Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

crises et cycles économiques (suite)

Enfin, les fluctuations d’après guerre n’ont pas seulement été bien moins accentuées qu’auparavant : en outre, elles ont cessé de présenter un caractère international aussi accusé. En fait, il n’y a que trois récessions à caractère international : 1948-49, 1958 et 1974-75. En réalité, les récessions américaines d’après guerre, toutes modérées qu’elles aient été, n’auraient pas manqué d’affecter sérieusement l’économie mondiale si les mouvements qu’elles ont déclenchés n’avaient pas été compensés par l’aide économique (et militaire aussi) et les prêts accordés par les États-Unis à l’étranger, par l’expansion des marchés extérieurs consécutive au renforcement de la coopération internationale et à la libéralisation des échanges entre pays ainsi que par le développement économique des régions pauvres du globe.

G. R.

➙ Emploi / Prix / Production.

 J. Marchal, Expansion et récession (Éd. Cujas, 1963). / H. Guitton, Fluctuations et croissance économiques (Dalloz, 1964 ; 3e éd., 1969) ; les Mouvements conjoncturels (Dalloz, 1971). / M. Kalecki, Théorie de la dynamique économique (Gauthier-Villars, 1966). / M. Flamant et J. Singer-Kerel, Crises et récessions économiques (P. U. F., « Que sais-je ? », 1968 ; 2e éd., 1970).

Crispi (Francesco)

Homme politique italien (Ribera, Sicile, 1818 - Naples 1901).



Le conspirateur

Issu de la moyenne bourgeoisie sicilienne, Crispi fait des études de droit à Palerme, où il exerce ensuite la profession d’avocat jusqu’à 1845. À ce moment, il se rend à Naples, où fermente de longue date déjà une agitation révolutionnaire secrète, et commence à y conspirer. Un soulèvement populaire contre le despotisme bourbonien ayant éclaté à Palerme le 12 janvier 1848 et triomphé rapidement, Crispi retourne dans cette ville et, après l’octroi d’une constitution par Ferdinand II, fera partie de la Chambre des députés parmi les extrémistes de gauche.

Dans une revue fondée par lui, il apparaît rallié aux idées mazziniennes et, comme tel, est exclu de l’amnistie accordée par le roi après le retour de l’île aux Bourbons (15 mai 1849). Il se réfugie alors à Turin, où il commence à lutter obscurément contre Cavour*, ce qui provoque son expulsion du Piémont le 6 février 1853. Il se rend à Malte, qu’il est obligé de quitter deux ans après, puis à Paris, d’où on l’expulse également au début du mois d’août 1858, après l’attentat d’Orsini et l’entrevue de Plombières.

Crispi rejoint alors à Londres Mazzini*, qui l’a complètement gagné à l’idée que l’unité italienne totale est le seul but à poursuivre et par une propagande uniquement nationale, afin que le peuple soit lui-même l’auteur de sa libération. En juillet 1859, il quitte Londres et entreprend un premier voyage d’information et de propagande occulte à l’étranger et en Italie même, principalement en Sicile. Il revient à Londres à la fin de septembre pour faire rapport à Mazzini, en repart au début d’octobre et arrive le 11 octobre à Messine.

Sentant le terrain peu sûr, il repart aussitôt pour la Grèce et y demeure jusqu’à ce que commence à Gênes la préparation de l’expédition des Mille. Il y collabore activement avec Nino Bixio (1821-1873) et Agostino Bertani (1812-1886), et, par sa connaissance de la Sicile, acquiert une grande influence sur Garibaldi. Après la prise de Palerme, il devient ministre de l’Intérieur et des Finances dans le gouvernement provisoire, mais son opposition tenace à toute annexion immédiate au Piémont selon les vues de Cavour provoque au Parlement de véhémentes protestations, et, le 27 juin, il doit quitter le ministère.

Garibaldi le garde toutefois comme secrétaire particulier et, en août, lui confie de nouveau le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique, ce qui l’oppose au prodictateur Agostino Depretis (1813-1887), favorable pour sa part à l’annexion. En octobre, Crispi est appelé à Naples, où Garibaldi, qui s’y trouve déjà, le nomme ministre des Affaires étrangères. D’accord avec Mazzini et l’écrivain milanais Carlo Cattaneo (1801-1869), pareillement hostile à la monarchie, il continue à intriguer contre le plébiscite et contre le prodictateur Giorgio Pallavicino Trivulzio (1796-1878), interprète des vues de Cavour. Celles-ci finiront par triompher lorsque Garibaldi aura rencontré auprès de Naples le roi Victor-Emmanuel et lui aura remis ses pouvoirs.


Le revirement

Après la proclamation, en 1860, de l’unité italienne sous la maison de Savoie, Crispi trouve place au Parlement subalpin comme député de Castelvetrano, ville de la Sicile méridionale, mais il n’y joue aucun rôle et demeure profondément impopulaire dans une assemblée toute dévouée au souvenir du grand ministre, disparu en 1861. Il siège à l’extrême gauche, mais, aussi intelligent qu’ambitieux, il prépare le retournement de ses positions anciennes dans un opuscule (1865) où il explique son ralliement à la monarchie par la raison majeure que celle-ci unit la nation, tandis que la république la diviserait. Il se sépare alors complètement des mazziniens et devient chef du radicalisme constitutionnel. En même temps, il fonde un organe personnel, la Riforma.

Crispi finit par s’imposer au Parlement et aussi à l’entourage royal lorsqu’en 1867 il s’efforce de détourner Garibaldi de l’équipée qui le conduira à Mentana. Il devient alors vice-président de la Chambre et, en 1876, président, quand la monarchie passe de la droite à la gauche. Le 27 décembre 1877, Depretis lui confie le ministère de l’Intérieur. Mais, en mars 1878, un scandale d’ordre privé provoque la chute de Crispi.

En décembre 1879, celui-ci devient président de la commission du Budget, mais surtout l’insuccès de la diplomatie italienne au congrès de Berlin fournit à lui et à Giovanni Nicotera (1828-1894), qui ont groupé autour d’eux les dissidents de la gauche, l’occasion de s’unir à la droite pour renverser le ministère Cairoli le 14 mai 1881, lorsque la France occupe militairement la Tunisie. Deux ministres démissionnaires, Giuseppe Zanardelli (1826-1903) et Alfredo Baccarini (1826-1890), se joignent alors, avec Benedetto Cairoli (1825-1889), à Crispi et à Nicotera pour former une « pentarchie », qui rend la vie dure au chef de la gauche, Agostino Depretis, et l’oblige à se tourner vers le centre et la droite pour retrouver une majorité.