Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

danse (suite)

L’Europe médiévale

Le Moyen Âge est marqué par l’apparition des « danses des morts », ou « danses macabres ». D’origine obscure, ces danses, pratiquées en Allemagne, en France, en Suisse et en Angleterre, pouvaient être l’évocation d’une justice dernière et implacable. Cérémonies bien plus que spectacles, elles ont été le thème de fresques célèbres (église de La Chaise-Dieu).

Sans doute dansait-on au Moyen Âge de la même manière qu’on le fait encore aujourd’hui dans certaines régions, et les danses folkloriques (v. folklore) conservent ces anciennes traditions.

Le fonds de ce qui est notre danse actuelle s’est constitué au sein des cours médiévales, évoluant en deux courants, d’abord indistincts, qui conduisirent respectivement à la danse théâtrale et à la danse de salon, ou de société. Le passage du rite magique au jeu, puis à la danse galante s’est fait insensiblement. Les seigneurs voyageaient et importaient leurs danses dans leurs lieux de séjour, rendant plus élégantes les danses populaires dont souvent on s’inspirait (l’inverse se produisait également, et les danses populaires à leur tour s’affinèrent). À cette époque, on dansait pour montrer sa prestance, sa force ; on dansait pour faire la cour à « sa dame ». Richement vêtus, les protagonistes, et surtout les femmes, ne pouvaient accomplir des pas compliqués ou sautés. Les pieds glissaient sur le sol, battaient légèrement, se posaient. C’est la « danse basse », ou « danse noble » ; le style « terre à terre ». La danse d’élévation (la haute danse) était réservée aux hommes.

Si d’Italie vinrent les fastes des fêtes princières et les premiers opéras, c’est d’Espagne que partirent les rythmes martelés des pieds et les mouvements de bras arrondis. Chaque pays d’Europe adapta ces apports à sa propre culture.

Les sociétés se polissent : dames et seigneurs prennent des leçons de danse et de maintien. Les figures de danses deviennent de plus en plus recherchées ; les pas, de plus en plus nombreux et compliqués, exigent des qualités physiques qui peu à peu établissent une sélection parmi les danseurs. La danse, qui est toujours un passe-temps, un « divertissement », va être pour certains — et d’abord pour des femmes — un métier. Les danses de cour (chaconne, pavane, courante) deviennent danses de théâtre (gavotte, tambourin, musette).

Danses anciennes

bourrée, danse populaire de rythme binaire (Berry, Bourbonnais) ou ternaire (Auvergne, Limousin) qui s’est également dansée à la Cour et au théâtre et dont l’origine semble remonter aux xve-xvie s.

branle, danse probablement d’origine française, avec de nombreuses variantes, connue dès le Moyen Âge et qui fut très populaire en France du début du xvie à la fin du xviie s.

chaconne, danse d’origine incertaine (mais plus espagnole qu’italienne). De caractère érotique à ses débuts, elle devint austère et grave lorsqu’elle passa à la Cour. À partir du xviie s., elle fut essentiellement danse de théâtre ; chaque variation musicale pouvait correspondre à une entrée de danseurs.

contredanse, danse de grande durée, importée d’Angleterre. Dansée par couple, elle fut très en vogue en France de la fin du xviie à la fin du xviiie s. et évolua pour donner naissance au quadrille. Au théâtre, elle accompagnait souvent le final d’un ballet.

courante, danse d’abord animée (dérive probablement de l’italien corrente), qui prit ensuite une allure grave et lente. Danse préférée de Louis XIV, elle tint une place importante à la Cour ainsi que le menuet.

forlane, danse de Venise (très appréciée des gondoliers au début du xviie s.) et du Frioul (de l’italien furlana, « danse du Frioul »), très gaie, de rythme 6/8. Elle devint une danse noble après son introduction en France à la fin du xviie s.

gaillarde, danse d’origine lombarde, qui fut très en vogue au début du xvie s. et disparut au xviiie s. De rythme assez vif, elle se dansait, à la suite de la pavane, le plus souvent « en l’air » (d’où son importance dans la recherche de l’élévation).

gavotte, danse française qui serait originaire de la région de Gap (xvie s.). Elle fut en vogue aux xviie et xviiie s., tant à la ville qu’au théâtre ; danse grave et nuancée allant « de la vivacité à la tendresse », elle connut de nombreuses variantes jusqu’à la fin du xixe s.

gigue, danse très vive, probablement originaire d’Angleterre. Tombée en désuétude, elle était cependant encore dansée au théâtre au xviiie s. (Elle est très importante sous sa forme instrumentale.)

menuet, danse originaire du Poitou et qui apparut dès le xviie s. Il s’imposa pendant tout le xviiie s., où il figura dans de nombreux opéras et opéras-ballets. Danse noble, de mouvement d’abord vif, puis ralenti, le menuet était dansé à la Cour, à la ville et au théâtre.

passacaille, danse probablement d’origine espagnole, plus lente et plus tendre que la chaconne. D’abord chantée comme « entrée de théâtre », puis danse scénique avec Lully, elle était dansée le plus souvent, au xviiie s., par un homme seul.

passepied, danse de cour (xviie s.), d’origine populaire, de mouvement très vif, où les pieds se croisaient et s’entrecroisaient en glissant. Il figura au xviiie s. dans le ballet d’opéra (Campra, Rameau).

pavane, danse grave et majestueuse originaire d’Espagne ou d’Italie (paduana, pavana, « danse de Padoue »), très en vogue en Europe au xvie s. et dansée par les rois et leur cour. Disparue comme danse au xviiie s., elle subsista sous sa forme instrumentale (Pavane pour une infante défunte, de Maurice Ravel).

rigaudon ou rigodon, danse très vive à deux temps, sans doute d’origine provençale, qui apparaît dans les ballets à la fin du xviie s.

sarabande, danse grave à trois temps, plus lente que le menuet. Utilisée au théâtre au xviiie s., elle avait été introduite en France au xviie s., venant sans doute d’Espagne (zarabanda), où elle se dansait avec des castagnettes.

tambourin, danse très vive à deux temps, d’origine provençale, qui emprunta son nom à l’instrument rythmique. Il fut très employé au théâtre au xviiie s. (Rameau) : la Camargo y excella.