Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cytologie (suite)

L’observation des cellules vivantes en lumière blanche (1) ne donne que peu d’informations. Les différents constituants cellulaires sont donc mis en évidence par des méthodes appropriées. Des procédés physiques comme la polarisation (2), le contraste interférentiel (3), le fond noir (4) ou le contraste de phase (5) ne lèsent pas les cellules et peuvent être utilisés successivement. D’autres techniques, d’ordre chimique (colorations électives), complètent ces observations. Coloration des composés pectiques au rouge de ruthénium (6), des noyaux au vert de méthyle sur matériel frais (7) ou sur matériel fixé (8 : technique de Feulgen). Enfin, mise en évidence des lipides (9). Ces colorations peuvent se combiner pour colorer électivement des éléments d’affinités différentes (10 : A. D. N. en rouge et A. R. N. en orangé). Diamètre moyen des noyaux : 20 μ.

Applications médicales de la cytologie

Le diagnostic cytologique, ou cytodiagnostic, est fondé sur la constatation que pratiquement tous les épithéliums perdent par desquamation spontanée continuelle une partie de leurs cellules externes et que ces cellules externes exfoliées laissent encore reconnaître pendant un certain temps leur morphologie plus ou moins intacte. Depuis les recherches fondamentales de Georges N. Papanicolaou (1883-1962) en 1917, on sait que l’épithélium du vagin manifeste non seulement des variations en rapport avec l’activité hormonale sexuelle, mais encore une propriété de desquamation à sa surface externe faisant apparaître dans le contenu vaginal des cellules exfoliées qui présentent des aspects différents selon l’état histologique de l’épithélium d’origine. Par la suite, le cytodiagnostic a été étendu à l’étude d’autres épithéliums tels que les muqueuses vésicale, gastrique, bronchique.

Le cytodiagnostic consiste à prélever d’une façon appropriée les cellules exfoliées, à les préparer pour un examen microscopique, à les étudier ensuite au microscope et à les interpréter. L’interprétation de ces préparations cytologiques appelées frottis constitue une science particulièrement délicate, qui a tendance à constituer une spécialité au sein de l’anatomo-pathologie classique, qui, elle, étudie les tissus et non les cellules isolées.

Les renseignements diagnostiques apportés par cette étude des cellules desquamées sont considérables.

1. Renseignements sur l’état hormonal. Il est possible, d’après la morphologie des cellules et leurs affinités tinctoriales, d’avoir une idée des stimulations hormonales auxquelles était exposé leur épithélium d’origine. Chez la femme, les variations hormonales au cours du cycle menstruel ont une traduction connue depuis longtemps sur la muqueuse vaginale, et se répartissent en deux phases. La première, débutant au moment des règles et s’étendant jusqu’au quinzième jour environ, est caractérisée par une prolifération intense des cellules dans les couches basales de l’épithélium vaginal, puis dans les couches superficielles dont les éléments présentent un début de kératinisation. La seconde succède à la précédente au moment de l’ovulation ; l’épithélium entre alors partiellement en régression. Au cours du cycle menstruel, les frottis vaginaux présentent en outre des variations dans la réaction tinctoriale du cytoplasme ainsi que dans le nombre des leucocytes. Il est ainsi possible de juger l’activité hormonale de l’ovaire (sécrétion de folliculine et de progestérone) à travers les variations des frottis vaginaux.

2. Renseignements sur la bénignité ou la malignité des cellules. La desquamation permanente des cellules des revêtements épithéliaux des cavités creuses de l’organisme est considérablement augmentée dans les lésions malignes. C’est sur ce phénomène biologique, démontré expérimentalement, que repose l’application de la cytologie au diagnostic des lésions cancéreuses. Ce dépistage est d’autant plus aisé que la lésion est plus accessible, aussi est-ce le cancer du col de l’utérus qui a le plus bénéficié de cette technique de dépistage. Les prélèvements sont pratiqués, dans le cul-de-sac vaginal postérieur où repose le col et sur le col lui-même, à l’aide d’une spatule de bois. Cette méthode représente un moyen inappréciable de dépistage d’un processus cancéreux. Elle prend une grande valeur pour les cancers débutants de la partie visible du col et ceux du canal cervical, où l’inspection colposcopique n’est pas réalisable. Elle joue un rôle primordial dans la détection des cancers dits in situ, dépourvus de tous signes cliniques. Cela justifie l’organisation sur une grande échelle de centres de dépistage cytologique où toutes les femmes en période d’activité génitale viendraient subir annuellement un examen cytologique du vagin.

Parmi les autres applications de cette recherche des cellules cancéreuses, il faut citer le cancer broncho-pulmonaire, dont le diagnostic est très souvent permis par l’étude cytologique des sécrétions bronchiques, le cancer de l’estomac, après aspiration du contenu gastrique, enfin certains cancers à développement intra-abdominal, après étude cytologique du liquide d’ascite qui les accompagne.

Ph. C.

J. C. et M. C.

➙ Biologie / Cellule.

 L. G. Koss, Diagnostic Cytology and its Histopathologic Bases (Londres, 1948 ; 3e éd., 1960). / J. Brachet et A. E. Mirsky (sous la dir. de), The Cell (Londres, 1959-1964 ; 6 vol.). / P. Dustin, Cytologie pathologique générale (Presses académiques, Bruxelles, 1960). / E. D. P. de Robertis, W. W. Nowinski et F. A. Faez, Cellular Biology (New York, 1965). / P.-P. Grassé et coll., Précis de biologie générale (Masson, 1966). / A. Berkaloff, J. Bourguet, P. Favard et M. Guinnebault, Biologie et Physiologie cellulaire (Hermann, 1967). / L. T. Threadgold, The Ultrastructure of the Animal Cell (Oxford, 1968). / A. Nougarède, Précis de biologie végétale, t. I : Cytologie (Masson, 1969). / M. Maillet, Éléments de cytologie animale (Bordas, 1970). / La Cellule (Soc. d’expansion des marques pharmaceutiques, 1970 ; 2 vol.). / O. Gillic, la Cellule vivante (Éditions groupe Express, 1971).