Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cyprien (saint) (suite)

 P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, t. II : Cyprien et son temps (Leroux, 1902). / A. d’Alès, la Théologie de saint Cyprien (Beauchesne, 1922). / H. Koch, Cyprianische Untersuchungen (Bonn, 1926) ; Cathedra Petri (Giessen, 1930). / J. H. Fichter, Saint Cecil Cyprian (Saint Louis, Missouri, 1942). / J. Ludwig, Der heilige Märtyrerbischof Cyprian von Karthago (Munich, 1951). / G. Bardy, Cyprien dans D. G. H. E. (Letouzey et Ané, 1956). / M. Jourjon, Cyprien de Carthage (Éd. ouvrières, 1957).

Cyrille (saint) et Méthode (saint)

Apôtres des Slaves, le premier né à Thessalonique en 827 (ou 828) et mort à Rome en 869, le second né à Thessalonique v. 825, mort à Velehrad (?) en 885.


Constantin, qui prendra le nom de Cyrille en se faisant moine peu avant sa mort, et son frère aîné Michel (le futur Méthode) sont les fils d’un haut fonctionnaire de Thessalonique. Méthode, très doué physiquement et intellectuellement, obtient de l’empereur le gouvernement d’une colonie slave en Macédoine, tandis que Constantin, élevé en même temps que l’empereur Michel III, refuse un brillant mariage, reçoit l’ordination diaconale et devient bibliothécaire du patriarche ; il enseigne ensuite la philosophie avant d’aller vivre auprès de son frère, qui s’est retiré au monastère du mont Olympe en Bithynie.

En 861, un ordre impérial enjoint aux deux frères de se rendre sur les côtes de la mer Noire, entre le Don et le Caucase, pour y remplir une mission politico-religieuse auprès des juifs et des musulmans. Revenus à Constantinople en 863, ils se voient confier par l’empereur une nouvelle mission : ils sont envoyés en Moravie, où le prince Rostislav, soucieux de contrebalancer en son pays l’influence germanique, souhaite la présence de missionnaires connaissant le slave.

Afin d’accomplir efficacement leur mission, Méthode et Cyrille créent de toutes pièces une écriture slave, dite « glagolithique » (langue parlée), composée d’un alphabet de 40 caractères, à partir des lettres grecques. C’est cette écriture qui devait, dans les siècles suivants, se simplifier en écriture « cyrillique ». Les deux frères entreprennent la traduction de la Bible et des livres liturgiques en slave, faisant accéder du premier coup cette langue, jusque-là seulement parlée, au rang des trois langues considérées comme sacrées : hébreu, grec, latin.

Pendant six ans, ils parcourent la Moravie, jouant un rôle capital d’évangélisation et de civilisation. Puis ils descendent vers Rome, où Cyrille meurt, à quarante-deux ans, le 14 février 869. Nommé archevêque de Sirmium et légat pontifical en Pannonie et Moravie par le pape Adrien II, Méthode est accrédité auprès des princes Rostislav, Svatopluk et Kosel, avec toute liberté d’employer le slave comme langue liturgique. Sa nouvelle mission ne se déroule pas sans difficulté, car il doit compter avec l’influence des missionnaires germaniques, qui opposent le latin au slavon et accusent Méthode d’hérésie. Mais l’archevêque des Slaves — qui n’échappe pas à la prison — est constamment soutenu par le pape Jean VIII, qui tient, par ailleurs, à contrecarrer l’influence byzantine dans les pays danubiens. Ce qui n’empêche pas le basileus de recevoir l’archevêque avec honneur en 882.

Après la mort de Méthode, en 885, l’œuvre des deux frères est menacée par le clergé germanique, mais les disciples de Méthode, en se réfugiant en Bulgarie et en Croatie, contribueront à doter ces pays — et par eux, plus tard, la Russie — d’une civilisation originale. Fête le 7 juillet.

P. P.

 F. Grivec, Konstantin und Method, Lehrer der Slaven (Wiesbaden, 1960). / P. Duthilleul, l’Évangélisation des Slaves ; Cyrille et Méthode (Desclée et Cie, 1963).

Cyrus II

Roi de la dynastie achéménide († 530 av. J.-C.) et fondateur de l’Empire perse.


L’historien, s’il ne conteste guère l’importance du personnage, reste incapable de préciser les traits d’une figure qui n’apparaît le plus souvent qu’à travers les légendes que ses exploits ont suscitées chez les Perses, puis chez les Grecs ; en effet, l’écriture n’était pas encore employée par le peuple guerrier qui fournit le point de départ de sa prodigieuse aventure, et les inscriptions royales de Cyrus, à l’exception d’un cylindre babylonien, ne contiennent aucune allusion aux événements de son règne. On ne connaît donc de la vie du héros perse que des épisodes disparates signalés par la chronique babylonienne ou recueillis, à partir du ve s. av. J.-C., par les historiens grecs et les auteurs de la Bible.

À une date qui reste inconnue, le futur conquérant succède à son père Cambyse Ier à la tête du royaume perse d’Anshan (situé dans l’est de l’Élam, sur le haut Kārūn) ; il n’est peut-être pas encore le maître de toutes les tribus perses quand il attaque Astyage, roi des Mèdes, le grand souverain dont il dépend (v. 555). Après une longue guerre, Astyage, trahi par son armée, tombe aux mains de Cyrus (v. 550) ; le vainqueur, tablant sur la parenté des Mèdes et des Perses, va systématiquement recruter des généraux et des gouverneurs chez ses nouveaux sujets, qui sont plus civilisés que les montagnards.

L’immense territoire de l’Empire mède, qui s’étend du centre de l’Iran au fleuve Halys en Anatolie, étant acquis, l’Achéménide inquiète aussitôt les autres grands rois de l’Orient, le Babylonien, l’Égyptien et le Lydien, qui tentent de se coaliser et d’obtenir l’appui des Lacédémoniens. Mais Cyrus est plus rapide : Crésus, roi de Lydie, le premier, est battu et tué sur l’ordre du vainqueur (547 ou 546).

Pendant que ses généraux achèvent la conquête de l’Anatolie en soumettant les Grecs de la péninsule et les Lyciens, Cyrus, qui est dit maintenant « roi de Parsou » (pays des Perses), commence à empiéter sur le domaine du roi de Babylone, Nabonide. Mais il ne lui porte le coup décisif qu’en 539 : exploitant les mécontentements suscités par les incohérences de la cour babylonienne, l’Achéménide s’empare, presque sans coup férir, des grandes cités de la basse Mésopotamie. Devenu roi de Babylone, roi de l’Univers suivant la terminologie mésopotamienne, Cyrus dispose dès lors de la bureaucratie la plus perfectionnée de l’Asie occidentale. Des documents contemporains attestent la conduite habile du Perse à l’égard des communautés religieuses de ses nouveaux États : il restitue aux villes de Mésopotamie leurs idoles, que Nabonide a rassemblées dans sa capitale ; dès 538, un édit organise le retour des Israélites qui ont été déportés en Babylonie et qui reçoivent l’aide royale pour construire le temple de Jérusalem. Il y a là une politique adroite, mais pas tellement exceptionnelle dans l’Orient ancien, où le souverain qui a remporté facilement la victoire ne s’acharne que sur le roi vaincu et s’efforce de se gagner l’appui des clergés locaux, dont il connaît la puissance morale.