Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Dahomey (suite)

Entre-temps, après les expéditions militaires, explorations et signatures de traités entre officiers et souverains locaux, diverses conventions européennes permettent de fixer les limites de la colonie : franco-allemande du 23 juillet 1897 et franco-anglaise du 14 juin 1898. On sépare le pays en deux territoires : le Bas- et le Haut-Dahomey. Le premier rassemble tous les cercles situés entre la côte et le 9e parallèle, dont les plus importants sont Cotonou, Porto-Novo, Grand-Popo, Savalou et Zagnanado. Le second, au nord, comprend Gourma, Djougou, Borgou et Moyen-Niger.

Le sud du Dahomey, grâce aux missions religieuses, est de bonne heure scolarisé (1860), alors que le nord doit attendre un demi-siècle pour bénéficier de l’installation d’écoles (1904 à Parakou). Aussi connaît-il très vite une vie politique propre, le développement d’un mouvement nationaliste précoce. Le premier conflit mondial, avec ses exigences de tous ordres, déclenche des révoltes dans la colonie et favorise l’éclosion de nombreuses sociétés de presse dont les activités, sans cesse accrues, dénoncent les abus du système colonial. Divers partis politiques naissent et disparaissent : Parti progressiste dahoméen (P. P. D.), Union démocratique du Dahomey (U. D. D.), Parti républicain du Dahomey (P. R. D.), etc. Membre de l’Union française en 1946, le Dahomey acquiert son autonomie au sein de la Communauté et devient république le 4 décembre 1958 ; il accède à l’indépendance complète le 1er août 1960 et est admis comme membre de l’O. N. U. Actuellement, le Dahomey forme, avec la Côte-d’Ivoire, la Haute-Volta, le Niger et le Togo, le Conseil de l’Entente, uni à l’ancienne métropole par des liens de coopération.

Mais, du fait du caractère artificiel de ses frontières, le Dahomey souffre de l’absence d’un sentiment national capable de dominer régionalisme et tribalisme. La turbulence de l’élite, qui fut, à l’époque coloniale, responsable de l’instabilité du commandement, explique aujourd’hui encore l’instabilité politique. De 1894 à 1947, on ne compte pas moins de vingt-six gouverneurs. Or, neuf ans après l’indépendance, Emile Derlin Zinsou est le huitième chef d’État investi, avant d’être renversé à son tour et remplacé par un conseil présidentiel de trois membres, dirigé par Justin Ahomadegbe. Le 27 octobre 1972, le commandant Kerekou évince ce dernier et dissout le Conseil présidentiel et l’Assemblée nationale : c’est le quatrième coup d’État depuis 1960. Mathieu Kerekou réussit cependant à établir le régime le plus stable depuis l’indépendance. Il cherche, à partir de 1974, à engager le pays sur la voie du marxisme-léninisme, tout en y maintenant les importants intérêts économiques occidentaux.

L. G.

 R. Cornevin, Histoire du Dahomey (Berger-Levrault, 1962) ; le Dahomey (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1965 ; 2e éd., 1970). / L. Garcia, le Dahomey de 1945 à 1966 : évolution politique interne (Mémoire de l’Éc. prat. des hautes études, Paris-Sorbonne, 1966) ; la Genèse de l’administration française au Dahomey, 1894-1920 (thèse de doctorat de 3e cycle, Paris-Sorbonne, 1969). / A. Akinjogbin, Dahomey and Its Neighbours, 1708-1818 (Cambridge, 1967). / M. A. Glélé, Naissance d’un État noir (L. G. D. J., 1969). / P. Mercier, Tradition, changement, histoire. Les « Somba » du Dahomey septentrional (Anthropos, 1969). / G. E. Bourgoignie, les Hommes de l’eau. Ethnoécologie du Dahomey lacustre (Éd. universitaires, 1972).

Daimler (Gottlieb)

Ingénieur allemand (Schorndorf 1834 - Cannstatt 1900).


Dès son enfance, il manifeste une véritable passion pour la mécanique en réalisant des jouets animés. Ses études terminées, il fréquente le collège polytechnique de Stuttgart et fait des stages dans différentes usines, tant en Allemagne qu’en Grande-Bretagne. Son destin se fixe lorsqu’il rencontre, en 1872, Nikolaus August Otto (1832-1891), venu solliciter son aide pour développer la construction de son moteur à gaz, analogue mais postérieur à celui de l’ingénieur français Étienne Lenoir (1822-1900), et qui, jusque-là, n’a connu qu’un succès d’estime. Les travaux et recherches entrepris dans un petit atelier de Deutz sont onéreux : Daimler trouve un commanditaire et, tout en poursuivant les études techniques, agrandit les installations et les précise.

Lorsqu’au Salon de Paris de 1867 Otto présente son moteur de 100 ch, la nouvelle société qui vient d’être créée, la Gasmotorenfabrik, dispose d’une usine d’où sortiront, en dix ans, trois cents moteurs à gaz fonctionnant selon le cycle à quatre temps préconisé par Alphonse Beau de Rochas (1815-1893). Des licences de fabrication sont vendues aux usines Crossley en Grande-Bretagne et à la Compagnie française des moteurs à gaz, en France.

Malgré cet incontestable succès, Daimler est désireux de recouvrer sa liberté d’action tout en conservant d’importants intérêts financiers dans l’affaire, dont les bénéfices lui permettront de réaliser une idée qui lui tient à cœur : la motorisation de la bicyclette. Dans ce domaine, il se rencontrera avec son compatriote et rival Carl Benz (1844-1929), qu’il devancera. Pour réussir, il lui faut un moteur plus léger que ceux de la Gasmotorenfabrik. Après un essai infructueux avec un moteur monocylindrique à quatre temps, en disposition horizontale, capable de fonctionner soit au gaz, soit à l’essence avec un carburateur pour fabriquer le mélange (1883), il construit, deux ans plus tard, un moteur monocylindrique vertical dont il équipe un véhicule à deux roues qu’il a créé de toutes pièces et qui ne ressemble en rien aux bicyclettes alors construites en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne. Cette bicyclette à moteur a pour nom la Rustique. Le cadre est en bois ; il comporte une poutre plongeant du guidon à l’axe de la roue arrière motrice et un berceau inférieur sur lequel est fixé le moteur. La fourche avant est à chasse nulle. L’ensemble est présenté l’année suivante, en 1886, et on le considère comme l’ancêtre de la motocyclette, bien qu’on ait douté de la possibilité de faire rouler ce véhicule.