Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cyclone (suite)

Ces itinéraires, variables selon les saisons et les conditions géographiques, sont suivis par des groupes de cyclones plutôt que par des individus isolés. Les cyclones de front polaire se présentent en effet normalement par familles de 4 ou 5, les tourbillons les plus récents étant les plus occidentaux. On conçoit que l’ondulation génératrice d’un cyclone puisse se réaliser sur le front polaire à l’ouest de l’endroit où une ondulation antérieure se sera déjà produite. D’où les trains de dépressions se déplaçant (en hiver) entre le cap Hatteras (région de formation) et l’Europe occidentale (région d’arrivée). Les cyclones américains sont donc jeunes dans le temps où les cyclones européens sont en voie d’occlusion, à moins qu’un phénomène advectif ne vienne donner à ces derniers une nouvelle vigueur.


Les cyclones tropicaux

Ce sont des perturbations extrêmement violentes. Leur naissance et l’essentiel de leur existence se passent sur mer, parmi les archipels et sur les régions littorales. Le caractère désastreux des cyclones tropicaux est attaché à l’action directe de leurs vents de tempête, et aussi aux pluies diluviennes et manifestations océaniques qu’ils suscitent. On les appelle hurricanes (ouragans) sur le sud et le nord-est du Pacifique, sur l’Atlantique Nord, la mer des Antilles et le golfe du Mexique ; typhons sur le Pacifique Ouest et la mer de Chine ; cyclones sur le Bengale, la mer d’Oman et l’océan Indien ; willy-willies en Australie, baguios aux Philippines. On peut leur donner un nom dont l’initiale reflète le rang parmi les ouragans de l’année. En 1955, Janet, aux Antilles, était le 10e depuis le début de la saison des cyclones.


La formation

Le tourbillon cyclonique implique l’intervention de quatre facteurs :

• Une atmosphère instable. Trois faits favorisent cette instabilité : les températures élevées dans les basses couches, une forte humidité atmosphérique, une advection froide en altitude. Si les deux premiers sont naturels aux basses latitudes, le troisième, qui peut être ici déterminant, est plus inattendu.

• La présence de masses océaniques où l’eau de surface soit chaude : au moins 26 °C. Cette deuxième exigence éclaire la première. L’air sera d’autant plus instable qu’il sera humide (la masse océanique est un réservoir d’humidité) et chaud à la base (l’océan tropical échauffe l’air qui est à son contact).

• Le besoin d’une latitude sensible. Au-dessous de 5° (N. ou S.), il n’y a pas de cyclones tropicaux. Au plus près de l’équateur, la force de Coriolis, inexistante, n’est pas là pour amorcer le tourbillon.

Ces trois facteurs sont présents chaque jour pendant l’été sur les océans tropicaux. Or, le nombre de cyclones effectivement enregistrés durant un « hivernage » n’est jamais considérable : dix à douze météores violents en moyenne, et souvent moins, dans une région déterminée (Atlantique Nord tropical, Caraïbe, Antilles, par exemple). C’est dire que, si les facteurs cités sont nécessaires, ils ne sont pas suffisants. Un élément déterminant qui n’apparaît qu’épisodiquement doit donc également intervenir.

• Il s’agit du facteur critique que l’on peut appeler le « mécanisme de départ ». C’est lui qui donne le branle au mouvement de giration et domine, en dernière analyse, les hypothèses concernant la formation des cyclones tropicaux (hypothèses, car à l’heure actuelle et malgré bien des investigations et des recherches théoriques, ces météores ne sont pas aussi faciles à comprendre, dans leur naissance, que les cyclones tempérés).

L’hypothèse convective. Un nombre inhabituel d’aires de fortes pluies et de tempêtes se développe par convection au-dessus de l’océan tropical ; il y a ensuite fusion de plusieurs de ces cellules thermoconvectives en un seul et vaste tourbillon cyclonique. L’hypothèse convective n’est plus aujourd’hui retenue. La thermoconvection représente un phénomène limité incapable par lui-même de provoquer de grandes ascendances génératrices, à leur tour, de puissantes girations dépressionnaires.

L’hypothèse frontale. Elle transpose aux basses latitudes les processus reconnus à propos des cyclones tempérés. Elle implique donc que les cyclones tropicaux sont réalisés en masses d’air différenciées. Dans cette perspective, on distingue tout d’abord les cyclones de point triple. Ils s’organisent à la rencontre du front intertropical de convergence et d’un front méridien. Celui-ci résulte d’un contraste de masses d’air qui fait intervenir un air frais jusqu’aux basses latitudes. Dans ce cas, l’advection polaire agit directement dans les régions équatoriales et interfère avec de l’air chaud (fig. 7). L’hypothèse frontale suggère, en second lieu, qu’un cyclone peut naître à partir d’une ondulation de la C. I. T. sans que se forme un point triple. C’est à une simple augmentation de la convergence par poussée de l’air (frais) d’un côté du front (ou des deux côtés à la fois, frais et chaud, sur des longitudes voisines) qu’il faut alors attribuer la formation du tourbillon. Ici, l’analogie est grande avec la naissance du cyclone tempéré à partir du front polaire. Le troisième style est fourni par la perturbation qui naît sur un front méridien, c’est-à-dire, finalement, sur un front froid secondaire. Descendu très bas en latitude, celui-ci présente alors une ondulation dont le creusement provoquera le météore.

Dans la théorie frontale ainsi exposée schématiquement, il y a action plus ou moins directe des masses polaires sur la création et l’approfondissement du tourbillon. Or, on sait que les latitudes intertropicales ont généralement pour effet d’égaliser les masses d’air. D’où l’hypothèse cinématique, qui s’accorde avec cette remarque et avec la nature des perturbations tropicales classées plus haut.

L’hypothèse cinématique. Ici, le cyclone est considéré comme étant le résultat de l’approfondissement d’une perturbation cinématique préalable. Et cette perturbation, c’est essentiellement l’onde de l’est. Le tourbillon peut apparaître à la pointe de cette dernière ou, plus exceptionnellement, à son contact avec la C. I. T. L’onde de l’est qui se déplace vers l’ouest s’aggravera normalement par interférence avec une perturbation du courant d’ouest, celle-ci intervenant de façon assez complexe, par le jeu de ses flux et celui de masses d’air froides dont elle favorise la descente vers les régions tropicales (fig. 8).