Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

albumen (suite)

Chez certains Palmiers (Cocos nucifera [Cocotier du Brésil] et C. butyracea [Cocotier des Indes]), on retire de l’albumen une abondante matière grasse. C’est la partie périphérique de l’albumen de ces noix de coco qui, séchée (coprah) et comprimée à chaud à la presse hydraulique, donne (jusqu’à deux tiers de son poids sec) une graisse blanche qui fond vers 30 °C. Autrefois réservée aux savonneries et à la fabrication de bougies, elle sert maintenant comme succédané du beurre et des graisses animales, et entre dans la composition des margarines et surtout des graisses végétales solides.

J.-M. T., F. T.

Albuquerque (Afonso de), dit le Grand

Conquistador portugais (Alhandra, près de Lisbonne, 1453 - en mer, près de Goa, 1515).


Descendant d’un fils naturel du roi Denis, Albuquerque est élevé à la cour d’Alphonse V, puis à celle de Jean II, dont il devient grand écuyer. En 1487 et 1488, il participe à l’élaboration du projet qui conduit à envoyer B. Dias doubler le cap des Tempêtes (le futur cap de Bonne-Espérance). Le voyage de Vasco de Gama (1497-1498) et la grande expédition de Cabral (1500) ouvrent enfin la route des Indes et des épices : un immense avenir commercial semble se dessiner pour le petit Portugal, qui va chercher à mettre fin au monopole commercial de Venise et de ses alliés. Tardivement (il a cinquante ans), Albuquerque est enfin pleinement engagé dans l’entreprise qui aboutit à édifier l’Inde portugaise. La deuxième expédition de Gama, qui était partie en 1502, avait multiplié des violences maladroites : les oppositions commencent à s’unir. Il faut envoyer des renforts. En 1503, Albuquerque commande l’une des trois escadres qui les amèneront. Un protégé des Portugais, le prince du Cochim (Cochin), retrouve son pouvoir grâce à eux, mais doit les autoriser à édifier un fort sur son domaine. En 1504, Albuquerque fonde une factorerie à Colão. Le nouveau courant commercial des épices, par l’intermédiaire lusitanien, commence à se développer. Un vice-roi de l’Inde est nommé, Francisco de Almeida, dont la flotte entreprend d’imposer le monopole commercial portugais sur tout l’océan Indien. Ainsi, en 1506, le Portugal tente un effort gigantesque pour couper définitivement la route de la mer Rouge aux navires arabes : une armada de 15 « naus », avec 1 300 hommes, est placée sous le commandement de Tristão da Cunha ; Albuquerque a la responsabilité de 6 navires. Socotorá est occupée pour contrôler la mer Rouge. Pour sa part, Albuquerque réussit à s’emparer d’Ormuz (1507), dominant ainsi l’entrée du golfe Persique. Mais les intrigues d’Almeida l’obligent à renoncer à cette entreprise. Le vice-roi devient en effet son implacable ennemi : il a reçu de Lisbonne des documents qui le destituent au profit d’Albuquerque. La passation des pouvoirs s’effectue avec beaucoup de mauvaise volonté, puisque Almeida va jusqu’à emprisonner Albuquerque à Cananor pendant trois mois, en 1508. Le vice-roi légitime sera libéré par des renforts arrivés du Portugal.

Sur le plan militaire, ses entreprises commencent mal puisque, avec Francisco Pereira Coutinho, il échoue dans un assaut contre Calicut. Albuquerque se retourne alors avec beaucoup d’audace contre Goa, dont il s’empare le 17 février 1510 : l’île restera sous la domination lusitanienne jusqu’en 1961. Les Portugais disposent désormais de la puissante base qui va leur permettre de se rapprocher encore des îles aux épices. Le prochain objectif est Malacca, aux confins des domaines commerciaux arabes et chinois : une factorerie portugaise, établie dès 1508, n’a pu s’y maintenir, ce qui donne le prétexte à une nouvelle expédition. Il faudra deux assauts à Albuquerque pour s’emparer de la ville (juill.-août 1511) ; le pillage en est très profitable, et le commerce arabe subit un coup très dur après ce haut fait. Mais le départ du gros des forces portugaises pour Malacca a été l’occasion d’une grande attaque ennemie contre Goa, qui est sur le point d’être enlevée. Albuquerque revient à temps (févr. 1512) pour dégager la place.

En février 1513, une dernière grande entreprise est mise en œuvre : une flotte de 20 navires portant 1 700 Portugais et 1 000 mercenaires malabārs se dirige vers Aden afin de contrôler enfin complètement le trafic de la mer Rouge. Malgré un bombardement de quinze jours, c’est un échec, et Albuquerque peut simplement effectuer une croisière en mer Rouge, la première faite par des chrétiens. Il devra se contenter, en 1515, de reprendre Ormuz. Malgré tout, la puissance d’Albuquerque, qui domine d’immenses régions, inquiète Lisbonne. Le roi le rappelle et nomme à sa place l’un de ses ennemis, Lopo Soares de Albergaria : le conquérant apprend la nouvelle par un navire portugais rencontré en mer. Avant même d’avoir regagné la terre, Albuquerque expire, après avoir écrit à son roi une lettre empreinte de dignité et de tristesse, dans laquelle il demande que les droits de son fils soient reconnus. Déchu, il laissait pourtant la puissance portugaise à son apogée dans l’Asie méridionale. Mais le rêve ambitieux du monopole complet sur la route des épices n’aura été une réalité que bien peu d’années pour le petit royaume lusitanien.

S. L.

➙ Empire colonial portugais / Portugal.

alcalins (éléments et composés)

Groupe de métaux comprenant le lithium, le sodium, le potassium, le rubidium, le césium et le francium.



La découverte des éléments

Le sel marin (chlorure de sodium) était connu depuis les temps les plus reculés. Le carbonate de sodium, qui existe à l’état naturel en Égypte, le carbonate de potassium, obtenu comme résidu de la combustion du bois, le salpêtre (nitrate de potassium) étaient utilisés dès la haute antiquité. Les Chinois se servaient de salpêtre pour préparer des matières incendiaires. Le sel ordinaire et le carbonate de sodium furent employés dans les embaumements égyptiens.

Le mot alcali (carbonate de sodium) est d’origine arabe (al-qilyi). C’est Black (1728-1799) qui expliqua la nature chimique différente des alcalis doux (carbonates) et des alcalis caustiques (hydroxydes) ; Davy*, en 1807, isola le sodium et le potassium par électrolyse de l’hydroxyde fondu. Les Français Gay-Lussac* et Thenard préparèrent en 1808 ces métaux par action au rouge du fer sur les hydroxydes et montrèrent définitivement que « les alcalis caustiques » sont des hydroxydes.

Le lithium fut découvert par le Suédois Arfvedson (1792-1841), et le métal obtenu en 1818 par Davy. Le césium fut découvert par étude spectroscopique en 1860 par Bunsen* et Kirchhoff*, qui, de la même façon, trouvèrent le rubidium en 1861.

En 1939, Marguerite Perey (1909-1975), en France, découvrit le francium et le situa dans la case vide de la classification périodique que Mendeleïev avait réservée pour un élément à découvrir, le désignant à l’avance par ékacésium. (V. radioéléments.)