Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

crédit (suite)

Historique

Il semble que les premières opérations de crédit connues aient été effectuées par les civilisations de Mésopotamie : elles portaient essentiellement sur des prêts en nature (grains, bétail, etc.). Après l’apparition de la monnaie (Crésus, v. 560-546 av. J.-C.), le prêt à intérêt se développe considérablement, surtout à Athènes, où apparaît le prêt à la grosse aventure (prêt au capitaine d’un bateau qui ne rembourse que si la marchandise arrive à bon port). Les banquiers athéniens inventent aussi le chèque.

À Rome, les chevaliers, qui deviendront par la suite les publicains, se portent adjudicataires des marchés publics. Ils créent des sociétés par actions qui font des prêts à l’État, financent la construction de ports et de routes, transfèrent les soldes des armées. On peut dire que la plupart des mécanismes de crédit utilisés de nos jours leur étaient connus. À la chute de l’empire d’Occident, on assiste à la disparition de la plupart des opérations de crédit et des banquiers. Seuls restent les Juifs et les Syriens (qui pratiquent le change, le prêt sur gage et le prêt aux gouvernements), cependant que les monastères pratiquent le prêt agricole et le prêt hypothécaire (mort-gage) : en effet, la doctrine de saint Augustin prohibe le prêt à intérêt (sauf le prêt à la consommation) pour les chrétiens.

La réapparition du commerce et du crédit se fera grâce aux Lombards d’abord et aux Templiers ensuite. Ces derniers utilisent leurs commanderies comme de véritables succursales de banques. Ils financent les croisades et inventent bon nombre de techniques de change connues : change à terme, au comptant, etc. Les banquiers lombards inventent la lettre de change (lettera di pagamento), et l’escompte va être découvert peu après.

C’est avec les banquiers toscans (Sienne et Florence) que le crédit moderne va apparaître (certificats de dépôts, règles de liquidité, prêts à long et à moyen terme). Par la suite, on n’assistera plus guère à des progrès spectaculaires, si ce n’est à la création de l’acceptation par les banquiers lyonnais. Mais, plus tard, au milieu du xixe s., c’est la création des établissements de crédit en Angleterre et en France, établissements qui pratiquent le crédit à court terme, l’escompte et les découverts. Parallèlement se fondent alors dans les mêmes pays des banques d’affaires qui se spécialisent dans l’émission de titres, la création de syndicats et toutes autres opérations financières, cependant que les bourses de valeurs se développent considérablement.

Les grandes innovations récentes portent notamment sur le crédit-bail* et les opérations de prêts aux particuliers. Le crédit est, à dire vrai, bouleversé entre 1945 et 1970, époque qui connaît un véritable éclatement des opérations de crédit habituelles — au moins en France — et révèle une extrême capacité à innover manifestée par les banquiers. En ce sens, l’époque apparaît comme véritablement révolutionnaire au sein de l’histoire générale du crédit.


Le crédit aux entreprises

L’étude des besoins des entreprises en matière de crédit doit être placée dans le cadre plus général de l’examen des moyens de financement de leurs actifs. Ceux-ci se divisent en deux grandes masses : les immobilisations et l’actif circulant. La première masse doit être, par principe, financée par des capitaux à long terme, tandis que la seconde, qui inclut la trésorerie, peut l’être par des capitaux à court terme. En réalité, les entreprises gardent une marge de manœuvre (le fond de roulement) qui permet de financer une partie de l’actif circulant par des capitaux à long terme.

Le premier problème pour l’organisme qui va accorder un crédit à une entreprise est de juger celle-ci du point de vue financier pour voir si elle est en mesure de supporter la charge du crédit qui lui sera accordé et pour décider de l’opportunité de l’accorder. Dans cette optique, plusieurs méthodes ont été conçues. Il en existe une qui est particulièrement appréciée aux États-Unis par les banques (elle porte le nom de méthode des credit-men). Cette méthode repose essentiellement sur l’utilisation des ratios et vise pratiquement à donner une note à la situation financière de l’entreprise. Ce jugement de l’entreprise s’étaie aussi sur d’autres éléments d’appréciation, comme la conjoncture et la personnalité des dirigeants.

Le deuxième problème est relatif au crédit lui-même : la banque doit être en mesure de définir l’objet pour lequel le crédit est demandé, la forme de ce crédit et la façon dont il sera, remboursé.

Le troisième problème concerne les garanties qui sont données par l’emprunteur. Cette notion de gage a une grande importance. Les gages les plus souvent utilisés sont l’hypothèque et le nantissement du fonds de commerce ou de titres. Il existe aussi des gages sans dessaisissement de l’objet (ce sont les warrants).


Le crédit à court terme

Le crédit à court terme a pour objet le financement de l’actif circulant et celui de la trésorerie. Sans en étudier toutes les modalités, on peut constater que les techniques sont ici nombreuses : cela est dû non seulement à la diversité des situations des entreprises, mais aussi à des circonstances historiques particulières.

• L’avance en compte. C’est une autorisation donnée au client de rendre son compte momentanément débiteur moyennant le paiement d’un intérêt.

aLes facilités de caisse. Elles ont pour objet d’assurer le décalage entre les entrées et les sorties de trésorerie de courte durée. Elles correspondent souvent à un décaissement très momentané d’une banque, attendant que l’ordre donné par une autre banque soit exécuté (crédit de courrier) ou qu’une opération de financement en cours (augmentation de capital, prêt à long terme) arrive à son terme (crédit de soudure).

bLe découvert. Il est d’une durée d’utilisation plus longue que le crédit par caisse, puisqu’il peut aller jusqu’à un an. Ce mode de crédit a pour objet de pallier un décaissement important lors de l’activité de l’entreprise (fréquemment saisonnière, comme dans l’industrie du sucre ou du jouet). Lorsqu’il est périodique et saisonnier, on le dénomme crédit de campagne.

Les avances en compte sont accordées habituellement de deux façons.

aSous la forme orale, l’avance peut être révoquée à tout moment, mais le banquier est obligé de financer lui-même le décaissement et ne peut poursuivre son débiteur que selon les règles du droit commun ;