Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Corée (suite)

De gros problèmes se posent cependant à cette agriculture, qui fait vivre plus de deux millions et demi de familles. La terre demeure insuffisante ; 22 p. 100 du sol seulement sont cultivables, et la superficie moyenne par exploitant demeure inférieure à un hectare (1,5 are par habitant seulement). La production du riz a été excessivement encouragée, et le régime alimentaire est peu diversifié (en dépit de l’extension des champs sur les versants). Surtout, le bas niveau de vie du paysan sud-coréen le maintient dans une situation précaire, et la « soudure » pose en maintes régions un problème annuel. Devant emprunter pour vivre, le cultivateur ne peut moderniser son exploitation, et le total de ses dettes a crû dans le rapport de 1 à 2,8 de 1956 à 1963. Les activités annexes, la pêche notamment et les élevages marins, scientifiquement développés par l’État, ne soulagent que partiellement ces campagnes surpeuplées (1,7 Mt de poissons en 1973).

L’industrie sud-coréenne se fonde sur des ressources minérales et énergétiques réduites et sur une main-d’œuvre abondante. Dès les débuts, le besoin d’acheter des matières premières a fait de la production et de la vente d’articles manufacturés une exigence fondamentale de cette activité. On extrait toutefois 12,4 Mt de houille (sur la haute Han en particulier), et 13 TWh d’électricité ont été produits en 1972. On cherche à développer l’extraction de l’or, du tungstène, de l’étain et des alunites ; en dépit de faibles ressources en fer, on a produit 1,9 Mt d’acier en 1974 ; l’importation continue de minerai demeure une condition vitale de la métallurgie sud-coréenne.

Ce sont surtout les industries fondées sur un large emploi de main-d’œuvre qu’avaient développées les Japonais. Elles demeurent le pivot de l’activité manufacturière : production de tissus, d’articles de cuir et de caoutchouc, produits métallurgiques élaborés à partir de fonte ou d’acier importés. La grande industrie chimique est axée sur les engrais (1,3 Mt) et le ciment (9 Mt). Jusque-là regroupées dans les deux centres de Séoul (principal marché de main-d’œuvre et de consommation) et de Pu-san (le plus grand port du pays), ces activités se voient actuellement décentralisées : le second plan quinquennal prévoit l’établissement d’une quinzaine de bases manufacturières en divers points du littoral ainsi qu’à Tä-gu (ou Taegu) et à Tä-čŏn (ou Taejon).


Les aspects régionaux

Plus encore que dans le Nord s’accuse ici le contraste entre l’Ouest d’une part, le Centre et l’Est de l’autre. À l’est en effet manquent les belles plaines qui caractérisent l’axe Tu-man - Wŏn-san, et, jusqu’au parallèle de Pu-san, une côte hostile et fermée limite la Corée sur la mer du Japon. On peut distinguer ainsi deux groupes de régions selon leur degré d’activité.

Les régions délaissées comprennent ce littoral oriental, les montagnes centrales et les côtes méridionales. Aucune voie ferrée ne parcourt l’étroit rivage de l’est, où l’exploitation forestière et la pêche, anciennes sources de richesses, sont en déclin. La ville principale (Kang-neung) n’a pas 40 000 habitants. Il en va de même des hauteurs centrales (monts T’ä-bäk [ou Taebek] et Sä-bäk [ou Saebek]), dont les quelques bassins forment des îlots de culture entre de grands versants bien déboisés. Les ressources minières (plomb, zinc, cobalt, molybdène) et hydrauliques ne sont pas bien mises en valeur, faute de voies de communication. L’anthracite est extrait près de Sam-č’ok et de Yong-wŏl. Les monts du Diamant, plus au nord, offriraient de grandes ressources touristiques.

Quant au Sud, région tiède et humide mais au relief montagneux, il porte plus de champs que de rizières, et ses innombrables rias abritent de nombreux pêcheurs. Le seul îlot de vie moderne de toutes ces régions se trouve autour du grand port de Pu-san (1 million d’habitants), tête de pont de tout le commerce de la péninsule sous les Japonais (150 km seulement le séparent de Kyūshū), qui y créèrent entrepôts et quais de type moderne. L’industrie transforme sur place bien des produits qui y transitent : rizeries, traitement des minerais, caoutchouc, textiles et produits chimiques. L’afflux des réfugiés politiques y pose, comme à Séoul, un problème aigu du logement.

Les régions actives sont les deux grandes plaines qui accompagnent jusqu’à la mer la Keum et surtout la Han. La dernière plaine, arrosée et fertile, devient peu à peu l’arrière-pays rural de la plus grande ville coréenne, Séoul*, dont les 5 millions d’habitants consomment son riz, ses fruits et ses légumes. Ils ont permis aussi l’établissement autour de la ville et de son port, In-č’ŏn (ou Inchon), du plus grand complexe manufacturier de la Corée du Sud. Plus au sud s’étend la plaine de la Keum, qui forme la plus riche région agricole du pays ; un climat humide et doux, de grands travaux d’irrigation, l’engraissage systématique des terres travaillées mécaniquement en faisaient un des greniers à riz du Japon. Elle le demeure (pour la Corée maintenant). Le port méridional de Mok-p’o est relié par voie ferrée au réseau général.


Les échanges et l’avenir

Ces activités alimentent un commerce important ; les États-Unis et le Japon sont les partenaires principaux, suivis de Hongkong, de l’Allemagne de l’Ouest et des Philippines. La Corée achète de l’équipement (machines, véhicules), des fibres textiles, du bois, du caoutchouc et du métal sous toutes ses formes. Elle vend ses produits manufacturés et, comme matières premières, de la soie et du graphite (60 000 t). Les ports de Pu-san et d’In-č’ŏn assurent l’essentiel des échanges. Comme au Nord, le réseau ferré est très actif, et une autoroute moderne, traversant tout le pays en diagonale, relie Séoul à Pu-san depuis mars 1970 (428 km).

Les perspectives sont aussi remarquables que les résultats déjà acquis. On prévoit l’extension des surfaces irriguées, la conquête de terres nouvelles sur la mer à l’exemple japonais et le développement de la sériciculture, grande source de devises. Deux raffineries de pétrole permettront de traiter 16 et 19 Mt par an à Ul-sam et Ho-nam, et on étudie une centrale nucléaire de 500 MW. On avait prévu pour 1971 une production de 1 Mt d’acier et de 9 Mt d’engrais.

Cette même année 1971, le commerce extérieur devait dépasser un milliard de dollars, soit le double du chiffre de 1968. Le second plan quinquennal guide tout cet effort.