Apôtres des Slaves, le premier né à Thessalonique en 827 (ou 828) et mort à Rome en 869, le second né à Thessalonique v. 825, mort à Velehrad (?) en 885.
Constantin, qui prendra le nom de Cyrille en se faisant moine peu avant sa mort, et son frère aîné Michel (le futur Méthode) sont les fils d’un haut fonctionnaire de Thessalonique. Méthode, très doué physiquement et intellectuellement, obtient de l’empereur le gouvernement d’une colonie slave en Macédoine, tandis que Constantin, élevé en même temps que l’empereur Michel III, refuse un brillant mariage, reçoit l’ordination diaconale et devient bibliothécaire du patriarche ; il enseigne ensuite la philosophie avant d’aller vivre auprès de son frère, qui s’est retiré au monastère du mont Olympe en Bithynie.
En 861, un ordre impérial enjoint aux deux frères de se rendre sur les côtes de la mer Noire, entre le Don et le Caucase, pour y remplir une mission politico-religieuse auprès des juifs et des musulmans. Revenus à Constantinople en 863, ils se voient confier par l’empereur une nouvelle mission : ils sont envoyés en Moravie, où le prince Rostislav, soucieux de contrebalancer en son pays l’influence germanique, souhaite la présence de missionnaires connaissant le slave.
Afin d’accomplir efficacement leur mission, Méthode et Cyrille créent de toutes pièces une écriture slave, dite « glagolithique » (langue parlée), composée d’un alphabet de 40 caractères, à partir des lettres grecques. C’est cette écriture qui devait, dans les siècles suivants, se simplifier en écriture « cyrillique ». Les deux frères entreprennent la traduction de la Bible et des livres liturgiques en slave, faisant accéder du premier coup cette langue, jusque-là seulement parlée, au rang des trois langues considérées comme sacrées : hébreu, grec, latin.
Pendant six ans, ils parcourent la Moravie, jouant un rôle capital d’évangélisation et de civilisation. Puis ils descendent vers Rome, où Cyrille meurt, à quarante-deux ans, le 14 février 869. Nommé archevêque de Sirmium et légat pontifical en Pannonie et Moravie par le pape Adrien II, Méthode est accrédité auprès des princes Rostislav, Svatopluk et Kosel, avec toute liberté d’employer le slave comme langue liturgique. Sa nouvelle mission ne se déroule pas sans difficulté, car il doit compter avec l’influence des missionnaires germaniques, qui opposent le latin au slavon et accusent Méthode d’hérésie. Mais l’archevêque des Slaves — qui n’échappe pas à la prison — est constamment soutenu par le pape Jean VIII, qui tient, par ailleurs, à contrecarrer l’influence byzantine dans les pays danubiens. Ce qui n’empêche pas le basileus de recevoir l’archevêque avec honneur en 882.
Après la mort de Méthode, en 885, l’œuvre des deux frères est menacée par le clergé germanique, mais les disciples de Méthode, en se réfugiant en Bulgarie et en Croatie, contribueront à doter ces pays — et par eux, plus tard, la Russie — d’une civilisation originale. Fête le 7 juillet.
P. P.
F. Grivec, Konstantin und Method, Lehrer der Slaven (Wiesbaden, 1960). / P. Duthilleul, l’Évangélisation des Slaves ; Cyrille et Méthode (Desclée et Cie, 1963).