Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

contradiction et dialectique (suite)

« La loi de la contradiction inhérente aux choses, aux phénomènes, ou loi de l’unité des contraires, est la loi fondamentale de la dialectique matérialiste [...]. La conception matérialiste du monde nous apprend surtout à observer et à analyser le mouvement contradictoire dans les différentes choses, les différents phénomènes, et à déterminer, sur la base de cette analyse, les méthodes propres à résoudre les contradictions [...].

« Les contradictions existent dans le processus de développement de tout [...], du commencement à la fin. »

Cependant elles ont un « caractère spécifique » ; et, par conséquent, « les contradictions qualitativement différentes ne peuvent se résoudre que par des méthodes qualitativement différentes. Ainsi, la contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie se résout par la révolution socialiste [...] ; la contradiction entre les colonies et l’impérialisme par la guerre révolutionnaire nationale ; [...] les contradictions au sein du parti communiste se résolvent par la critique et l’autocritique. [...] Dans le processus de développement d’un phénomène important, il existe toute une série de contradictions. Par exemple, dans le processus de la révolution démocratique bourgeoise en Chine, il existe notamment une contradiction entre les classes opprimées de la société chinoise et l’impérialisme ; une contradiction entre les masses populaires et le régime féodal ; une contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie ; une contradiction entre la paysannerie et la petite bourgeoisie urbaine d’une part, et la bourgeoisie d’autre part... » Cependant, une contradiction est plus importante que les autres, et « ni la contradiction fondamentale dans le processus de développement d’une chose ou d’un phénomène ni l’avance de ce processus déterminé par cette contradiction ne disparaissent avant l’achèvement de ce processus [...]. En voici la raison : la contradiction fondamentale s’accentue progressivement à chaque étape de ce processus [...]. Quand l’impérialisme lance une guerre d’agression contre tel pays, les diverses classes de ce pays, à l’exception d’un petit nombre de traîtres à la nation, peuvent s’unir temporairement dans une guerre nationale contre l’impérialisme. La contradiction entre l’impérialisme et le pays considéré devient alors la contradiction principale, et toutes les contradictions entre les diverses classes à l’intérieur du pays (y compris la contradiction, qui était la principale, entre le régime féodal et les masses populaires) passent temporairement au second plan et à une position subordonnée. » [...]

Or, il y a à la fois lutte et identité entre les deux aspects qui s’opposent et dont le couple forme la contradiction : « Premièrement, chacun des deux aspects d’une contradiction dans le processus de développement d’une chose ou d’un phénomène présuppose l’existence de l’autre aspect qui est son contraire, tous deux coexistant dans l’unité ; deuxièmement, chacun des deux aspects contradictoires tend à se transformer en son contraire dans des conditions déterminées. C’est ce qu’on appelle l’identité. [...] Notre révolution agraire a connu et connaîtra le processus suivant : la classe des propriétaires fonciers, qui possède la terre, se transforme en une classe dépossédée de sa terre, et les paysans dépossédés de leur terre deviennent de petits propriétaires qui ont reçu de la terre. La possession et la dépossession, l’acquisition et la perte sont mutuellement liées dans des conditions déterminées, et il existe entre elles une identité. Dans les conditions du socialisme, la propriété privée des paysans, à son tour, se transformera en propriété sociale dans l’agriculture socialiste. [...] Nous autres, Chinois, nous disons souvent : « Les choses s’opposent l’une à l’autre et se complètent l’une l’autre. » Cela signifie qu’il y a identité entre les choses qui s’opposent. Ces paroles contiennent la dialectique, elles contredisent la métaphysique. « Les choses s’opposent l’une à l’autre », cela signifie que les deux aspects contradictoires s’excluent l’un l’autre ou qu’ils luttent l’un contre l’autre ; elles « se complètent l’une l’autre », cela signifie que dans des conditions déterminées les deux aspects contradictoires s’unissent et réalisent l’identité, et il y a lutte dans l’identité ; sans lutte, il n’y a pas d’identité. »

A. S.

 Mao Zedong, « À propos de la contradiction » (1937, dans Écrits choisis, t. II, Maspero, 1967). / V. I. Lénine, Cahiers sur la dialectique de Hegel (trad. du russe, Gallimard, 1938). / J. V. Staline, le Matérialisme dialectique et le matérialisme historique (trad. du russe, Éd. sociales ; 1945). / H. Lefebvre, le Matérialisme dialectique (P. U. F., 1947 ; nouv. éd., 1962). / P. Sandor, Histoire de la dialectique (Nagel, 1947). / P. Foulquié, la Dialectique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949 ; 6e éd., 1966). / B. Parain, Sur la dialectique (Gallimard, 1953). / M. Merleau-Ponty, les Aventures de la dialectique (Gallimard, 1955). / J.-P. Sartre, Critique de la raison dialectique (Gallimard, 1960). / L. Althusser, Pour Marx (Maspero, 1965). / L. Althusser et coll., Lire « le Capital » (Maspero, 1965). / A. Badiou, Théorie de la contradiction (Maspero, 1975).

contrat

Convention qui donne naissance à une ou plusieurs obligations.


Les contrats sont facultatifs, et le refus de contracter est licite, sauf cas exceptionnels (réquisition pour cause d’utilité publique).


Les contrats

Pour qu’il y ait contrat, il faut qu’il y ait consentement des parties.

La manifestation de volonté des contractants peut être expresse (exprimée par parole ou par écrit) ou tacite (présumée par le silence). Il faut que les différentes volontés se rencontrent pour qu’il y ait contrat ; lorsque les parties ne sont pas en présence au moment où l’offre est passée (contrats par correspondance ou par téléphone), la jurisprudence admet que le lieu d’expédition de l’acceptation fixe le lieu du contrat, qui est conclu au moment où l’offrant est informé de cette acceptation, par exception dès que le bénéficiaire d’une libéralité a manifesté son intention d’en profiter s’il s’agit d’un contrat à titre gratuit.