Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

constructions rurales (suite)

Le but de l’opération est donc en définitive de rentrer l’herbe rapidement en l’exposant le moins longtemps possible à la pluie. Il faut en effet quelques heures pour augmenter le pourcentage de matières sèches de l’herbe de 10 à 50-60 p. 100. Il faut souvent plusieurs jours pour faire du foin à 90 p. 100 de matières sèches ; dans ces conditions, il se trouve donc souvent exposé à la pluie au cours du fanage et subit de ce fait de lourdes pertes.

Agrandissement des structures d’exploitation, concentration des élevages, spécialisation, telles sont les grandes orientations de l’agriculture de l’avenir. Il est probable que d’autres mutations se produiront qui feront d’une partie importante des agriculteurs non seulement des producteurs, mais également des transformateurs.

L’agriculture s’est engagée dans l’économie de marché. Elle ne peut donc être compétitive que dans la mesure où elle met tout en œuvre pour abaisser ses coûts de production. Cela implique une recherche constante de l’amélioration de la productivité globale de son outil de production. En production animale, les bâtiments et les équipements représentent une lourde et inévitable charge. Dans la mesure où les agriculteurs accepteront des solutions techniques normalisées, sans doute deviendra-t-il possible, pour l’industrialisation des bâtiments et des équipements, d’obtenir des abaissements des coûts.

Quoi qu’il en soit, l’évolution générale est telle que les investissements dans les constructions rurales et leurs équipements ne peuvent plus être évités et iront vraisemblablement en croissant, obligeant les producteurs à rechercher sans cesse la meilleure productivité.

L. O.

Consulat

Gouvernement consulaire établi par la Constitution de l’an VIII et qui dura du 10 novembre 1799 au 18 mai 1804.


20 brumaire, 2 heures du matin. Goût du spectacle ou désir de cérémonie légale ? Lucien Bonaparte officie. À Saint-Cloud, dans l’Orangerie, il fait prêter serment à son frère Napoléon Bonaparte, à Emmanuel Sieyès et à Roger Ducos. Les destinées de la France sont entre leurs mains. Les quelques députés des assemblées, Anciens et Cinq-Cents, qui sont restés et se mêlent aux curieux venus de Paris et à la soldatesque qui les menace, en ont ainsi « décidé ».

Un coup d’État est une chose coutumière pour le Directoire. L’habitude est aussi de faire appel, en ces occasions, à un militaire. Mais celui qui a assuré le succès du coup d’État d’aujourd’hui va bientôt se découvrir, aux yeux des réformistes qui croient se servir de lui, comme un dictateur. Le régime qui s’instaure va leur échapper et interdire pour longtemps toute nouvelle aventure. Dès lors, l’historien se pose la question de l’unité ou de la rupture avec la période révolutionnaire qui précède, et, par suite, de la place que le « héros » peut jouer dans l’histoire.


La force des choses

La guerre, qui est elle-même provoquée par des forces sociales antagonistes, rend compte du coup de force accompli à partir du 18 brumaire (9 nov. 1799) contre le régime légal. Cette guerre se déroule au-dehors et au-dedans, en un même combat.

Au-dehors, l’Autriche, le royaume de Naples, la Turquie, la Russie se sont joints à l’Angleterre dans une seconde coalition. Les armées russes sont, pour la première fois dans l’histoire, aux portes de la France. Si Masséna les bat en Suisse, ce n’est qu’après une longue campagne et de multiples revers (1799). La situation reste encore, pour beaucoup, incertaine.

Au-dedans, ce sont les insurrections de l’Ouest, de la vallée de la Garonne et de la Belgique qui font craindre pour la république. Le but des uns et des autres est en définitive le même : abattre une Révolution subversive de l’ordre social et politique traditionnel. Contre la Révolution « niveleuse et conquérante » se dresse, une fois encore, la croisade des liberticides.

À Paris, les néo-Jacobins, qui recrutent parmi les petits-bourgeois et une frange populaire, le comprennent. Après avoir contraint, le 18 juin 1799 (30 prairial), trois membres de l’exécutif, trois Directeurs, à démissionner, ils ont, tenant les assemblées, forcé à prendre des mesures qui font revivre l’an II : loi des otages contre les parents des royalistes insurgés et des émigrés, impôt forcé sur les riches, ces « aristocrates » d’un autre type, levée en masse. Une fois de plus, parce qu’elle est opposée à l’ennemi sans merci, le privilégié français ou étranger, la Révolution française tend à se radicaliser.

La peur des possédants réapparaît. À côté des agioteurs, des spéculateurs et des affairistes qui, comme Richard-Lenoir ou Liévin Bauwens, ont édifié des fortunes neuves et s’inquiètent de les perdre, il y a dans la bourgeoisie, classe dominante à l’époque, les hommes de la banque, tel Jean Perrégaux, et ceux du commerce. Propriétaires de biens mobiliers ou immobiliers, ils voient la Révolution française consolider leur fortune, créée sous l’Ancien Régime. Désormais, le droit de propriété est reconnu sans entrave. Il implique non seulement l’indépendance du sol mais la liberté complète de l’entreprise commerciale et industrielle, « la faculté de développer sans limite la production, d’exploiter sans limite une main-d’œuvre qui ne dispose d’aucun moyen de défense, association et coalition lui étant interdites. Il implique le droit de faire fructifier les capitaux dont l’on dispose. » (Guy P. Palmade, Capitalisme et capitalistes français au xixe siècle.) Mais, dans ce monde « où les souverains sont les propriétaires » (Pierre Samuel Dupont de Nemours), la propriété tenue donne la capacité politique et sociale. Le bloc des bourgeois qui doivent tout à 1789 craint la réaction des nobles.

Ces derniers sont partout : aux frontières, dans les armées coalisées ou dans les bandes chouannes, mais aussi dans leurs châteaux. Nombreux sont ceux qui sont restés sur place pendant la période révolutionnaire. D’autres sont rentrés, qui ont mis à profit un réseau d’influences, parfois achetées, pour être radiés de la liste des émigrés. Nombreux sont ceux qui ont retrouvé des propriétés sauvegardées par quelque régisseur fidèle, prête-nom à la vente éventuelle de biens devenus nationaux. Ils commencent à devenir ce qu’ils seront dix ans plus tard, au côté des bourgeois sinon mêlés à eux : des notables ruraux. Pour l’heure, ils inquiètent la bourgeoisie révolutionnaire.