Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Danemark (suite)

À partir de 1960, la production danoise se stabilise (15 à 20 films chaque année). En 1964, Carl Dreyer tourne son dernier film, Gertrude, tandis qu’une nouvelle génération de cinéastes prend la relève. Parmi ceux-ci : Knud Leif-Thomsen (né en 1924) [le Duel (Duellen, 1962), Tine (1966)] ; Gabriel Axel (né en 1918) [la Mante rouge (Den røde Kappe, 1966)] ; Jens Ravn (L’homme qui pensait des choses [Manden, der taenkte ting, 1969]) ; Palle Kjaerulff-Schmidt (né en 1931) [Week-end (1962), Deux (To, 1964), Il était une fois une guerre (Der var engang en Krig, 1966)] ; Henrik Stangerup (né en 1937) [Baisers dangereux (Farlige Kis, 1973)]. Le plus doué de tous paraît être néanmoins Henning Carlsen (né en 1927) [Dilemme (Dilemma, 1962), Sophie de 6 à 9 (Mennesker modes..., 1968), Nous sommes tous des démons (Klabautermanden, 1969), Comment faire partie de l’orchestre (1973), Un divorce heureux (1975) et surtout la Faim (Sult), tournée en 1966 d’après le roman de Knut Hamsun, avec Per Oscarsson dans le rôle principal].

J.-L. P.

 M. Engberg, les Films muets danois (en danois, Copenhague, 1968). / B. Rasmussen, Films, qui ? quoi ? où ? (en danois, Copenhague, 1968). / J. Béranger, le Nouveau Cinéma scandinave (Losfeld, 1969).


L’histoire


Le temps des Vikings et de l’empire de Knud le Grand (ixe - xie s.)

Les Danois forment, avec les Norvégiens, les Vikings ; ceux-ci sont les hommes du Nord de nos chroniques, les Normands*. Ils ravagent les côtes d’Europe occidentale et forment un royaume danois en Angleterre orientale (Danelaw). Une explosion démographique, une structure sociale bien déterminée et d’excellentes techniques pour la construction des bateaux expliquent cette expansion. Une grande ville, Hedeby, s’enrichit par le commerce de la traite (ixe-xe s.).

Mais les rapports avec les Occidentaux transforment leur mentalité et favorisent vers la fin du xe s. l’introduction du christianisme (monument de Jelling).

L’unification du Danemark est assurée au xe s. par la dynastie du Jylland, dont la capitale est Jelling. Le premier roi de cette famille, Gorm l’Ancien († av. 950), est païen. Son fils, Harald Blåtand (v. 940-v. 986), se convertit au christianisme, dont le premier apôtre en Scandinavie avait été le moine picard Anschaire. Le pouvoir met sur pied une forte organisation militaire qui permet au fils de Harald, Sven ou Svend Ier à la Barbe fourchue (v. 986-1014), de s’emparer de toute l’Angleterre (1013).

Knud* Ier le Grand (1018-1035), second fils de Sven Ier, règne sur un grand empire qui comprend l’Angleterre et le Danemark. Il étend en outre son hégémonie politique sur une partie de la Scandinavie. Sous l’influence des contacts avec l’Angleterre, où Knud réside le plus souvent, le pays se transforme : c’est le début de l’urbanisation et d’une économie monétaire. Knud organise au Danemark la hiérarchie ecclésiastique.

Ses successeurs, Knud Hardeknud (1035-1042), Magnus le Bon (1042-1047), Sven II (1047-1076), essaient de réunir de nouveau les deux royaumes séparés en 1042. À Hastings en 1066, Guillaume le Conquérant met fin à ces tentatives.


Le Danemark médiéval. Une brillante civilisation (xiie-xiiie s.)

Le Danemark se rapproche culturellement des États chrétiens d’Occident. De ce point de vue, le règne de Knud le Saint (1080-1086) est caractéristique de l’influence de l’Église romaine au Danemark. De nombreuses églises sont construites ; les bénédictins et cisterciens élèvent leurs monastères. Sous Erik Ejegod (1095-1103), l’archevêché de Lund est créé (1103).

Comme en Occident s’implante le régime féodal constitué à partir d’une aristocratie de propriétaires fonciers. L’État reste faible jusqu’au règne de Valdemar Ier le Grand (1157-1182), qui réussit à imposer une monarchie forte. Il entreprend de nombreuses expéditions contre les Wendes, sur lesquels il conquiert l’île de Rügen, et prend appui sur la côte poméranienne. Knud Valdemarsson (1182-1202) et Valdemar II le Victorieux (1202-1241) mènent une grande politique baltique : prise de Lübeck (1201), conquête momentanée de l’Estonie et fondation de Reval en 1219. Valdemar II fait codifier les lois du pays et établir un inventaire fiscal du royaume. L’« ère des Valdemar » (1157-1241) marque l’apogée de la civilisation médiévale au Danemark. L’archevêque de Lund, Absalon († 1201), ancien élève des écoles de Paris, fonde Copenhague*, ville de marchands, en 1167.

Mais les conquêtes continentales ne résistent pas aux offensives venues d’Allemagne. Le Danemark est en butte aux attaques des marchands hanséates comme des seigneurs allemands qui, de leurs bases du Holstein, attaquent le pays. Valdemar II lui-même est battu par les Allemands à Bornhöved en 1227.

Le pouvoir royal s’affaiblit face à la toute-puissance de la noblesse et des archevêques de Lund. Un conseil limite ses pouvoirs. En outre, la Hanse s’oppose à toute tentative monarchique capable de porter atteinte à ses privilèges économiques. En 1286, le roi Erik Klipping est assassiné. La guerre civile ravage le royaume.

Le redressement s’opère grâce au roi Valdemar IV Atterdag (1340-1375), qui bat le roi de Suède et de Norvège, Magnus II, et conquiert l’île de Gotland (1361), ce qui a pour effet de dresser contre lui les villes hanséatiques, la Suède et le Holstein.


L’Union de Kalmar et ses vicissitudes

Marguerite, fille du roi Valdemar IV et femme d’Haakon VI de Norvège, devient régente pour son fils Olav, puis pour son neveu Erik de Poméranie (1396-1439). La « Sémiramis du Nord », grâce aux hasards dynastiques et à la complicité de la noblesse suédoise, va régner jusqu’en 1412 sur toute la Scandinavie. L’union des trois États scandinaves, Danemark, Norvège et Suède, est consacrée à Kalmar en 1397. Le Danemark, par ses rois et par sa puissance militaire, va jouer le premier rôle dans l’Union. Si la fidélité de la Norvège ne cause pas de gros problèmes, la Suède, par contre, est résolument séparatiste.

Sous des princes étrangers comme Christophe de Bavière (1440-1448) et Christian Ier d’Oldenburg (1448-1481), l’Union de Kalmar se survit jusqu’en 1470, quand Sten Sture († 1503) devient régent en Suède. La lutte est ouverte entre les rois de Danemark, alliés aux Russes, et les Suédois, dirigés par les Sture.

Sous Christian Ier et son frère Jean Ier (1482-1513), le Danemark s’impose à l’Europe par une brillante civilisation : l’université de Copenhague est fondée en 1479, et, quelques années plus tard, l’imprimerie est introduite dans le royaume.