Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Delhi (suite)

L’activité architecturale se réduit sous Awrangzīb, qui élève cependant, dans le Fort Rouge, la jolie et un peu mièvre mosquée de la Perle (Mōtī Masdjid, 1662-63), tout en marbre blanc. Au xviiie s., deux constructions peuvent encore être citées : l’observatoire, Jantar Mantar (1724), et le mausolée de Safdār Djang (v. 1754), dernier exemple de la tombe jardin, née dans la ville avec celle d’Humāyūn, édifice encore noble, mais manquant de vigueur et de proportions.

J.-P. R.


La structure de l’agglomération

Au centre se trouve la vieille Delhi, entassement de maisons à deux ou trois étages serrées le long de rues étroites, avec leurs balcons de bois, si caractéristiques des grandes villes indiennes. Le commerce, l’artisanat sont les fonctions dominantes, notamment dans le quartier le long de la « rue de l’argent », Chandni Chauk. L’entassement est considérable, puisque près de 70 p. 100 des familles ne disposent que d’une pièce, et les groupes de huttes ne sont pas rares, même tout près du centre. Il y a cependant dans cette vieille ville quelques constructions impressionnantes, comme le Fort Rouge, la Grande Mosquée (Djāmi‘ Masdjid) et le mémorial de Gandhī sur les bords de la Jamna.

Les quartiers du nord représentent l’extension de la ville au xixe s. Les anciens civil lines, vieux quartiers de résidence des fonctionnaires anglais et siège de l’administration jusqu’à l’achèvement de New Delhi, gardent leur caractère désuet, avec leurs villas et leurs bâtiments administratifs. Plus modernes sont l’université et les ensembles résidentiels des classes moyennes, comme celui de Model Town. Les usines et les « colonies » pour le logement des ouvriers y sont également assez nombreuses.

New Delhi est au sud de la vieille ville. L’ensemble a été construit sur un plan assez grandiose entre 1920 et 1930. Grandes avenues, bâtiments administratifs très éloignés les uns des autres, verdure et plans d’eau lui confèrent un charme un peu froid ; les quartiers vraiment animés sont rares. Au contact de la vieille ville, autour de la Connaught Place au curieux plan en cercles concentriques, restaurants, commerces, hôtels engendrent une activité constante. D’autant plus que de grands immeubles, sièges de banques et de sociétés, de construction moderne, ont donné récemment naissance à un quartier d’affaires. Plus au sud coexistent les grands bâtiments administratifs et les villas des fonctionnaires, disséminées parmi les arbres. L’ensemble est assez désert et triste. Les édifices officiels, œuvres des architectes britanniques, sont plus sobres que ceux de Bombay ou de Calcutta. L’association des colonnades à la grecque et des imitations du style mongol n’est pas toujours heureuse, mais quelques perspectives ne manquent pas d’une certaine beauté. Des traces de l’ancienne splendeur de la ville se retrouvent ici et là, notamment avec les tombeaux d’Humāyūn et des souverains Lōdī, et, un peu à l’écart, le fameux Quṭb mīnār, grande tour rose, où certains ont voulu voir la septième merveille de l’Inde.

F. D.-D.

➙ Inde.

 P. Brown, Indian Architecture. The Islamic Period (Bombay, 1942 ; 2e éd., 1952).

délinquance

Ensemble des infractions qui se commettent en un temps et en un lieu donnés.


La délinquance est un phénomène universel, lié à la vie sociale. Son étude relève de plusieurs disciplines — droit pénal, police scientifique, police technique, etc. — et sert de base à une politique criminelle tendant à réduire ses manifestations. La délinquance constitue un phénomène antisocial dont les protagonistes tendent à échapper par l’anonymat à toute sanction. Cela explique l’écart, souvent considérable, qui sépare la criminalité légale, c’est-à-dire celle que sanctionnent effectivement les tribunaux, de la criminalité cachée, appelée d’une façon imagée chiffre noir. Par recoupements et questionnaires, on estime que 30 p. 100 des homicides et 99 p. 100 des attentats contre les mœurs échappent à la connaissance de la police et, donc, à la sanction. Aux États-Unis, en 1965, on a calculé qu’un tiers seulement des vols étaient dénoncés, les particuliers ne croyant plus à l’efficience de la police ou voulant couvrir le coupable lorsqu’il s’agit d’un familier ou bien encore d’un employé.

On distingue encore la criminalité apparente, qui est celle connue des autorités de police et de justice, mais qui ne sera pas sanctionnée : c’est la conséquence soit d’une insuffisance de preuve, soit d’acquittements ou encore d’inopportunité de la poursuite. Non seulement, en plusieurs cas, la sanction risque de dépasser la personne du coupable, mais l’opinion joue un rôle non négligeable, que met en lumière l’écart entre la gravité officielle des délits découlant du classement de ceux-ci et le sentiment qu’en éprouve la population.

Il est, enfin, une dernière classification de la délinquance utilisée par les codes mais aussi par les travaux criminologiques et criminalistiques : attentats contre l’État, contre les personnes, contre les biens, contre les mœurs.


Les causes de la délinquance

La préoccupation préventive de la loi, représentant l’intérêt général, et de la police, organisme premier de la protection contre la délinquance, passe avant la mission répressive. Aussi s’est-on attaché à rechercher les causes de la délinquance afin d’y apporter d’éventuels remèdes.

• Les facteurs individuels sont multiples. On admet tout d’abord que l’asymétrie prononcée entre la taille et l’envergure, l’alcoolémie, l’abaissement du taux de glucose dans le sang, facteurs physiques, ont un effet direct sur le comportement de l’individu et, par voie de conséquence, sur la criminalité. Sans doute a-t-on avec raison abandonné la théorie des stigmates criminels due à Lombroso, mais le problème se repose depuis la découverte par Jacobs et Casey de l’aberration chromosomique XXY, qu’on retrouve, selon les infractions, dans une proportion de 8 à 24 p. 100 parmi la population criminelle. Comme facteurs psychiques, on note l’égoïsme, la vanité, l’inculture morale, auxquels s’ajoute la circonstance favorable dite « facteur circonstanciel ».