Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Constant (Marius)

Compositeur et chef d’orchestre français (Bucarest 1925).


Il fait ses études au conservatoire de sa ville natale et remporte le prix Enesco en 1943 (piano et composition). Au Conservatoire de Paris, il est l’élève d’Olivier Messiaen et de Tony Aubin (premier prix d’analyse et de composition, 1949). Il suit également l’enseignement de Nadia Boulanger et, à l’École normale de musique, celui de Jean Fournet pour la direction d’orchestre.

Son stage au Club d’essai de l’O. R. T. F. oriente sa conception de la matière sonore, ainsi qu’en témoigne l’évolution de son écriture polyphonique, laquelle, nettement diatonique dans son Trio d’anches (1949), incline peu à peu vers un dodécaphonisme libre, tendant dans les 24 Préludes pour orchestre (1958) à la constitution d’« objets sonores », par analogie avec ceux de la musique concrète. De cette technique relèvent d’ailleurs directement deux œuvres : le Joueur de flûte (ballet radiophonique ; prix Italia, 1952) et Haut Voltage (1956), monté par Maurice Béjart.

Marius Constant, soucieux avant tout d’exprimer son univers intérieur, peuplé d’impressions et d’images, a toujours refusé les contraintes du sérialisme ; d’où les jugements sévères portés sur lui par les zélateurs de cette école. Il a cependant rejoint l’avant-garde en 1962 par le biais des méthodes aléatoires, dont les Chants de Maldoror, pour chorégraphe - chef d’orchestre, récitant, 23 musiciens improvisateurs et 10 violoncelles, sont une illustration spectaculaire.

En 1963, Marius Constant a fondé Ars nova, ensemble de musique contemporaine et d’improvisations collectives, dont il est le chef permanent.

Autres œuvres

Orchestre

Turner (1961), créat. Aix-en-Provence. Chaconne et Marche militaire (1968), créat. Paris. Equal (1970), pour 5 percussions, créat. Paris. 14 Stations (1970), pour 1 percussionniste et 6 instruments, créat. Royan.

Orchestre de chambre

Ponant 19 (1964). Winds (1968), créat. Aix-en-Provence. Moulins à prières (1970), pour double clavecin.

Ballets

L’Éloge de la Folie (1966), créat. Paris. Le Paradis perdu (1967), créat. Covent Garden.

Musique vocale

Par le feu, Cinq Chants et une vocalise, pour soprano et orchestre (1969).

R. S.

Constantin le Grand

En lat. Caius Flavius Valerius Aurelius Constantinus (Naissus [Niš] v. 280 - Nicomédie 337), empereur romain (306 - 337).


Fils de Constance Chlore, qui régna de 305 à 306, et de sainte Hélène, il fut le premier empereur chrétien.


Vers le pouvoir

Lorsque Dioclétien fait de Constance Chlore un césar, il garde le jeune Constantin en otage à Nicomédie et l’emmène avec lui lors d’une expédition en Égypte, en 295-296. Galère est hostile à Constantin et ne lui accorde que la dignité de césar, en 306, alors que, à la mort de son père, les soldats l’ont proclamé auguste. L’année suivante, Constantin se fait reconnaître auguste par Maximien, dont il épouse la fille Fausta. Les empereurs réunis à Carnuntum en 308 essaient, mais en vain, de le persuader de se contenter d’être un césar. C’est bien là le début d’une carrière qui va consister à grignoter progressivement une tétrarchie en décomposition.

Pendant quelques années, Constantin gouverne la Bretagne, la Gaule et l’Espagne. Il s’allie un moment avec Maxence, fils de Maximien, maître du pouvoir à Rome en 306. Mais Maximien, qui a abdiqué malgré lui en même temps que Dioclétien, essaie de reprendre le pouvoir en provoquant un soulèvement contre son gendre Constantin. Celui-ci a le dessus et force Maximien à se tuer (Marseille, 310).

Après s’être assuré l’appui de Valerius Licinius Licinianus, l’un des augustes d’Orient, il s’attaque à Maxence : par Vérone, Aquilée et Modène, il parvient devant Rome avec une armée relativement faible. Ayant rencontré les troupes de Maxence le 28 octobre 312 au pont Milvius, sur le Tibre, il est encore vainqueur, et Maxence se noie. De son côté, Licinius se débarrasse de son collègue impérial en Orient, Maximin Daia (bataille d’Andrinople, 313).

Entre Constantin et Licinius, la brouille inévitable, se traduit par des guerres successives. Licinius persécute les chrétiens, considérés comme des alliés de son collègue. Vaincu lui aussi près d’Andrinople, en 324, il doit se rendre à Constantin, qui, après lui avoir promis la vie sauve, le fait exécuter. Constantin est dès lors seul maître de l’Empire.


Vers le christianisme

À l’origine et bien qu’il ait pu ne pas être dépourvu de sentiments chrétiens ou favorables aux chrétiens par tradition familiale, Constantin s’était placé sous le patronage d’Hercule, dans le cadre des filiations divines de la tétrarchie. À partir de 309, il s’attache au culte du Soleil, qui apparaît sur ses monnaies à la place d’Hercule. En 310, en Gaule, il a une vision, celle d’Apollon (qui n’est autre que le Soleil), qui lui promet un long règne. À la veille de la bataille du pont Milvius, ou au cours même de la bataille (les récits anciens divergent autant qu’il est possible), il aurait eu une nouvelle vision, celle d’un signe, dans le ciel, qui devait lui donner la victoire (in hoc signo vinces) et qu’il devait marquer sur les boucliers. Certains pensent, assez justement, que ce récit ne serait qu’un « réarrangement chrétien » de la première vision. La vision elle-même d’un signe rappelant le chrisme a été jugée possible du fait de l’éclairage cruciforme que peuvent produire les rayons solaires bas sur l’horizon et réfractés sur des nuages de glace. Toujours est-il qu’on vit apparaître le chrisme sur les boucliers, sur le casque de Constantin et sur son étendard, le labarum, cela étant attesté par les monnaies dès les années 314 à 317.

En fait, des symboles du culte solaire continuèrent à figurer sur les monnaies jusqu’en 324-325, tout comme si Constantin avait hésité entre paganisme et christianisme ou cherché à ne pas se prononcer. Peut-être a-t-il alors professé quelque croyance en un monothéisme syncrétique fait de traditions païennes, de quelques idées chrétiennes et de philosophie néo-platonicienne.