Dahomey (suite)
Entre-temps, après les expéditions militaires, explorations et signatures de traités entre officiers et souverains locaux, diverses conventions européennes permettent de fixer les limites de la colonie : franco-allemande du 23 juillet 1897 et franco-anglaise du 14 juin 1898. On sépare le pays en deux territoires : le Bas- et le Haut-Dahomey. Le premier rassemble tous les cercles situés entre la côte et le 9e parallèle, dont les plus importants sont Cotonou, Porto-Novo, Grand-Popo, Savalou et Zagnanado. Le second, au nord, comprend Gourma, Djougou, Borgou et Moyen-Niger.
Le sud du Dahomey, grâce aux missions religieuses, est de bonne heure scolarisé (1860), alors que le nord doit attendre un demi-siècle pour bénéficier de l’installation d’écoles (1904 à Parakou). Aussi connaît-il très vite une vie politique propre, le développement d’un mouvement nationaliste précoce. Le premier conflit mondial, avec ses exigences de tous ordres, déclenche des révoltes dans la colonie et favorise l’éclosion de nombreuses sociétés de presse dont les activités, sans cesse accrues, dénoncent les abus du système colonial. Divers partis politiques naissent et disparaissent : Parti progressiste dahoméen (P. P. D.), Union démocratique du Dahomey (U. D. D.), Parti républicain du Dahomey (P. R. D.), etc. Membre de l’Union française en 1946, le Dahomey acquiert son autonomie au sein de la Communauté et devient république le 4 décembre 1958 ; il accède à l’indépendance complète le 1er août 1960 et est admis comme membre de l’O. N. U. Actuellement, le Dahomey forme, avec la Côte-d’Ivoire, la Haute-Volta, le Niger et le Togo, le Conseil de l’Entente, uni à l’ancienne métropole par des liens de coopération.
Mais, du fait du caractère artificiel de ses frontières, le Dahomey souffre de l’absence d’un sentiment national capable de dominer régionalisme et tribalisme. La turbulence de l’élite, qui fut, à l’époque coloniale, responsable de l’instabilité du commandement, explique aujourd’hui encore l’instabilité politique. De 1894 à 1947, on ne compte pas moins de vingt-six gouverneurs. Or, neuf ans après l’indépendance, Emile Derlin Zinsou est le huitième chef d’État investi, avant d’être renversé à son tour et remplacé par un conseil présidentiel de trois membres, dirigé par Justin Ahomadegbe. Le 27 octobre 1972, le commandant Kerekou évince ce dernier et dissout le Conseil présidentiel et l’Assemblée nationale : c’est le quatrième coup d’État depuis 1960. Mathieu Kerekou réussit cependant à établir le régime le plus stable depuis l’indépendance. Il cherche, à partir de 1974, à engager le pays sur la voie du marxisme-léninisme, tout en y maintenant les importants intérêts économiques occidentaux.
L. G.
R. Cornevin, Histoire du Dahomey (Berger-Levrault, 1962) ; le Dahomey (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1965 ; 2e éd., 1970). / L. Garcia, le Dahomey de 1945 à 1966 : évolution politique interne (Mémoire de l’Éc. prat. des hautes études, Paris-Sorbonne, 1966) ; la Genèse de l’administration française au Dahomey, 1894-1920 (thèse de doctorat de 3e cycle, Paris-Sorbonne, 1969). / A. Akinjogbin, Dahomey and Its Neighbours, 1708-1818 (Cambridge, 1967). / M. A. Glélé, Naissance d’un État noir (L. G. D. J., 1969). / P. Mercier, Tradition, changement, histoire. Les « Somba » du Dahomey septentrional (Anthropos, 1969). / G. E. Bourgoignie, les Hommes de l’eau. Ethnoécologie du Dahomey lacustre (Éd. universitaires, 1972).