Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Alexander (Harold George)

Maréchal britannique (Londres 1891 - Slough, Buckinghamshire, 1969).


C’est un Irlandais du Nord, comme beaucoup de généraux britanniques, élevé à Harrow puis à Sandhurst. La Grande Guerre le trouve lieutenant de cavalerie et le laisse à vingt-six ans chef de bataillon ayant commandé des fantassins au feu, deux fois blessé, cinq fois cité. En 1919, il combat contre les bolcheviks avec la petite armée lettone. Déjà, il prend de l’autorité et, après une année de cours à l’Imperial Defence College, il commande une brigade aux Indes puis, en 1939, la 1re division sur le front français. À Dunkerque, il est mis à la tête du 1er corps, qui doit protéger le rembarquement, et sera l’un des derniers Anglais à quitter le sol de France. Dès son retour en Angleterre, on lui confie la défense de toute la zone sud du pays, où l’on redoute une invasion. En mars 1942, c’est le front de Birmanie qui craque, et il faut là-bas quelqu’un qui, par son sang-froid, puisse éviter que la défaite ne se transforme en effondrement. Alexander est envoyé en toute hâte. Il tisse méticuleusement sa manœuvre, se résigne à la perte de Mandalay, mais parvient à se rétablir sur des positions retranchées en pleine jungle. Quelques mois après, Churchill lui remet la peu agréable succession d’Auchinleck comme commandant au Moyen-Orient, au moment où les blindés de l’Axe menacent l’Égypte. La VIIIe armée est confiée à Montgomery. Par leur victoire commune d’El-Alamein, l’Égypte est sauvée, et l’avance se poursuit jusqu’à Tunis. Entre-temps, Alexander est devenu l’adjoint d’Eisenhower en Afrique. Comme commandant du 15e groupe d’armées, il dirige ensuite les opérations en Sicile et en Italie. Il en sera l’inspirateur stratégique comme Juin, auquel il n’hésite pas à donner carte blanche, va en devenir l’inspirateur tactique. En novembre 1944, il succède à son compatriote H. Maitland Wilson comme commandant suprême allié en Méditerranée et reçoit à ce titre, en avril 1945, la capitulation des forces allemandes d’Italie. Au lendemain de la guerre, il est le dernier Anglais à occuper les hautes et délicates fonctions de gouverneur général du Canada. En 1952, il entre comme ministre de la Défense dans le nouveau cabinet de Churchill, revenu au pouvoir. Il restera de bout en bout d’une impeccable loyauté : en octobre 1954, en désaccord avec son Premier ministre, il préférera se retirer discrètement. Ses souvenirs ont été traduits en français en 1963 sous le titre Mémoires (1940-1945).

J.-E. V.

Alexandre le Grand

En grec Alexandros (Pella, Macédoine, 356 - 323 av. J.-C.), roi de Macédoine de 336 à 323 av. J.-C.



L’éducation du prince

Alexandre naquit à la fin juillet de l’année 356 av. J.-C., au palais des rois de Macédoine, à Pella. Il était le fils de Philippe II et d’Olympias. De treize à seize ans, il eut pour précepteur Aristote, venu en Macédoine avec son ami Théophraste. Au palais de Miéza, près de Pella, le jeune prince se fit inculquer toutes les disciplines connues de son temps. Alexandre manifestait un goût très relatif pour les exercices athlétiques et leur préférait peut-être les livres. Mais il aimait l’art de la guerre et se distinguait comme cavalier : son cheval Bucéphale avait été dur à dresser. Après les années passées à Miéza, Philippe put lui confier toutes les responsabilités du pouvoir : une régence passagère, une expédition en Thrace, le commandement d’une aile de l’armée lors de la bataille de Chéronée.


Le maître de la Macédoine

En 336, le roi Philippe mourut assassiné, peut-être à l’instigation d’Olympias, répudiée l’année précédente. Alexandre héritait d’une Macédoine étendue par des conquêtes récentes, encore fragiles, sur des peuples qui guettaient l’occasion de se libérer. La mort de Philippe II mit les Athéniens en joie. Démosthène se moquait du prince qui lui succédait et qui, en raison de son âge, lui paraissait tout à fait inoffensif. Les unes après les autres, les cités de Grèce s’octroyaient une indépendance de fait. Aussi, quelques semaines après la mort de son père, Alexandre apparut en Grèce : les villes firent leur soumission. Le roi reparti, on s’agita de nouveau, d’autant mieux que les agents de la Perse poussaient à la révolte. Alexandre revint, assiégea Thèbes, y accomplit un grand carnage et fit voter par la ligue de Corinthe la destruction de la ville. Rapide et énergique dans l’exécution, il se montra également habile politique en pardonnant à Athènes après avoir châtié Thèbes. Entre-temps, contre les Thraces, voisins turbulents des confins septentrionaux de la Macédoine, les Triballes et les Gètes, une expédition rapide démontra la force de la phalange macédonienne. Les Illyriens révoltés reçurent une sévère leçon de la même espèce. Alexandre avait déjà, contre ces Barbares agressifs et expérimentés, fait preuve d’un incontestable génie militaire. À la fin de 335, la prépondérance macédonienne était de nouveau assurée dans la péninsule balkanique.


Moyens et projets

Il faut dire qu’il avait trouvé dans son héritage une armée de premier ordre, dont il n’eut qu’à assurer le perfectionnement et dont l’élément principal était la phalange, formation de combat qui combinait la compacité de petits groupes de soldats avec la mobilité d’une infanterie qui ne s’encombrait ni d’un équipement lourd ni d’un train important. Ces fantassins étaient les pezhétaires, au nombre de 9 000, « compagnons », au même titre que les hétaires, cavaliers nobles beaucoup moins nombreux (1 500). Avec les 3 000 hypaspistes qui formaient l’infanterie légère, c’était là l’essentiel de l’armée macédonienne. Alexandre avait en outre demandé des contingents aux peuples qui devaient subir son alliance : les Thraces, brillants cavaliers, experts en reconnaissances rapides, les Thessaliens, cavaliers eux aussi, les Grecs de toutes les cités. Il avait enfin des mercenaires d’origine assez variée.