Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

contrebassistes de jazz (suite)

À la fin des années 30, Jimmy Blanton apparaît dans l’orchestre d’Ellington comme le révolutionnaire de la basse : avec lui, l’instrument ajoute à son rôle harmonico-rythmique une fonction mélodique. Rares seront ensuite les bassistes qui échapperont à son influence. Ray Brown et Oscar Pettiford (1922-1960), ses plus remarquables disciples, développeront son style en insistant sur la sûreté harmonique et l’importance du volume sonore. Avec l’apparition du bop, la basse se maintient au premier plan de l’orchestre : c’est elle qui assure la pulsation fondamentale. Parmi les plus remarquables instrumentistes : Paul Chambers (1935-1969), que l’on entendra surtout auprès de Miles Davis, George Duvivier, Nelson Boyd, Percy Heath, Al McKibbon, Milt Hinton (venu des orchestres « swing », il s’adaptera sans peine à l’univers « bop »), Charlie Mingus, les frères Red et Whitey Mitchell, Tommy Potter, Eddie Safranski, Chubby Jackson, Wilbur Ware. L’apparition d’un virtuose comme Scott La Faro et du jazz « free » ainsi que l’utilisation (notamment par les musiciens pop) de la basse électrique vont confirmer et accélérer l’émancipation des bassistes ; ils sont désormais des musiciens et des solistes (improvisateurs) à part entière, à l’exemple de Gary Peacock, Charlie Haden, Richard Davis, Chuck Israels, Steve Swallow, Barre Phillips, Henry Grimes, Jimmy Garrison, Alan Silva, Miroslav Vitous.


Quelques contrebassistes de jazz


Jimmy Blanton

(Saint Louis, Missouri, 1921 - Californie 1942). Au sein de l’orchestre de Duke Ellington de 1939 à 1941, il fut l’un des principaux responsables d’une modernisation, surtout rythmique, de l’univers ellingtonien. Mais son rôle essentiel se situe au niveau instrumental : avec lui, la basse n’est plus seulement accompagnatrice ; solos à l’archet ou pizzicato, invention mélodique comparable à celle des autres improvisateurs, travail sur la sonorité et augmentation du volume sonore : ces divers éléments de son jeu, conjugués à une exceptionnelle virtuosité, font de Blanton le premier révolutionnaire de la basse et l’inspirateur de tous les bassistes modernes, voire « free ».

Enregistrements (avec Ellington) : Jack the Bear (1940), Pitter Panther Patter (1940), Mr. J. B. Blues (1940), Body and Soul (1940), Across the Track Blues (1940).


Scott La Faro

(Newark, New Jersey, 1936 - Geneva, État de New York, 1961). Il a d’abord parcouru tous les secteurs du jazz des années 50. C’est aux côtés du pianiste Bill Evans, du saxophoniste Stan Getz et en participant à quelques expériences d’avant-garde (l’enregistrement de Free Jazz pour double quartette d’Ornette Coleman) qu’il indiquera à tous les bassistes une direction nouvelle. Une sonorité volumineuse, une extraordinaire vélocité et des audaces mélodiques et harmoniques jusqu’alors inouïes lui ont permis de réaliser une émancipation définitive de la basse. Après lui, tous les bassistes modernes, « free » et non « free », peuvent être considérés comme des musiciens à part entière, libérés du ghetto traditionnel de la « section rythmique ».

Enregistrements : Autumn Leaves (avec Bill Evans, 1959), Free Jazz (avec Ornette Coleman, 1961).


Raymond Matthews, dit « Ray » Brown

(Pittsburgh 1926). Il est engagé par Dizzy Gillespie en 1945. Il devient ensuite l’accompagnateur — et le mari — d’Ella Fitzgerald. Membre du trio du pianiste Oscar Peterson jusqu’en 1965, il s’installe en Californie, où il s’impose comme l’un des musiciens les plus sollicités dans les studios d’enregistrement. Un des plus remarquables disciples, avec Oscar Pettiford, de Jimmy Blanton. Recherché surtout pour ses qualités d’accompagnateur, il est également capable d’improviser des solos mélodiquement très complexes.

Enregistrements : One Bass Hit No 2 (avec Dizzy Gillespie, 1946), Gipsy in my Soul (avec Oscar Peterson, 1956), Thumbstrings (1962), You look good to me (avec Oscar Peterson, 1964).

P. C.

contre-plaqué

Matériau présenté sous forme de panneau, constitué par un nombre impair de feuillets de bois naturel collés sous pression et disposés de façon à croiser leur fil selon des angles déterminés symétriquement par rapport au feuillet central.


Les contre-plaqués peuvent « travailler » dans tous les sens ; en outre, on peut les associer en épaisseur en leur donnant une âme creuse de façon à les raidir tout en leur gardant des qualités de légèreté exceptionnelles ; on réalise de ce fait un matériau apte à résister aux sollicitations dans toutes les directions, sans crainte de le voir se rompre par manque de ténacité à la flexion ou par raideur insuffisante, car le gauchissement qui peut lui être imposé, quelle qu’en soit l’orientation, fait toujours travailler les fibres dans leur sens naturel. Les progrès réalisés dans les dernières décennies ont permis l’exécution de panneaux complexes remplis d’une matière isolante, comme la poudre de liège, et de panneaux de contre-plaqué associés avec certains métaux inoxydables, tels que l’aluminium, le Duralumin, l’acier inoxydable, l’acier galvanisé et le laiton.


Collage des contre-plaqués

Avant l’apparition de nouvelles colles résistant à l’eau, à l’humidité et aux moisissures, les contre-plaqués n’étaient pas utilisés dans la construction, sauf pour les panneaux d’intérieurs. On utilisait alors des colles à base de gélatine et surtout à base de caséine, qui, du point de vue mécanique, étaient assez résistantes en milieu sec. Puis on a fait appel aux colles synthétiques, notamment aux colles à la Bakélite à base de résines thermodurcissables (résines phénol-formol). À l’heure actuelle, on utilise aussi d’autres résines thermodurcissables, des aminoplastes (urée et mélamine-formol). Elles se polymérisent à chaud (100-120 °C), sous pression, après adjonction d’un durcisseur, qui facilite la polymérisation ; on y adjoint souvent des charges (minérales ou organiques), afin de diminuer le prix de revient. Ces diverses colles synthétiques sont insensibles à l’humidité et ne risquent pas d’être attaquées par des champignons, des insectes et les divers types de « pourriture ». Il existe ainsi des résines polyesters et, mieux encore, des résines époxydes, de prix assez élevé, qui durcissent à froid avec l’emploi d’un catalyseur dosable à volonté : les résines époxydes, en particulier, sont rigoureusement insensibles à l’humidité.

Les éléments durcisseurs sont appliqués sur une des faces des pièces à coller, ou mélangés à la résine elle-même ; la vitesse de durcissement est réglable à volonté. On obtient ainsi des contre-plaqués particulièrement résistants à la rupture par flexion et au gauchissement.

Les bois collés doivent avoir une humidité de 5 à 6 p. 100 en moyenne, sans jamais dépasser 8 p. 100. La quantité de colle utilisée peut varier de 100 à 200 g au mètre carré suivant la viscosité et le bois utilisé.

La préparation des faces, c’est-à-dire des plis ou placages extérieurs, est effectuée soit par raclage à l’aide d’un racloir mécanique qui égalise la surface et améliore l’aspect, soit par ponçage avec une ponceuse mécanique munie de rouleaux abrasifs.