Compositeur italien (Pisino, auj. Pazin, Yougoslavie, 1904 - Florence, 1975).
Avec Goffredo Petrassi (né en 1904), il domine une génération de compositeurs italiens contemporains de celle de Messiaen et Jolivet en France. Son lieu de naissance, à la limite des cultures latine et germanique (Pazin appartenait à l’époque à l’empire d’Autriche), a déterminé toute son orientation esthétique et spirituelle. Fixé à Florence dès 1922, il a suivi une évolution d’une harmonie et d’une rectitude exemplaires qui l’a mené du néo-classicisme madrigalisant de ses débuts, encore proche d’Alfredo Casella (1883-1947) et de Giorgio Federico Ghedini (né en 1892), au subtil pointillisme postwébernien de ses ouvrages récents. D’emblée, c’est un lyrique, attiré par l’expression vocale, et ses œuvres purement instrumentales sont rares. Son goût de la cantabilità, pure émanation du génie italien, ne l’a jamais quitté, et il a su l’intégrer tout naturellement aux exigences de la dodécaphonie sérielle, qu’il fut le premier compositeur de son pays à adopter de manière conséquente. Jusque vers 1937, le langage demeure modal et non dénué de certains archaïsmes (Chœurs d’après Michel-Ange le Jeune). L’intégration progressive de la pensée sérielle dans un contexte diatonique se poursuit jusque vers 1942 (Chants des prisons, Vol de nuit), puis les premiers ouvrages purement dodécaphoniques apparaissent avec les trois cycles de mélodies avec instruments d’après les poètes grecs Sappho, Alcée et Anacréon, suivis de chefs-d’œuvre scéniques (le Prisonnier, Job) marquant l’épanouissement complet de son attachante personnalité. Inaugurée par les Chants de libération de 1955, une dernière manière, plus complexe et plus proche de Webern que de Berg, aboutit à la grandiose synthèse de son opéra Ulysse, dans lequel l’Odyssée devient une quête spirituelle de l’homme à la recherche de son identité profonde, qu’il trouve en Dieu. Dallapiccola est un musicien généreusement engagé : la liberté de l’homme face à toutes les oppressions matérielles et idéologiques, face également aux exigences de sa propre conscience constitue sa préoccupation maîtresse. Son art, d’un raffinement et d’une sensibilité poétique exceptionnels, est l’une des sources de lumière essentielles d’un humanisme musical contemporain.
Œuvres principales
Théâtre
Volo di notte, opéra d’après Saint-Exupéry (1937-1940). / Marsia, ballet (1942-43). / Il Prigioniero, opéra d’après Villiers de L’Isle-Adam (1944-1950). / Job, sacra rappresentazione (1950). / Ulisse, opéra (1961-1968).
Œuvres chorales
Sei Cori di Michelangelo Buonarroti il Giovane (1933-1936). / Canti di prigionia (1938-1941). / Canti di liberazione (1951-1955). / Requiescant (1957-58). Ces trois derniers ouvrages constituent spirituellement parlant une trilogie. / Exhortatio (1970).
Chant et instruments
Une quinzaine d’ouvrages, dont : Liriche greche (3 cycles d’après Sappho, Anacréon et Alcée, 1942-1945). / An Mathilde (1955). / Concerto per la notte di Natale (1956). / Preghiere (1962). / Parole di San Paolo (1964). / Sicut umbra... (1970).
Orchestre
Partita (1930-1932). / Due Pezzi (1947). / Tartiniana I (1951) pour violon et orchestre et Tartiniana II (1955). / Variations (1954). / Dialoghi pour violoncelle et orchestre (1959-60).
Musique instrumentale
Pages diverses, dont : Quaderno musicale di Annalibera (piano) [1952].
H. H.
R. Vlad, Luigi Dallapiccola (Milan, 1957) ; Storia della dodecafonia (Milan, 1958). L. Dallapiccola, Appunti, incontri, meditazioni (Milan, 1970).