Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cyclisme (suite)

Les courses contre la montre consistent à comparer les temps réalisés par chaque concurrent luttant individuellement sur une distance donnée, généralement comprise entre 50 et 100 km. Le Grand Prix des Nations en France et le Grand Prix de Lugano en Suisse sont les plus connues des courses contre la montre individuelles. En Italie a lieu chaque année une course contre la montre par équipes de deux coureurs, le Trophée Baracchi. L’association de deux rouleurs spécialistes dans un même effort a pour conséquence de produire des moyennes exceptionnelles (plus de 47 km/h pour une distance de 100 km).

À l’occasion des jeux Olympiques et des championnats du monde, les coureurs amateurs disputent aussi une course contre la montre par équipes de quatre hommes (classement établi sur les temps additionnés des trois premiers concurrents de chaque équipe).

La course Bordeaux-Paris mérite une mention particulière. Créée en 1891 par les dirigeants du Vélo Club bordelais et du Véloce Sport, revue de la Vélocipédie française et étrangère, elle est devenue une course de légende et de drame. Couvrir 572 km à vélocipède en 1891 était considéré comme une épreuve surhumaine, que le vainqueur, l’Anglais G. P. Mills, remporta dans le temps de 26 h 34 mn alors que trois jours avaient été prévus par les plus optimistes. La formule de Bordeaux-Paris consiste à pourvoir (sur environ la seconde moitié du parcours) les concurrents d’entraîneurs. Ces entraîneurs, autrefois à bicyclette ou à tandem, puis sur des motos commerciales, disposent maintenant de cyclomoteurs qui permettent la vitesse de 65 km/h. Cette formule d’entraînement permet de réaliser une moyenne horaire de 40 km de Bordeaux à Paris. La distance, le départ en pleine nuit, les variations de temps provoquent des défaillances et autorisent des remontées exceptionnelles, qui font de Bordeaux-Paris la plus spectaculaire en même temps que la plus athlétique des compétitions cyclistes après le Tour de France. En raison de sa rigueur, elle n’a pu être organisée en 1971 et en 1972 faute d’un nombre suffisant de concurrents.

Pour en terminer avec la liste des courses, il convient de noter que les compétitions féminines sur route sont limitées en difficultés (parcours plat) et en distance (70 km au maximum). En dehors des championnats du monde et olympiques, aucune compétition féminine n’atteint encore le prestige d’une course classique.


Le Tour de France

• Historique. C’est en 1903 qu’Henri Desgrange (1865-1940), directeur-rédacteur en chef du journal l’Auto et recordman de l’heure sur piste, annonce son intention de lancer une course en six étapes sur un parcours long de plus de 2 000 km. Les six villes étapes désignées sont Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes. Desgrange, pour attirer plus de concurrents, doit réduire la course à trois semaines (c’est encore sa durée actuelle) et indemniser les cinquante premiers arrivants à Paris à raison de cinq francs par jour. Le Français Maurice Garin, grand favori, sort vainqueur de ce premier marathon de la route. Dès l’année suivante, des bagarres violentes provoquées par des spectateurs à Saint-Étienne et à Nîmes compromettent l’avenir du Tour.

Desgrange écrit dans l’Auto : « Le Tour est terminé et sa seconde édition aura été la dernière. Il sera mort de son succès, des passions aveugles qu’il aura déchaînées... » Pourtant, le Tour continue de grandir. En 1906, la montagne fait son apparition, et le Français René Pottier est sacré premier roi de la montagne au ballon d’Alsace. En 1911, Desgrange décide de franchir le col du Galibier, alors connu des seuls bergers et montagnards. De 1912 à 1929, la victoire ne revient qu’une seule fois aux Français, grâce à Henri Pélissier. Mais, en 1930, le Tour subit une véritable révolution. Les équipes de marques disparaissent au profit des équipes nationales. Quelques coureurs individuels, appelés touristes routiers, sont encore admis, mais toutes les dépenses des coureurs sont à la charge des organisateurs, qui lancent pour la première fois une caravane publicitaire devant le Tour. Le Tour de France devient une fête nationale. En 1947, Jacques Goddet, directeur du journal l’Équipe, remplace Desgrange, mort en 1940. La reprise est un peu laborieuse. Mais la victoire spectaculaire de J. Robic, puis celles prestigieuses de G. Bartali, F. Coppi et L. Bobet redonnent au Tour de France tout son éclat, tout son attrait.

• Formule. Le Tour moderne se dispute sur une distance de 4 000 km environ, en une vingtaine d’étapes. Un classement général, obtenu par l’addition des temps de chaque étape pour chaque concurrent, désigne le vainqueur. Les coureurs sélectionnés sont répartis en douze ou quinze équipes de dix hommes. La course d’équipe est autorisée, c’est-à-dire que plusieurs membres d’une même formation peuvent sacrifier leurs chances personnelles au profit du meilleur d’entre eux.

Le Tour de France est maintenant organisé conjointement par les journaux l’Équipe et le Parisien libéré. Son organisation a servi de modèle aux autres Tours cyclistes. Son budget s’élève environ à 5 millions de francs. Trois cents envoyés spéciaux de la presse écrite, parlée et télévisée en assurent chaque année la couverture journalistique.

• Anecdotes. Plusieurs livres ont été consacrés au Tour de France, à ses exploits et à ses drames. Le premier drame du Tour de France, qui a contribué à sa légende, frappe en 1913 le Français Eugène Christophe, un coureur populaire que le public appelle familièrement « le Vieux Gaulois ». Dans le col du Tourmalet, Christophe brise la fourche de sa bicyclette. Il parcourt 14 km à pied pour réparer sa machine dans une forge du petit village de Sainte-Marie-de-Campan. Les commissaires, pour respecter le règlement d’une course alors farouchement individuelle, interdisent au forgeron d’aider le valeureux champion. Christophe perd ainsi quatre heures et toute chance de remporter le Tour de France.