Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Dahomey

État de l’Afrique occidentale, qui a pris le nom de Bénin en 1975.


Le Dahomey, dont la superficie représente environ un cinquième de celle de la France, est un des plus petits États de l’Afrique occidentale. Tout en longueur dans le sens des méridiens, il s’étend, du nord au sud, du fleuve Niger au golfe de Guinée, sur 600 km. Serré entre le Nigeria à l’est, le Togo et la Haute-Volta à l’ouest, il s’élargit sur 300 km au nord, entre le 10e et le 11e degré de lat. N., pour se réduire à 125 km de littoral sur l’Océan au sud. Ses frontières, entièrement artificielles, témoignent de l’arbitraire du découpage colonial.


Les milieux

En raison de la médiocrité du relief, c’est principalement le climat qui donne leur originalité aux trois grandes régions naturelles du pays.

• Le Sud comprend une zone côtière basse et plate, ourlée de lagunes, elles-mêmes séparées de la mer par un cordon littoral de sables et un plateau sédimentaire tertiaire constitué d’argiles fertiles (terre de barre), coupé de dépressions marécageuses. Les températures sont élevées et constantes (Cotonou : température moyenne annuelle de 26,7 °C ; écart entre les températures moyennes du mois le plus chaud [mars] et du mois le moins chaud [août], 3,2 °C). Le climat est subéquatorial par son rythme (une grande saison sèche centrée sur l’hiver ; deux périodes de pluies aux saisons intermédiaires ; une rémission dans les pluies, ou « petite saison sèche », au mois d’août). Le total des précipitations, qui s’élève d’ouest en est (849 mm à Grand-Popo ; 1 298 mm à Porto-Novo), est relativement faible, la mousson pluvieuse abordant le rivage non de plein fouet (comme en Guinée ou au Liberia), mais sous un angle très faible, presque nul.

La forêt dense qui occupe le littoral du golfe de Guinée fait place ici à une palmeraie très anciennement aménagée par l’homme (peuplements homogènes de palmiers à huile avec cultures intercalaires de maïs et manioc ; cocotiers sur le cordon littoral). C’est la région la plus densément peuplée (60 p. 100 de la population sur 12 p. 100 de la superficie).

• Le Centre, zone de transition, est occupé par un plateau cristallin (granites et gneiss) aux sols silico-argileux ; le climat est un peu plus sec ; c’est le domaine de la savane arborée.

• Le Nord, par sa latitude, appartient à la zone climato-végétale soudanienne (une saison des pluies qui alterne avec une saison sèche plus longue ; savane passant par endroits à la steppe ; cultures du mil, du coton). C’est une région accidentée : le plateau cristallin, qui s’élève de 200 à 400 m environ, est ici surmonté de nombreux reliefs résiduels. Au nord-ouest, il fait place aux monts de l’Atakora, qui sont constitués de sédiments précambriens fortement plissés et plus ou moins métamorphisés et dont les quartzites fournissent les crêtes (orientées N.-N.-E. - S.-S.-O.), dépassant 600 m. Au nord-est, le plateau cristallin disparaît sous un manteau sédimentaire de grès crétacés et sous les sols silico-argileux des plaines du bassin nigérien (plaine du Borgou, plaine de Kandi). L’altitude tombe à 200 m au voisinage du Niger.

Les cours d’eau du Centre et du Sud, d’orientation subméridienne, se dirigent vers l’Atlantique (le principal et le seul qui soit entièrement dahoméen est l’Ouémé) ; le Nord appartient pour l’essentiel au bassin hydrographique du Niger, sauf quelques têtes de vallées de l’Atakora, appartenant au bassin de la Volta.


La population

Les peuples du Sud appartiennent à l’aire culturelle des civilisations du Bénin, qui a pour foyer le pays yorouba et dont le domaine principal est en Nigeria. Outre des éléments yoroubas (sur la frontière), ces peuples sont constitués principalement par le groupe ethno-linguistique Adja-Fon-Goun, qui occupe tout le littoral et l’arrière-pays immédiat. La division historique et l’opposition entre les anciens royaumes d’Abomey (correspondant au Dahomey stricto sensu) à l’ouest, de peuplement fon, et de Porto-Novo à l’est, de peuplement goun, demeurent vivaces et dominent encore, après l’indépendance, la vie politique du pays.

Le Nord est peuplé d’ethnies diverses parmi lesquelles on peut retenir deux groupes essentiels : les montagnards de l’Atakora (Sombas, Biyobés, etc.), peuples sans État, vivant dispersés par grandes familles patriarcales autonomes, à l’abri de leurs demeures à l’allure de châteaux forts, fidèles à la quasi-nudité jusque vers 1950, mais excellents cultivateurs ; les Baribas, organisés naguère en royaumes féodaux, dominés par une chevalerie aristocratique que liait une chaîne de vassalités.

L’animisme traditionnel, vivace au Sud, est refoulé par le catholicisme : l’islām, fortement implanté au nord, commence à pénétrer au sud.

Aucun texte officiel n’a déchu Porto-Novo, chef-lieu de l’ancienne colonie, de son titre de capitale. Mais, depuis l’indépendance, le gouvernement, les ambassades et presque tous les services administratifs se sont établis à Cotonou, capitale économique et capitale politique de facto, ville nettement la plus peuplée.


L’économie

Le Dahomey est un des plus pauvres et des plus mal dotés des États issus de l’ancienne Afrique-Occidentale française.

La surcharge démographique du Sud excluait le développement de plantations européennes. Les produits du palmier à huile (huile de palme, palmistes et, depuis 1965, huile de palmiste et tourteaux) fournissent les deux tiers en valeur des exportations. Mais la production demeure stagnante. L’émiettement et la complexité des droits fonciers, la médiocre valeur de ces produits font obstacle à la régénération de la palmeraie, mal entretenue et vieillie ; les efforts officiels engagés depuis vingt ans pour la rénover ont échoué devant l’indifférence des populations. Le Nord n’a qu’une production exportable importante, le coton, en plein essor depuis trois ans. La pêche artisanale, importante dans les lagunes, a souffert des travaux d’aménagement du port de Cotonou. L’agriculture et la pêche occupent 75 p. 100 de la population active.