Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

correspondance (suite)

Les usages de l’édition ont suivi les goûts du public. Puisque les phrases les plus anodines tombées de la plume d’un auteur peuvent contribuer à le faire mieux connaître, la règle pour un éditeur moderne est de ne se permettre aucune coupure, aucune retouche, aucune liberté. L’histoire des éditions de Mme de Sévigné est pleine d’enseignements. Perrin, qui, au xviiie s., avait les moyens de procurer un texte parfaitement fidèle, s’est donné une peine considérable pour ôter aux lettres ce qu’elles avaient de libre, d’intime, de jaillissant. À partir du xixe s., le travail des éditeurs a consisté à essayer d’effacer les marques des interventions de Perrin, bien souvent irréparables.

Les éditions de correspondances récemment achevées ou en cours sont si nombreuses qu’il est impossible d’en rendre compte, même sommairement. Tous les siècles sont servis : le xvie avec Erasme ; le xviie avec Chapelain, Guilleragues, Mme de Sévigné ; le xviiie avec Voltaire, Rousseau, Diderot ; le xixe avec George Sand, Balzac, Mallarmé. Pour les auteurs du xxe s., il est rare qu’on publie dès maintenant leur correspondance complète, mais les éditions partielles se multiplient (Apollinaire, Barrés, Maurras, Gide, Claudel, Cocteau, etc.).

La situation actuelle est marquée par un paradoxe. Si notre époque se passionne pour les lettres du passé, elle n’offre pas à l’art épistolaire les meilleures conditions d’épanouissement : la rapidité des communications, le développement de la presse d’information, l’usage plus répandu du téléphone risquent, en facilitant la diffusion des nouvelles et les entretiens de vive voix, de rendre les lettres moins nombreuses et plus pauvres. Il faut espérer pourtant qu’on ne verra pas dépérir une pratique qui nous permet de n’être pas totalement prisonniers du présent.

J. R.

Corrèze. 19

Départ. de la Région Limousin ; 5 860 km2 ; 240 363 hab. (Corréziens). Ch.-l. Tulle. S.-préf. Brive-la-Gaillarde et Ussel.


Il correspond pour l’essentiel à l’ancien bas Limousin. Le relief est composé principalement de plateaux étages, s’élevant du sud (de 400 à 500 m) au nord (plus de 900 m), appartenant au socle cristallin et métamorphique du Massif central. Les plateaux du Sud dominent par faille la bordure sédimentaire et sont vigoureusement découpés par les gorges des rivières qui s’en échappent (Corrèze, Vézère, Auvézère, Loyre, etc. ; seule la vallée de la Dordogne s’élargit quelque peu en aval d’Argentat). Par suite de la variété des affleurements rocheux (granulites, gneiss, diorites, migmatites, houiller de la bordure sud-ouest, innombrables filons très divers) et de la dénivellation sensible avec l’Aquitaine, le socle a été vigoureusement et inégalement attaqué, et le relief est assez accidenté. À l’est de la Dordogne, la Xaintrie est plus élevée (de 650 à 700 m) ; elle est isolée et cloisonnée par des gorges puissantes (Auze, Maronne, Cère), et elle est surmontée en quelques points par les coulées les plus avancées du massif du Cantal. D’autres plateaux, entre 600 et 750 m (Ussel, Egletons), bordent la région la plus élevée, la Montagne limousine. Celle-ci, qui culmine à 978 m (mont Besson), est considérée comme le plus ancien d’une série de niveaux d’érosion issus de la pénéplaine posthercynienne et des retouches de celle-ci par des épisodes tertiaires. Cependant, si les croupes adoucies et les vallées mûres du plateau de Millevaches ont bien l’aspect d’une vieille surface d’érosion non rajeunie, la morphologie moderne insiste aussi sur les influences tectoniques (bombement à grand rayon de courbure de la Montagne, abrupt de Meymac, considéré comme dérivant d’une faille, etc.). Le sud-ouest du département est occupé par le bassin de Brive, très complexe : fosse profonde emplie de grès permiens rouges dès la fin du Primaire, recouverte ensuite par le Lias et le Jurassique calcaire ; ployée, lors du relèvement tertiaire, en anticlinal, cette région a été ensuite démantelée par l’érosion. La large confluence alluviale de Brive, vers 110 m, est enserrée par des collines confuses (dominées par des chicots de grès plus durs) et, surtout au sud, limitée par le rebord des plateaux du Quercy, avec déjà des aspects de véritables causses.

Le climat rude de la Montagne et des hauts plateaux (environ 17 °C en juillet, mais moins de 0 °C en janvier, plus de 110 jours de gelée, enneigement important, de 1 000 à 1 600 mm de précipitations) s’oppose à celui de la vallée de la Dordogne en aval d’Argentat, couloir où remontent les influences aquitaines (chaleur d’été, relative sécheresse), et surtout à celui du bassin de Brive, doux et abrité.

La Corrèze offre les paysages ruraux et les systèmes agricoles les plus variés du Limousin. La Montagne et les hauts plateaux du Nord, autrefois occupés par d’immenses landes de bruyère et livrés à un système seigle-pommes de terre-moutons qui fit vivre jusqu’à 20 habitants au kilomètre carré, se sont dépeuplés ; ils se couvrent de plantations d’épicéas et se tournent vers l’élevage naisseur des bovins de boucherie, mais le mouton connaît depuis peu un fort regain d’intérêt (agneaux). La Xaintrie a subi la contamination herbagère des plateaux cantaliens (élevage bovin mixte lait-veaux, race de Salers). Les plateaux cristallins méridionaux ont fait vivre jusqu’à 70 habitants au kilomètre carré d’une population de petits paysans propriétaires grâce au châtaignier et à une polyculture acharnée (céréales, noyers, porcs notamment). Le châtaignier est en grande partie délaissé, l’orientation vers l’élevage de boucherie ou mixte se précise, des efforts de renouvellement (vergers de pommiers de la région de Seilhac) apparaissent, stimulés par l’important marché briviste, et l’exode rural sévit intensément. Cependant, des abandons se marquent par l’extension de médiocres taillis de chênes ou par quelques plantations (la Corrèze a un taux de boisement de 23 p. 100, élevé pour le Massif central, mais ne tire que peu de ressources de ses bois). Le bassin de Brive, depuis longtemps tourné vers une économie spéculative, allie les cultures maraîchères aux noyers, au tabac et à l’élevage laitier en une riche polyculture assez intensive. Le tourisme populaire d’été est une importante ressource, surtout dans l’est et le nord du département, grâce à de nombreuses retenues sur les cours d’eau. Ces retenues sont liées à des barrages qui permettent la production de 2,5 TWh par an (les principaux sur la Dordogne : barrages de Bort-les-Orgues, de Marèges, de l’Aigle, du Chastang, d’Argentat).