Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

contravention (suite)

La procédure de jugement est usuelle ; sur citation, le tribunal, composé d’un seul juge, d’un commissaire de police (du procureur pour la cinquième classe) et d’un greffier, prend connaissance du dossier et entend les témoins et le prévenu. La sentence est généralement prononcée aussitôt. La non-comparution personnelle peut être sollicitée du président par lettre valant présence et acquiescement et, lorsque la contravention n’est passible que d’une simple amende, il est possible de se faire représenter par toute personne munie d’une procuration spéciale. L’opposition à un jugement rendu par défaut est recevable dans les dix jours (un mois si l’intéressé ne réside pas en métropole). Si la peine encourue dépasse cinq jours de prison ou 60 F d’amende, il est possible de faire appel (déclaration au greffe dans les dix jours du prononcé ou de la signification du jugement).

Outre les peines d’amende et d’emprisonnement, le tribunal peut, dans certains cas (faux poids, engins de pêche prohibés, instruments et produits de jeux défendus, etc.), ordonner certaines confiscations ainsi que l’affichage ou l’insertion du jugement.

En revanche, dans deux cas, la procédure de police est fort simplifiée :
1o pour certaines infractions au roulage a été instituée, dès 1926, la perception directe de l’amende par l’agent verbalisateur, qui doit être en uniforme et délivrer un reçu tiré d’un carnet à souches ;
2o pour de nombreuses contraventions (à l’exclusion de celles dites « de quatrième et cinquième classes ») a été introduit en 1945 le système allemand de l’« amende de composition » : le juge impartit au contrevenant un délai d’un mois pour régler une somme légèrement inférieure au taux de l’amende encourue ; le paiement éteint l’action publique.

Quant aux mineurs, l’échelle des peines applicables est la suivante : lorsqu’ils sont âgés de moins de 13 ans, il n’y a lieu qu’à simple admonestation ; de 13 à 18 ans : au choix du juge, admonestation ou amende légale sans possibilité d’amende de composition.

Les rubriques de la contravention situent statistiquement la vie quotidienne, l’altruisme et le civisme d’un peuple, d’une région ou d’une profession. On y constate par exemple le taux excessif d’ivresses, le nombre élevé de rixes, l’insouciance dans la conduite automobile. Il s’agit d’une petite criminalité, mais combien révélatrice !

C’est en ce domaine qu’il conviendrait de limiter davantage encore l’emprisonnement (d’ailleurs peu usuel : 3 878 en 1972) et de lui substituer le système des « arrêts » accomplis pour des travaux d’utilité en fin le permis de conduire pour ces de semaine ; on pourrait aussi retirer mêmes périodes.

M. L. C.

 A. Mellor, les Contraventions et le tribunal de police après la réforme judiciaire (Libr. du « Journal des notaires et des avocats », 1959).

contrebassistes de jazz

Dans l’univers musical négro-américain, la contrebasse à cordes apparaît à force de paradoxes comme une sorte de monstruosité instrumentale.


Bien qu’elle soit le plus grand et le plus grave des instruments à archet, elle est celui que l’on entend le moins ; elle est à la fois le plus voyant et le plus discret des instruments utilisés par les jazzmen. Classée dans la catégorie « instruments à archet », elle est plus souvent utilisée, en fait, comme instrument à cordes pincées, c’est-à-dire jouée pizzicato. Enfin, si elle ne fait pas beaucoup de bruit, elle reste, malgré les changements de modes et de styles, un élément apparemment indispensable à l’orchestre de jazz.

À l’octave inférieure de celles du basson et du violoncelle, la contrebasse comporte quatre cordes accordées de quarte en quarte en descendant (sol, ré, la, mi) et a une étendue de deux octaves et demie.


Le vent, l’archet et les cordes

Jusqu’aux années 20, c’est un instrument à vent, le tuba, qui était utilisé dans les orchestres de jazz pour marquer les temps forts par l’émission d’une seule note grave (la note fondamentale de l’accord) et parfois pour jouer un bref solo ou un break. Séquelle des fanfares louisianaises, le tuba fut encore employé par nombre de groupes de style dixieland. Mais il fut peu à peu remplacé par la contrebasse à cordes, plus souple, plus apte à l’exécution des tempos rapides et au registre plus étendu. Empruntée aux orchestres symphoniques, elle fut d’abord utilisée de manière orthodoxe, c’est-à-dire à l’archet. Selon la légende, le jeu pizzicato fut inventé en 1911 par un musicien nommé Bill Johnson, qui, ayant cassé son archet, fut contraint de pincer les cordes de sa basse pendant tout un concert. Les qualités sonores et rythmiques de ce nouveau procédé ayant séduit musiciens et spectateurs, tous les contrebassistes adoptèrent cette technique, et, depuis ce jour, l’archet n’est plus utilisé que pour obtenir certains effets ou créer un climat particulier. Cependant, au cours des années 30, nombre de bassistes (John Kirby, Red Callender) étaient spécialistes en même temps de la basse à cordes et du tuba.

Dans le jazz traditionnel, le rôle essentiel de la basse est de fournir au reste de l’orchestre un soutien harmonique. D’où son importance paradoxale : si, le plus souvent, les auditeurs ont l’impression de ne pas l’entendre, il est en revanche indispensable que les musiciens sentent sa présence. Mais elle a aussi un rôle rythmique : dans le be-bop et ses dérivés, elle est parfois le seul instrument à assurer le maintien d’un rythme de base en marquant les quatre temps réguliers. Et seul le jeu pizzicato pouvait permettre une telle précision.


La longue marche

Des musiciens comme Walter Page (1900-1957) dans le grand orchestre de Bennie Moten et, surtout, Wellman Braud (1891-1966) dans celui de Duke Ellington utilisent la technique « slap » (la corde pincée vient frapper le manche de l’instrument) ; de plus, ils emploient des harmonies très simples, limitant généralement le choix des notes à la fondamentale de chaque accord. Parmi les premiers bassistes, il convient de citer également Ed Garland chez Kid Ory, Bob Escudero avec Fletcher Henderson et le vétéran George « Pops » Foster (1892-1969), qui accompagna presque tous les grands de La Nouvelle-Orléans, de Bunk Johnson à Louis Armstrong. C’est Walter Page qui développera le style « walking » (de to walk, marcher) ; utilisant une ligne mélodique de manière contrapuntique, il assurera le passage du jeu simpliste des bassistes « New Orleans » à celui des musiciens modernes. Outre Page chez Count Basie, les virtuoses de la basse se multiplient pendant les années 30 : John Kirby (1908-1952) avec Fletcher Henderson, Bob Haggart avec Bob Crosby, Slam Stewart (né en 1914), célèbre surtout pour sa façon de fredonner tout en jouant de la basse à l’unisson avec l’archet.