Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cyclique (musique)

C’est, en littérature comme en musique, l’idée d’unité qui fit recourir à cette expression imagée du cycle, empruntée à la fois à la géométrie et à la symbolique, où le cercle figure la proportion parfaite, la trinité dans l’unité, et c’est en ce sens que l’on a pu qualifier un triptyque de « cycle » de tableaux, ou une trilogie de « cycle » de tragédies.


Mais des pièces musicales ne méritent le qualificatif de cyclique que dans la mesure où elles sont subordonnées à un lien commun, à une unité de pensée, de forme, de tonalité et surtout de thèmes. Avec la forme sonate, dont la lente élaboration s’est faite à partir de l’unité tonale du prélude et fugue, des danses pavane et gaillarde puis des suites de danses groupées intentionnellement dans un certain ordre, on a vu l’idée d’unité s’affirmer par la dépendance tonale rigoureuse des morceaux l’un par rapport à l’autre et par le rôle grandissant de la personnalité thématique. La conception beethovénienne du thème personnage allait permettre l’unification cyclique des divers morceaux. Parvenue à ce degré de perfection, la sonate cyclique (ou toute œuvre symphonique construite d’après le même principe) peut être définie comme étant celle dont la construction est subordonnée à certains thèmes spéciaux reparaissant sous diverses formes dans chacune des pièces constitutives de l’œuvre, où ils exercent une fonction régulatrice et unificatrice. La Symphonie fantastique de Berlioz, avec son thème ou idée fixe personnifiant la femme aimée, en demeure l’exemple le plus frappant. Le qualificatif cyclique est donc applicable en premier lieu aux motifs qui, tout en se modifiant notablement au cours d’une œuvre divisée en plusieurs parties, demeurent présents et reconnaissables dans chacune de celles-ci indépendamment de la structure, du mouvement ou de la tonalité qui lui est propre. Par extension, la cellule qui contient un motif cyclique ou la période qui contient un thème cyclique sont dites « cycliques » elles-mêmes, ainsi que toute forme musicale (sonate, quatuor, symphonie, etc.) contenant de tels motifs destinés à accroître la cohésion des diverses parties entre elles. Toutefois, la fonction unifiante des motifs cycliques ne doit pas être confondue avec le rôle des idées musicales dans les expositions et les développements d’un seul et même morceau ; les métamorphoses subies par la cellule ou le thème cyclique diffèrent aussi du développement organique consistant à faire agir un thème préexposé, à l’amplifier, à le combiner à d’autres ; la modification cyclique, portant nécessairement sur les éléments rythmiques, mélodiques ou harmoniques de la cellule, tient beaucoup plus de la variation que du développement. Les éléments de la forme cyclique sont fournis par le génie beethovénien bien avant d’être organisés consciemment par César Franck ; la Symphonie pastorale (op. 68) contient une application, plus apparente encore que dans la sonate op. 57, des modifications rythmiques apportées à divers dessins destinés à établir un lien entre le premier mouvement et le final ; la sonate op. 81 a est construite à peu près exclusivement sur deux cellules contenues dans les premières mesures de l’introduction.

Ce n’est plus un retour du dessin principal dans les divers morceaux, mais une véritable génération de la forme musicale au moyen de la transformation de cellules initiales. Le quintette de César Franck offre un exemple remarquable d’unité cyclique : le rythme seul du thème unique se modifie dans chacune des trois pièces de l’œuvre tandis que sa ligne mélodique et ses harmonies spéciales demeurent. La symphonie op. 78 de Camille Saint-Saëns est également construite sur un dessin unique qui affecte trois aspects rythmiques principaux, mais c’est surtout du point de vue mélodique qu’elle contient des transformations intéressantes. Richard Wagner semble avoir poussé jusqu’à ses extrêmes limites cette conception cyclique des thèmes, dont il se sert pour signifier les sentiments éprouvés par les personnages de ses drames (exemple : la mélodie initiale du Ring des Nibelungen, qui s’expose sous un aspect harmonique et mélodique, contient en germe tous les thèmes importants de la Tétralogie : l’or, l’épée, le héros, la chevauchée des Walkyries). L’élément harmonique étant postérieur aux deux autres dans l’art musical, son emploi dans le domaine cyclique est resté assez limité, mais la tonalité elle-même est susceptible de coopérer à l’unité cyclique d’une œuvre : des réapparitions successives d’une même tonalité très différente du ton principal au cours des différents mouvements peuvent être signalées dans l’op. 106 de Beethoven. L’adaptation raisonnée et constante d’un ton précis à une idée s’effectue chez Wagner (dans Parsifal, le ton de  mineur traduit l’idée de mort). Chez Franck, certaines tonalités agissent de façon continue sur les modulations importantes des développements (notamment dans le quintette). En tant que procédé de composition, le système cyclique semble avoir été abandonné au xxe s., encore que la sonatine de Ravel et quelques œuvres de jeunesse de Debussy (quatuor), quelques pages de Roussel en présentent des réminiscences.

M. D. F.

cyclisme

Sport des courses à bicyclette se déroulant sur route ou sur piste aménagée (vélodrome en plein air ou couvert) selon des formules variées.



Historique

L’histoire du sport cycliste commence à une période capitale de l’évolution du vélocipède, marquée par les initiatives de Pierre et Ernest Michaux, les premiers véritables constructeurs de cycles. Cette époque correspond à la fin du second Empire en France.

La première course cycliste homologuée a lieu en France, le 31 mai 1868, dans le parc de Saint-Cloud, et son vainqueur, le premier champion cycliste, est un médecin vétérinaire anglais du nom de James Moore. Mais la véritable première épreuve cycliste internationale, course de ville à ville entre Paris et Rouen, se déroule le 7 novembre 1869. Elle remporte un succès populaire indéniable puisque plus de cent concurrents et concurrentes se présentent au départ. Elle connaît aussi un succès sportif considérable puisque le vainqueur, l’inévitable docteur James Moore, en couvrant les 123 km en 10 h 40 mn à la moyenne horaire de 11,500 km, surprend spectateurs et officiels, qui ne l’attendent pas si tôt à Rouen. La première championne se classe à la vingt-neuvième place. Elle porte en toute simplicité le nom de miss America.