Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cromwell (Oliver) (suite)

Quant à sa présence d’esprit, la bataille de Dunbar la révèle : avec une armée épuisée, affamée, inférieure en nombre et en courage, Cromwell est venu s’enfermer dans Dunbar. Les Écossais de Leslie, sûrs de leur victoire, dévalent les collines qui cernent la ville, afin d’être à pied d’œuvre, le lendemain matin, pour donner un assaut final qui ne doit être qu’une simple formalité. Mais Cromwell a bien vu que, ce faisant, les Écossais s’étaient massés dans un espace si réduit que le moindre désordre dans leurs rangs les empêcherait de combattre. À l’aube, il lance sa cavalerie sur les Écossais endormis : c’est un massacre ; les Écossais, qui ne peuvent ni fuir ni combattre, laissent 3 000 morts et 10 000 prisonniers. Bien secondé par les excellents généraux que sont John Lambert, Charles Fleetwood et George Monk, Cromwell a remporté un triomphe là où la pire défaite lui était promise ; les Anglais n’ont perdu que vingt hommes...

La religion d’Oliver Cromwell

C’est une véritable crise spirituelle que traverse Cromwell à partir de 1627-28 ; éperdu de culpabilité et de mépris quant à sa vie passée, il sort régénéré de cette longue crise de conscience. Il est, dès lors, persuadé qu’il est l’élu du Seigneur, et que, le moment venu, il devra exécuter les ordres divins. Mais il faut pouvoir interpréter ces ordres ; et souvent, avant les décisions graves, Cromwell passera de longues heures, voire des journées entières, abîmé en prières. Tout cela fait de lui un vrai puritain.

Pourtant, il ne faut pas se le représenter en « extrémiste religieux ». Cromwell est convaincu de défendre la « vraie foi protestante » : il pense que Dieu a fait appel à lui pour être le « Restaurateur » de l’Église, non son « Réformateur ». Ses plus grands ennemis seront les auteurs des nouveautés, qui défigurent le protestantisme de l’Église d’Angleterre, à savoir les épiscopaliens et leur chef William Laud (1573-1645). Mais Cromwell s’écartera aussi de tous ceux qui, comme les presbytériens, voudront imposer une vision trop stricte, attaché qu’il est à la liberté de conscience. Et, en même temps, il s’écarte de bien des puritains, en étant convaincu de la nécessité de conserver le cadre d’une Église anglaise nationale, soutenue par le paiement de la dîme. Pragmatique, nuancé, tel est Cromwell quant à l’application de son action ; mais c’est avec passion, avec fureur même, qu’il se lance dans l’action, à l’appel de Dieu, quia fait de lui son instrument.

Richard Cromwell protecteur

Contemporains et historiens ont la même opinion de Richard Cromwell (Huntingdon 1626 - Cheshunt 1712), qui succéda à son père : il était aussi peu fait que possible pour jouer un rôle politique. C’était son frère cadet, Henry Cromwell (Huntingdon 1628 - Spinney Abbay, Cambridgeshire, 1674), qui avait hérité du génie d’Oliver Cromwell : mais il gouvernait l’Irlande.

Les vertus privées de Richard sont incontestées, et celui-ci a toujours préféré la vie du gentleman-farmer à celle de l’homme politique. Dès la mort de Cromwell, l’opposition latente entre civils et militaires s’aigrit. Mou et paresseux, Richard se révèle incapable d’y remédier. Au bout de huit mois, les chefs militaires renversent le protectorat.

À la Restauration, Henry Cromwell ne sera pas inquiété, car son gouvernement ne lui a fait que des amis (parmi les Anglais, du moins ; quant aux Irlandais...). Richard, lui, saura échapper à toutes les poursuites et mourra tranquillement en Angleterre, sous une fausse identité.

La politique extérieure de Cromwell

Deux éléments la dominent : l’hostilité envers un régime régicide, à laquelle se heurte le protectorat ; le désir qu’a Cromwell de constituer une grande Confédération protestante.

À ce dernier égard, sa politique se solde par un échec. Mais, partout ailleurs, c’est le succès : une guerre avec la Hollande se termine par un traité qui accorde de substantiels avantages commerciaux aux Anglais dans la Baltique. Le Danemark, la Suède et le Portugal accordent aussi d’importants avantages commerciaux aux Anglais.

Surtout, Cromwell s’entend avec la France du cardinal Mazarin contre l’Espagne. En 1656 et en 1657, des victoires navales importantes confirment le redressement de la flotte anglaise, qui, dès 1655, saisit la Jamaïque. Lorsque Cromwell, bloquant la côte et envoyant des renforts à Turenne, permet à ce dernier de remporter la victoire des Dunes sur les Espagnols, aux côtés desquels combat Charles II (14 juin 1658), il obtient pour récompense Dunkerque. Éclatante réhabilitation pour un régime qui, quatre ans auparavant, était au ban de l’Europe.

J.-P. G.

➙ Grande-Bretagne / Révolution anglaise / Stuart.

 F. Guizot, Histoire de la République d’Angleterre et de Cromwell (Didier, 1864 ; 2 vol.). / S. R. Gardiner, Cromwell’s Place in History (Londres, 1897) ; Oliver Cromwell (Londres, 1899). / C. H. Firth, Oliver Cromwell and the Rule of the Puritans in England (New York et Londres, 1900 ; rééd., 1953). / W. C. Abbott, Bibliography of Oliver Cromwell (Cambridge, Mass., 1929 ; rééd., 1969) ; The Writings and Speeches of Oliver Cromwell (Cambridge, 1937-1947 ; 4 vol. ; rééd., 1969). / M. P. Ashley, The Greatness of Oliver Cromwell (Londres, 1957). / O. Lutaud, les Niveleurs, Cromwell et la République (Julliard, coll. « Archives », 1967). / C. Hill, God’s Englishman : Oliver Cromwell and the English Revolution (Londres, 1970). / J. Matra, Olivier Cromwell (Hachette, 1970).

Crookes (sir William)

Chimiste et physicien anglais (Londres 1832 - id. 1919).


Après avoir fait ses études au Royal College of Chemistry à Londres, William Crookes y reste comme assistant de chimie. En 1854, il est nommé inspecteur du service météorologique à l’observatoire Radcliffe d’Oxford et, en 1855, maître de conférences de chimie à l’école normale de Chester. Il retourne ensuite à Londres, où il demeurera jusqu’à la fin de sa carrière.