Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cygne (suite)

Tous les Cygnes sont plus ou moins migrateurs, surtout les espèces originaires des hautes latitudes. C’est ainsi que les Cygnes sauvages et de Bewick apparaissent en France dans les rigueurs de l’hiver, quoique en nombre toujours limité. De même que les Cygnes tuberculés, acclimatés sur les lacs et pièces d’eau, ils bénéficient d’un régime de protection : la chasse en est interdite.

La valeur ornementale des Cygnes est reconnue depuis longtemps. Toutes les espèces sont susceptibles de vivre et de se reproduire en captivité si un régime approprié de graines et de verdure est mis à leur disposition.

F. R.

 J. Delacour, The Waterfowl of the World (Londres, 1954-1964 ; 4 vol.).

Cynipidés

Famille d’Insectes hyménoptères de petite taille, remarquables par les galles qu’ils déterminent sur les plantes pendant leur développement et par l’alternance de générations bisexuées et de générations parthénogénétiques qu’ils présentent souvent.


Chez la plupart des espèces, la taille du corps ne dépasse pas cinq millimètres ; les ailes ne montrent que quelques nervures fort réduites, et l’abdomen, comprimé latéralement, paraît constitué d’une seule pièce ; en réalité, le premier segment, souvent étroit (pétiole), est suivi d’un second très grand qui recouvre les cinq derniers. Les femelles ont une tarière incluse dans l’abdomen et pouvant se dévaginer lors de la ponte.

À côté d’espèces à cycle reproducteur normal, on en rencontre d’autres totalement parthénogénétiques, où les générations ne sont donc composées que de femelles. Les plus curieuses sont, cependant, celles chez lesquelles une génération agame, constituée uniquement de femelles, alterne avec une génération sexuée ; les adultes de chaque génération sont parfois suffisamment dissemblables pour avoir été décrits sous des noms différents, et leur développement s’accomplit dans des galles de forme et de localisation distinctes.

Chaque femelle dépose ses œufs sur un organe précis d’un végétal déterminé ; la présence des larves provoque la formation d’une galle, ou cécidie, qui résulte de l’hypertrophie des cellules végétales et de leur différenciation en tissus particuliers ; les travaux de Marin Molliard (1912) sur un Aulax parasite du Coquelicot ont prouvé que les réactions de la plante étaient dues à des substances émises par les larves. En tout cas, la forme, la taille, la couleur de la galle sont caractéristiques de l’espèce parasite, qu’il est parfois plus aisé de reconnaître par cette production que par sa propre morphologie. La larve se développe à l’intérieur de la galle, en se nourrissant des tissus végétaux.

Un certain nombre d’espèces de Cynipidés méritent d’être citées : Cynips kollari produit une galle ronde comme une bille sur les jeunes rameaux de Chêne ; C. tinctoria fournit la « galle du Levant » ou « noix de galle », dont on tire un colorant. Cynips calicis se développe en alternance sur deux espèces de Chênes : la génération agame sur les glands de Quercus pedunculata, la génération sexuée sur les fleurs de Q. cerris.

Sous les feuilles des Chênes, Dryophanta développe une galle sphérique, et Neuroterus une galle en forme de lentille.

Chez Biorhiza, les générations alternantes se développent sur des organes différents des Chênes. La forme agame est composée de femelles sans ailes (B. aptera) qui pondent des œufs parthénogénétiques dans les bourgeons. Ces œufs se développent dans une galle arrondie, dite « pomme de chêne », et donnent naissance à des Insectes ailés des deux sexes, qui furent baptisés B. pallida ; ceux-ci pondent sous terre, dans les racines des Chênes, sur lesquelles se forment des galles dures, ligneuses, d’où s’échappent des femelles agames. Le cycle complet dure deux ans.

Les Rosiers sont souvent atteints par une galle chevelue, rougeâtre, appelée « bédéguar », sous l’action des larves de Rhodites rosæ. Les plantes herbacées sont également parasitées : diverses espèces d’Aulax produisent des galles déformantes sur le Coquelicot, la Scabieuse, le Lierre terrestre.

Les cécidies ne sont pas toujours occupées par les larves qui en ont provoqué la formation. Les galles de Cynips, par exemple, peuvent recevoir la ponte d’un autre Cynipidé, Synergus, qui vit ainsi en commensal. Par ailleurs, les larves des Cynipidés sont souvent parasitées par les larves d’une autre famille d’Hyménoptères, les Chalcididés.

M. D.

➙ Galle / Hyménoptères / Parthénogenèse.

cyniques (les)

Membres d’une secte philosophique particulièrement active en Grèce entre la fin du ve et la fin du ive s. av. J.-C. Les cyniques, littéralement « ceux qui ressemblent à des chiens », reçurent ce nom en raison de l’habitude qu’ils avaient de harceler les passants de railleries et d’invectives.


Bien qu’aucun des ouvrages de la secte ne nous soit parvenu, on peut restituer le véritable sens de son action : une réflexion et une pratique de l’opposition aux institutions et à leurs normes. « Aboyant » après tous ceux dont le comportement ou la fonction relève de l’ordre établi, ils déversent en chaque occasion leur mépris des conventions et de la propriété devant quiconque représente celles-ci.

Au cours de la longue histoire de la secte (elle vit encore au vie s. apr. J.-C.), deux noms éclipsent les autres : Antisthène (v. 444-365 av. J.-C.) et son disciple Diogène de Sinope (v. 413-v. 327).

• Antisthène. Il est le fils d’une esclave étrangère et d’un Athénien miséreux, débute comme rhéteur et sophiste, puis s’attache à Socrate. Parmi ses écrits, qui furent tous perdus, figure un traité de l’esclavage et de la liberté. Quoique le détail de sa pensée soit incertain, il semble qu’il ait théorisé un matérialisme* pur ; pour Antisthène — qui s’attaque principalement à Platon et à sa doctrine des idées ainsi qu’à tous les savants, géomètres, astronomes et médecins — n’est réel que ce qui est tangible, ce qui résiste ou agit. Les mots, même, sont matériels. Chez lui, la pensée discursive perd l’éminence que lui accorde toute la philosophie grecque : aucun raisonnement ne peut progresser, il n’apporte aucune certitude.