Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

crime (suite)

Auteurs et complices

Le ou les auteurs d’un fait qualifié crime, qui a été consommé ou tenté, ont pu être aidés dans leur action criminelle par d’autres malfaiteurs (cas de l’homme qui prête, en connaissance de cause, une arme à un assassin ou encore de celui qui fait le guet dans la rue pendant que des camarades commettent, de nuit, un cambriolage dans une villa), véritables malfaiteurs « par accessoire », qui n’ont qu’une criminalité d’emprunt et sont appelés complices ; ces derniers encourent les mêmes peines que les auteurs du crime, sauf le cas où la loi en aurait disposé autrement et sans qu’il y ait lieu de prendre en considération cet élément particulier que l’auteur du fait principal punissable n’aurait pas été découvert ou bien serait décédé.


La répression

La répression des crimes commis sur le territoire de la République est de la compétence des juridictions françaises, mais celles-ci peuvent, en outre, connaître, sous certaines réserves, de crimes commis par un citoyen français hors du territoire national (infractions contre la sûreté de l’État, la monnaie ou les agents diplomatiques) ; très exceptionnellement, des tribunaux français peuvent être amenés à juger des délinquants étrangers à l’occasion de crimes commis à l’étranger.

Le jugement des crimes est toujours précédé d’une « information », ou instruction* préparatoire, confiée à un juge d’instruction ; à l’issue de cette instruction, le magistrat désigné, s’il considère que les faits constituent un crime, rend une ordonnance de clôture, dite « ordonnance de transmission de pièces au procureur général ».

Le dossier est alors soumis par ce dernier magistrat à l’examen de la chambre d’accusation. Cette haute juridiction d’instruction a seule qualité pour renvoyer un inculpé devant la cour d’assises : si elle estime que les faits retenus constituent bien une infraction qualifiée crime par la loi, elle rend un arrêt de renvoi devant la cour d’assises, qui a mission de statuer en matière de crimes, à l’exception de ceux qui, susceptibles de constituer des atteintes à la sûreté de l’État, peuvent être revendiqués par la Cour de sûreté de l’État.

Il arrive que, par le jeu de la correctionnalisation judiciaire, certains crimes soient déférés au tribunal correctionnel ; cette pratique permet d’éviter une procédure relativement longue et disproportionnée à la gravité des faits, considérés dans leur contexte ; mais elle exige l’accord des parties au procès, du ministère public, de l’inculpé et, éventuellement, de la partie civile, qui peuvent toujours opposer l’exception d’incompétence du tribunal, ce dernier pouvant lui-même se dessaisir d’office.

La seule voie de recours à l’encontre des « arrêts » rendus par la cour d’assises est le pourvoi en cassation.

Les crimes se prescrivent par l’expiration d’un délai de dix années à compter du jour de leur accomplissement, en ce qui concerne les poursuites qui peuvent être engagées contre leurs auteurs ou complices ; en cas de condamnation prononcée, la peine édictée se trouve prescrite à l’expiration d’un délai de vingt années depuis le jour où la condamnation est devenue définitive.

J. B.

➙ Délinquance / Délit / Infraction / Instruction / Jury / Justice.

criminalistique

Il a été proposé plusieurs définitions de la criminalistique.



Généralités

En réalité, ce terme, relativement jeune, englobe trop de disciplines pour être véritablement représentatif d’un contenu. La criminalistique n’est pas en effet seulement « l’art de découvrir et d’interpréter les indices » (Léon Lerich et Charles Sannié) ni, non plus, « l’ensemble des méthodes empruntées à la physique, à la chimie, à la biologie et aux mathématiques permettant d’établir la preuve indiciale du crime » (Edmond Locard), définition qui écarte la technique policière ainsi que la psychologie probatoire et testimoniale. Elle est l’utilisation de méthodes et de procédés empruntés à la biologie, à la physique, à la chimie, à nombre de sciences humaines et à diverses technologies pour établir la preuve du crime et identifier son auteur. Elle absorbe ainsi la médecine légale, la toxicologie, les sciences exactes, la phénoménologie criminelle, la méthodologie de l’enquête et l’art de recueillir les témoignages.

Toutefois, depuis 1950, la doctrine a mieux sérié les questions posées par le phénomène universel et incoercible du crime, et on s’est attaché à distinguer trois grandes branches, médecine* légale, police scientifique et police technique, qui s’abritent sous ce terme commode, mais devenu inexact, de criminalistique.


Police scientifique

C’est la recherche, l’étude et l’interprétation des traces.

Toute activité d’un être vivant, homme ou animal, se décèle par des objets, des mutations dénonçant l’action : balles éjectées d’un pistolet, foulures du sol, empreintes, etc. Ces indices, découverts sur un lieu de crime ou chez un suspect, pallient les insuffisances, l’absence, voire la fausseté des aveux et des témoignages. Ils sont évidemment fort différents selon qu’il s’agit de crime sur la personne, de complot politique, d’atteinte aux biens et d’attentat aux mœurs.

Tous sont, cependant, passibles de méthodes empruntées aux diverses sciences et techniques. La police scientifique étudie les taches et les traces, les tirs, les incendies, les faux, les fraudes et, dans chacun de ces cas, elle s’efforce de remonter au coupable, ce qui pose le problème de l’identification des personnes. Selon la nature de l’indice et les nécessités de la preuve à administrer, elle fait appel à des méthodes optiques (photographie ordinaire, par filtration, par émission [fluorescence] et sous rayons X ou infrarouges ; microscopie ordinaire ou électronique ; spectrométrie), biologiques (la sérologie, qui permet d’identifier une tache de sang ou de sperme par son identité groupale [A, AB, B, O] ; la microbiologie des bactéries, des mousses, et des parasites), chimiques et physico-chimiques (telles que la chromatographie, qui permet l’analyse de substances selon leur comportement en phase liquide sur un papier spécial).