au titre d’architecte de la reine mère qu’il reprendra, à la mort de Delorme, les travaux interrompus de Saint-Maur, de Chenonceaux et des Tuileries. Catherine de Médicis lui demande les plans de la chapelle des Valois, à Saint-Denis, et de son propre hôtel parisien en 1573 ; comme des Tuileries ou de Saint-Maur, il ne reste rien de ce qui devait devenir l’hôtel de Soissons, sinon la fameuse colonne votive adossée à la Bourse de commerce.

H. P.

 A. Blunt, Philibert De l’Orme (Londres, 1958 ; trad. fr., Julliard, 1963). / F. C. James, Jean Bullant, recherches sur l’architecture française au xvie s. (Positions de thèses de l’École des chartes 1968).

Délos

En gr. Dhílos ou Dêlos, îlot grec des Cyclades, entre Mýkonos et Sýros.


Délos, sanctuaire panhellénique aussi important que Delphes* ou Olympie*, fut en plus un grand centre commercial. Ses ruines, très variées, comprennent les vestiges d’édifices religieux, de bâtiments publics, ainsi que ceux d’un vaste ensemble d’habitations souvent richement ornées de sculptures et de mosaïques.