Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cuzco (suite)

Peu à peu, l’école de Cuzco va trouver sa voie, à mesure que les modèles européens céderont la place à l’inspiration autochtone — phénomène, du reste, propre à toute la zone andine. On doit à José et Teresa de Mesa une étude qui fixe la chronologie de cette école, la genèse de ses thèmes et examine particulièrement la technique du brocateado (reproduction en aplats des riches costumes de brocart).

Trad. d’après S. S.

 J. de Mesa et T. Gisbert de Mesa, Historia de la pintura cuzqueña (Buenos Aires, 1962). / M. Colin, Cuzco à la fin du xviie et au début du xviiie siècle (Institut des hautes études d’Amérique latine, 1966).

Cyanophycées

Algues possédant un pigment particulier, la phycocyanine.


Les Cyanophycées, ou Algues bleues, sont des végétaux certainement très primitifs. On ne trouve pas dans leur cellule de noyau bien défini comme chez les autres plantes et les animaux ; ce caractère permet de les ranger, avec les Bactéries, dans le grand groupe des Procaryotes. On ne trouve pas non plus chez elles de plastes ni de mitochondries reconnaissables, bien que la chlorophylle y soit liée à des structures lamellaires comparables à celles des vraies plantes et que les fonctions mitochondriales y soient présentes. Les Cyanophycées ne présentent jamais de cellules mobiles et ne fournissent aucune manifestation de la sexualité, caractères qui les éloignent des Bactéries.

Ce sont des organismes muqueux ou cartilagineux, mais leur consistance varie considérablement avec leur état d’imbibition. Leur forme est des plus variables ; celles qui sont visibles à l’œil nu sont massives ou ramifiées, ou encore constituent des masses d’étoupe ou des sortes de voiles.

La structure du thalle est également très variable. Dans les formes les plus simples, les cellules sont isolées ou en colonies dont l’aspect rappelle souvent celles des Bactéries. Les formes plus complexes sont filamenteuses. Ces filaments, ou trichomes, sont simples (rectilignes, flexueux ou spiralés) ou plus complexes ; on peut observer alors plusieurs sortes de cellules, les unes (nécridies et disjoncteurs) n’étant guère que des cellules mortifiées, mais d’autres (les hétérocystes) se caractérisant par leur forme, leur paroi épaissie et même leur couleur. Ces trichomes peuvent se ramifier, que la ramification soit vraie (un rameau latéral part d’une cellule) ou fausse (les trichomes se rompent à l’intérieur même de la gaine mucilagineuse, puis, en poussant, sortent latéralement).

Le contenu des cellules montre une partie périphérique, le chromatoplasme, chargée de pigments, et une partie centrale, le centroplasme, où sont les éléments nucléaires. On trouve dans les parois de l’acide diaminopimélique, ce qui est un caractère commun avec les Bactéries. La chlorophylle est du type « a », qui se retrouve dans toutes les plantes, mais il ne semble pas en exister d’autres. On trouve également, caractère banal, des caroténoïdes, mais aussi des pigments rouges et bleus du groupe des biliprotéides, une phycocyanine et une phycoérythrine voisines de celles qui existent chez les Algues rouges. Ce sont ces pigments qui donnent à ces Algues leur couleur bleu verdâtre ou violacée, parfois rouge quand la phycoérythrine domine.

La division cellulaire se fait par bipartition, mais on sait mal comment se comportent les éléments nucléaires à ce moment. La nouvelle paroi commence à se former à la périphérie et se développe ensuite comme un diaphragme. La reproduction végétative est seule connue. Chez les formes à trichomes, ceux-ci se rompent au niveau d’une cellule spéciale, par exemple un hétérocyste, et les fragments, ou hormogonies, se séparent et servent de boutures. On peut observer aussi des formes de résistance, uni- ou pluricellulaires, entourées d’une paroi épaisse et des sortes de spores dont le cycle est mal connu.

Il est certain que ce groupe d’organismes très primitifs est doté d’affinités végétales, mais présente aussi beaucoup de caractères de Bactéries. On doit encore le rapprocher des Algues rouges à cause de la nature de ses pigments bleus et rouges. Il existe comme fossile depuis les temps les plus anciens ; les Girvanelles des paléontologistes sont identiques aux Symploca actuels, et l’on connaît du Primaire des Nostocs qui ne se distinguent en rien de ceux que l’on observe de nos jours.

Ces Algues se rencontrent dans tous les milieux et sont très résistantes. Les Nostocs, ou Crachats de la lune, sont communs à terre ; presque invisibles à l’état sec, ils gonflent énormément dès qu’ils sont humides. Les Rivularia résistent, au bord de la mer, aux alternances d’immersion et d’émersion. Beaucoup sont planctoniques et constituent notamment les « fleurs d’eau » qui flottent à la surface des étendues d’eau. Il en est qui vivent en symbiose, et plusieurs genres sont ainsi constituants des Lichens ou encore forment à la surface des Lichens à Algues vertes des sortes de galles, ou céphalodies.

Les Rivularia ont dans la nature un rôle essentiel et souvent comparable à celui des Bactéries, en particulier du fait de leur aptitude à fixer l’azote atmosphérique. Ils colonisent des régions très inhospitalières, notamment des régions polluées. Certains sont toxiques mais quelques-uns sont consommés par les Orientaux.

M. D.

 L. Geitler, « Cyanophyceœ », in L. Rabenhorst, Kryptogamen-Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz (Leipzig, 1930-31). / P. Frémy, les Cyanophycées des côtes d’Europe (Mém. soc. sc. nat. et math. de Cherbourg, 1934). / P. Bourrelly, les Algues d’eau douce, t. III (Boubée, 1970).

cyanose

Coloration bleutée (du grec kuanos, bleu) des téguments et des muqueuses, correspondant à une quantité excessive d’hémoglobine réduite (c’est-à-dire non combinée à l’oxygène) dans le sang capillaire.


On admet qu’il y a cyanose quand il existe plus de 5 g d’hémoglobine réduite pour 100 ml de sang capillaire. La cyanose peut être localisée, préférentiellement aux lèvres, aux oreilles, aux mains et aux pieds, ou s’étendre, notamment lors des efforts ou des expositions au froid. Reflet non seulement de l’anoxie*, mais surtout de la désaturation hémoglobinique, elle doit être considérée en pratique comme un signe d’alarme. Associée à des sueurs et à des troubles de conscience, la cyanose entre dans le cadre des hypercapnies, dues à l’augmentation de gaz carbonique dans le sang. Du point de vue étiologique, elle peut répondre à diverses causes : excès de consommation d’oxygène périphérique (origine locale ou périphérique), insuffisance d’oxygénation au niveau des poumons (origine pulmonaire ou bronchique), mélange ou « shunt » de sang veineux et de sang artériel au niveau des cavités cardiaques, par passage direct d’une certaine quantité de sang veineux des cavités droites dans les cavités gauches ou dans l’aorte (origine congénitale). Parmi les principales malformations cardiaques susceptibles de déterminer des états cyanotiques, il convient de signaler les communications interventriculaires et le rétrécissement de l’artère pulmonaire, qui s’intègrent parfois dans la tétralogie de Fallot (v. cœur). En ce qui concerne ces diverses causes congénitales, il faut souligner que la cyanose ne survient parfois qu’au bout de quelques jours ou de quelques semaines, mais, en règle générale, elle se voit dès la naissance. Aussi le premier signe doit-il inquiéter, car il retentit ultérieurement sur le développement de l’enfant. Les enfants cyanoses (enfants bleus) sont volontiers apathiques, frileux, porteurs de troubles trophiques (ongles bombés en verre de montre et phalangettes en baguettes de tambour, caractérisant l’hippocratisme digital). Ils présentent souvent d’autres malformations qu’il faut rechercher (bec-de-lièvre, hypospadias, spina-bifida).

Par ailleurs, le sang des personnes cyanotiques est souvent polyglobulique (excès de globules rouges). Sur le plan diagnostique, la cyanose ne doit pas être confondue avec l’acrocyanose* des jeunes filles.

M. R.