Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

corrosion (suite)

Corrosion des mortiers et des bétons de ciment

Elle a deux causes principales : d’une part, la décomposition des matériaux par expansion due à la formation d’un sel désagrégeant, appelé sel Candlot (sulfo-aluminate tricalcique fortement hydraté), dû à l’action des sulfates de la mer ou des eaux séléniteuses sur le portland trop riche en aluminate de calcium ; d’autre part, la décalcification par dissolution de la chaux libre du ciment et par hydrolyse des sels calciques (silicates et aluminates). Celle-ci est produite par les eaux acides, les eaux salées, les eaux sucrées, etc. ; l’attaque la plus fréquente par décalcification est l’attaque par les eaux chargées de gaz carbonique, les eaux de pluie, les eaux de marécages (contenant des acides humiques). Les ciments Portland sont aussi attaqués par certains granulats « réactifs », tels que l’opale commune, la calcédoine, certains silex. Il se forme une réaction expansive et fissurante entre la silice réactive des granulats et les alcalis (soude et potasse) du ciment (réaction nocive dite « alcali-réaction », qui ne se produit pas avec les ciments pouzzolaniques ou pouzzolano-métallurgiques).


Corrosion des granulats pour béton

Certains granulats à feldspath, tels que les basaltes et les porphyres kaolinisables, sont attaqués en présence d’air humide et de gaz carbonique. Dans les pays chauds, il y a latéritisation. Certains schistes sont également altérables et nocifs pour beaucoup de ciments, de même que les mâchefers d’incinération, qui peuvent être altérés par sulfatation des sulfures ; les laitiers de hauts fourneaux s’altèrent s’ils sont trop riches en chaux.


Corrosion des matériaux de terre cuite

Les uniques produits qui peuvent altérer les briques et les tuiles poreuses exposées à l’humidité sont les accumulations de sels dans les pores. Seules les lessives de soude concentrées peuvent être préjudiciables.

La présence de chaux vive surcuite, en grains, dans les tuiles provoque des éclatements et des fissures par expansion de la chaux lorsque, sous l’action de l’infiltration de l’eau de pluie dans les pores, cette chaux s’hydrate et foisonne avec une pression d’expansion élevée.


Corrosion du plâtre

Le plâtre qui a fait prise, c’est-à-dire qui s’est retransformé en gypse, est très sensible à l’humidité en raison de sa solubilité et de sa porosité élevée : il faut deux fois plus d’eau pour gâcher le plâtre qu’il n’en est nécessaire pour provoquer la réaction complète de prise.


Altération du caoutchouc

Le caoutchouc est très sensible à l’oxygène, dont l’attaque est très fortement atténuée par l’emploi des antioxygènes à base de phénols lourds. Cette attaque est activée et catalysée par certains métaux, tels que le cuivre, le manganèse et leurs sels. Les essences, les huiles et les solvants chlorés attaquent le caoutchouc naturel, mais le Perbunan résiste à l’essence minérale, et les solvants benzéniques ou chlorés n’attaquent que très lentement les caoutchoucs du type thiokol. Certains oxydants, tels que le permanganate de potasse, transforment le caoutchouc en un produit résineux semblable au Celluloïd ou à la gomme laque.


Corrosion des peintures et des enduits

Les peintures à l’huile de lin sont détruites par la chaux ou les bétons de ciment Portland vieux de moins de six ans : la chaux saponifie l’huile avec formation d’oléate ou de stéarate de calcium. Les peintures peuvent aussi s’altérer par cloquage et écaillage sur certains matériaux : bois résineux ou bois mal séchés. Les peintures sur plâtre traité lors de la pose par des sels retardateurs de prise peuvent également cloquer. Enfin, les peintures à l’huile s’altèrent si on les applique sur de vieux fonds mal décapés qui ont été antérieurement peints avec des peintures bitumineuses au goudron.


Corrosion des matières plastiques

Très peu altérables, notamment le chlorure de polyvinyle plastifié et le polythène, les matières plastiques sont cependant attaquées par les acides faibles (acides organiques). Les résines mélamine-formoliques, le Nylon, le méthacrylate de méthyle (Plexiglas) et les résines formol-urée le sont d’une manière très atténuée et presque insensible. Les bases détruisent les résines caséine-formol, la fibre vulcanisée, les résines phénol-furfurol ainsi que les résines formol-urée. Les solvants organiques détruisent les résines cellulosiques, le polystyrène, le méthacrylate de méthyle, le chlorure de polyvinyle plastifié, mais non l’éthylcellulose et le caoutchouc chloré.

Par les rayons ultraviolets, la lumière attaque lentement certaines matières plastiques, telles que les résines formol-phénol, le caoutchouc chloré, les résines aniline-formol, les résines cellulosiques et les résines vinyliques. Les résines glycérophtaliques sont combustibles, mais elles résistent à tous les acides étendus et aux alcalis, faibles ou très dilués. En revanche, elles sont attaquées par les acides forts et les bases fortes concentrés.


Corrosion des bois

Les bois sont détruits par les microorganismes aptes à assimiler la cellulose (protection par antiseptiques). Ils sont sujets parfois à certaines « maladies » : cœur noir du frêne, bois rouge (résineux), échauffure, pourriture par champignons lignicoles, pourriture rouge du chêne, bleuissement des résineux, mérule. Pour leur préservation, on fait appel au dessévage, au séchage à l’air chaud et aux injections de sulfate de cuivre, de bichlorure de mercure et d’huile de créosote.

M. D.

 H. Lafuma, Liants hydrauliques : propriétés, choix et conditions d’emploi (Dunod, 1952 ; 3e éd., 1965). / J. Arrambide et M. Duriez, Agrégats, liants et bétons hydrauliques (Moniteur des travaux publics, 1959) ; Nouveau Traité de matériaux de construction (Dunod, 1961-62 ; 3 vol.). / H. Uhlig, Corrosion and Corrosion Control (New York, 1963 ; trad. fr. Corrosion et protection, Dunod, 1970). / P. Orlowski, Comment vaincre la corrosion métallique (Eyrolles, 1972).

corsaire

Marin pratiquant autrefois la guerre de course.