Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

croisades (suite)

Mais, le plus souvent, les projets de « récupération de la Terre sainte » par la croisade, tels ceux qui sont formulés par le Vénitien Marin Sanudo (1466-1536) ou par le Français Guillaume de Nogaret († 1313), cachent mal certaines arrière-pensées politiques d’États et de souverains pour lesquels la prise de croix n’est que prétexte à lever la dîme (Philippe IV le Bel, Philippe VI de Valois) ou à divertissements courtois renforçant leur prestige, tel le banquet du « vœu du faisan », qui, en 1454, réunit autour du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, de nombreux chevaliers théoriquement décidés à partir à la reconquête de Constantinople, occupée par les Ottomans en 1453. En fait, depuis la fin du xive s., la croisade n’a plus pour objet que l’arrêt de l’expansion turque, que ne parviennent à juguler ni la désastreuse croisade de Nicopolis de 1396, marquée par la captivité de Jean sans Peur, ni celle de Varna, du fait de la défaite de Ladislas V de Hongrie en 1444.

Organisée à la demande du pape Pie V à la suite de l’occupation de Chypre par les Turcs Ottomans en 1570-71, la croisade hispano-pontificale de 1571 aboutit, par contre, à la victoire navale de Lépante, remportée sur les Ottomans le 7 octobre 1571. Il en est de même des victoires terrestres de Saint-Gotthard en 1664 et du Kahlenberg en 1683. Mais peut-on encore parler de croisade alors que le tombeau du Christ n’est plus l’enjeu, même indirect et lointain, de la rencontre, alors que les protagonistes chrétiens de cette dernière n’arborent plus le signe de leur mission : la croix ?

P. T.

➙ Byzantin (Empire) / Charles d’Anjou / Chypre / Frédéric Ier Barberousse / Frédéric II Hohenstaufen / Latin de Constantinople (Empire) / Latins du Levant (États) / Louis VII / Louis IX / Philippe II Auguste / Reconquista / Richard Cœur de Lion / Templiers.

 SOURCES. Recueils des historiens des croisades (Impr. royale, Impr. impériale, Impr. nationale et C. Klincksieck, 1841-1906 ; 16 vol.). / Histoire anonyme de la première croisade, éd. et trad. par L. Bréhier (Champion, 1924 ; nouv. éd., Les Belles Lettres, 1964). / J. de Joinville, Histoire de Saint Louis (P. Lauer, 1924). / G. de Villehardouin, la Conquête de Constantinople, éd. et trad. par E. Faral (Les Belles Lettres, 1938-1939 ; 2 vol. ; nouv. éd., 1962). / Documents relatifs à l’histoire des croisades (Geuthner, 1946 et suivantes ; 8 vol. parus).
L. Bréhier, l’Église et l’Orient au Moyen Âge. Les croisades (Gabalda, 1907 ; nouv. éd., 1928). / R. Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem (Plon, 1934-1936 ; 3 vol. ; nouv. éd., 1960) ; l’Empire du Levant. Histoire de la question d’Orient (Payot, 1946) ; l’Épopée des croisades (Club des libraires de France, 1955 ; nouv. éd., Perrin, 1968). / M. Villey, la Croisade. Essai sur la formation d’une théorie juridique (Vrin, 1942). / E. Perroy, les Croisades et les États latins d’Orient (C. D. U., 1951 ; 3 vol.). / J. C. S. Runciman, A History of the Crusades (Cambridge, 1951-1954 ; 3 vol.). / P. Alphandéry et A. Dupront, la Chrétienté et l’idée de croisade (A. Michel, 1954-1959 ; 2 vol.). / K. M. Setton (sous la dir. de), A History of the Crusades (Philadelphie, Pennsylvanie, 1955-1962 ; 2 vol. parus). / P. Rousset, Histoire des croisades (Payot, 1957). / A. S. Atiya, The Crusade : Historiography and Bibliography (Bloomington, Indiana, 1962) ; History of Eastern Christianity (Notre-Dame, Indiana, 1968). / Z. Oldenbourg, les Croisades (Gallimard, 1965). / F. Cognasso, Storia delle crociate (Milan, 1967). / C. Morrisson, les Croisades (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969 ; 2e éd., 1973). / G. Serbanesco, Histoire de l’ordre des Templiers et les Croisades (Byblos, 1970 ; 4 vol.). / P. Gorny, Croisés et Templiers (Bonne, 1974).

croisière

Voyage en mer, très variable en distance et en durée, allant du simple cabotage de port en port à la traversée des océans ou même aux voyages de circumnavigation et effectué sur un bateau de plaisance, sans autre but que celui que l’on s’est volontairement fixé.



Historique

Né au cours de la première moitié du xixe s., le yachting n’a pas beaucoup évolué jusqu’à la Première Guerre mondiale. Il apparaissait alors comme une sorte de prérogative du monde anglo-saxon, imité par un petit nombre de Français recrutés parmi les classes les plus fortunées de la société.

Qu’ils soient à voiles ou à moteur, les yachts, construits en bois ou en fer, étaient généralement de grande taille et d’une conception particulièrement soignée et coûteuse : cotre, goélette, trois-mâts ou vapeur, de plusieurs dizaines de mètres de long, chargés de toile ou surmontés de hautes cheminées, ils possédaient des avants à guibre et des voûtes arrière immenses, des bois vernis et des cuivres impeccables, entretenus par des équipages professionnels nombreux et parfaitement stylés. Le matériel était lourd, compliqué, et l’on ne concevait pas de participer soi-même à la manœuvre autrement qu’en tenant la barre ou la roue du gouvernail.

Rapidement, pendant la période d’entre les deux guerres, les plus grandes unités, vieillissantes, ont été désarmées et n’ont pas repris la mer. Peu à peu, elles ont été remplacées par des bateaux plus petits, plus maniables, moins chers ; en raison du coût des équipages professionnels, des équipes d’amateurs se sont formées et ont pris la relève. Cependant, durant cette période, on a encore construit de grands et luxueux yachts. La révolution vraiment complète date des années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Les progrès techniques réalisés entre 1939 et 1945 en matière de matériaux de construction (bois, contre-plaqués, bois moulés, aciers à haute résistance, matières plastiques) ont trouvé tout naturellement leur application dans la construction de bateaux de plaisance. À cela s’est ajouté, en France notamment, le fait nouveau qu’un pourcentage sans cesse croissant de la population, épris de liberté et lassé de l’encombrement des routes et des plages, a soudain compris que la mer restait un des derniers éléments où, pendant le temps des loisirs, on pouvait goûter les joies de l’aventure et des grands espaces.