Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

courants océaniques (suite)

L’utilisation des engins spatiaux (satellites ou véhicules habités) a fait progresser l’emploi de ces méthodes directes : ils permettent de repérer et de suivre les corps flottants, de recueillir (lors du passage dans leur cône d’émission) et de transmettre les données recueillies. Mais cela nécessite la réalisation d’un support logistique d’autant plus coûteux que les observations doivent être de longue durée. Aussi les données de cet ordre présentement rassemblées sont-elles encore peu nombreuses (surtout en ce qui concerne les courants profonds) au regard de ce que nécessiterait une compréhension globale de la circulation océanique planétaire. On commence à connaître quelques trajectoires horizontales, mais notre ignorance est grande en ce qui concerne les mouvements verticaux. Aussi les océanographes ont-ils été amenés, dans les cas où la mesure se révèle difficile ou impossible, à recourir à des reconstitutions théoriques.

Les méthodes indirectes. Elles sont fondées sur des interprétations de certaines données caractéristiques du milieu. Elles sont de maniement délicat, car elles font intervenir des phénomènes hydrodynamiques rendus complexes par la variété des forces responsables et la géomorphologie des fonds sur lesquels elles agissent.

Certaines méthodes permettent de déterminer le parcours des masses d’eau :
1o la méthode thermohaline (ou de la « veine »), mise au point par l’océanographe allemand G. Wüst, permet de définir des « eaux types » formées en surface en des régions bien déterminées et de suivre leur propagation en profondeur. Elle s’est révélée particulièrement féconde pour l’étude des courants profonds dont la lenteur met en défaut les procédés classiques d’observation ;
2o les méthodes isentropiques ont pour but de détecter le cheminement d’une masse d’eau reconnaissable à sa température potentielle, sa teneur en oxygène dissous ou son pH. Depuis quelques années, cette identification est fournie par la distribution de certains isotopes radio-actifs : entre autres procédés, on utilise le rapport existant pour le gaz carbonique dissous entre deux isotopes de carbone,12C (non radioactif) et14C (radio-actif), formés dans la haute atmosphère ; puisque la source en radio-éléments est tarie depuis que la masse d’eau a quitté la surface, la connaissance de la période (5 730 ans) permet le calcul du déplacement en comparant les rapports12C/14C en deux stations éloignées.

• D’autres méthodes ont permis d’établir une relation mathématique entre la force responsable et le courant :
1o la méthode cinétique, la plus simple, a été appliquée aux courants de vent et a permis d’établir un rapport entre la vitesse du vent au-dessus de la mer et le courant induit ;
2o la méthode géostrophique (ou dynamique) exploite une donnée de synthèse, la densité, qui est l’expression de tous les effets subis par la mer. Comme dans les eaux légères une surface isobarique donnée est plus élevée que dans les eaux denses, il est possible, à partir d’un réseau suffisamment dense de stations hydrologiques, de restituer à l’échelle d’une région les différences d’immersion de cette surface par rapport à une autre plus profonde et considérée comme horizontale (où les mouvements sont donc nuls). La topographie (dite « géopotentielle ») du niveau choisi est exprimée sous la forme d’une carte en courbes d’immersion (fig. 4). Elle permet de déterminer la direction du courant géostrophique (qui s’écoule parallèlement aux courbes) ainsi que sa vitesse en appliquant une formule, proposée par Vilhelm Bjerknes (1862-1951) en 1910, faisant intervenir le resserrement des courbes (ou gradient) et la latitude. Dans le cas de la mer Noire, on peut voir comment déduire la carte des courants de surface de celle des déformations de la surface isobarique (fig. 5). En dépit des difficultés d’utilisation, qui tiennent en partie à son caractère arbitraire (existence en profondeur d’une couche inerte), la méthode a rendu les plus grands services car elle donne un schéma de la circulation superficielle proche de celui fourni par les navigateurs.
3o la méthode électromagnétique, enfin, est fondée sur l’utilisation du célèbre GEK (geomagnetic electro-kinetograph), réalisé en 1950 par W. S. von Arx. À l’aide du gradient de potentiel électrique établi entre deux électrodes remorquées à environ 100 m du navire, on calcule, par rapport à celui-ci, la composante de courant instantané, dont on déduit la vitesse et la direction. La méthode présente le très grand avantage de pouvoir être utilisée en route (fig. 6).

Conclusion. En dépit du perfectionnement de l’appareillage et du progrès des méthodes, la connaissance des courants est encore imparfaite, car elle met en œuvre des données trop souvent disparates ou vieillies. Des observations continues et synoptiques faites par des navires et des stations automatiques travaillant dans des aires géographiques déterminées sont seules capables d’aboutir à une explication raisonnée des courants océaniques.

J.-R. V.

➙ Antarctique / Arctique / Atlantique / Indien (océan) / Océan / Ondes / Pacifique.

 V. hydrologie, océan, océanographie.

courants porteurs (procédé de transmission par)

Transposition d’une bande de fréquence associée à une information électrique de sa place naturelle à une place déterminée dans le spectre des fréquences.



Introduction

Lorsque deux usagers du téléphone sont mis en communication, les signaux électriques qu’ils échangent empruntent des lignes de transmission et les équipements de leurs centraux téléphoniques respectifs. Lorsque ces abonnés sont rattachés au même central, leur communication s’établit par leurs lignes individuelles et les équipements du central. Si ces abonnés sont rattachés aux centraux téléphoniques de deux secteurs différents, une jonction entre ces derniers est indispensable. La ligne correspondante n’est plus individuelle mais banalisée, c’est-à-dire qu’elle peut être empruntée par les signaux qu’échangent deux abonnés quelconques des deux secteurs. Une telle ligne est appelée circuit. L’ensemble des circuits entre les deux secteurs forme une artère de transmission, constituée soit par des lignes aériennes, soit par des câbles souterrains ou des faisceaux hertziens.