Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

conjonctive (suite)

Avant l’avènement des antibiotiques, les conjonctivites étaient essentiellement microbiennes. Il s’agissait de conjonctivites aiguës catarrhales, souvent contemporaines d’infections rhino-pharyngées provoquées par le staphylocoque, le streptocoque, le pneumocoque, le bacille de Weeks. Il s’agissait encore de conjonctivite catarrhale subaiguë due au diplobacille de Morax, de conjonctivites purulentes dues aux germes banals des conjonctivites à fausse membrane imputables au streptocoque, au pneumocoque et au bacille diphtérique. La conjonctivite gonococcique du nourrisson a pratiquement disparu depuis l’instillation systématique à la naissance de collyre antiseptique ou antibiotique. Actuellement, les conjonctivites les plus fréquentes sont d’origine allergique ou virale.

Les conjonctivites virales sont souvent accompagnées d’une atteinte de la cornée, qu’il s’agisse des conjonctivites à inclusions associant la présence de follicules et d’adénopathies périauriculaires, ou bien des conjonctivites à adéno-virus de symptomatologie voisine. Elles peuvent aussi survenir dans le cadre d’une maladie virale générale : rougeole, rubéole, mononucléose, hépatite.

Les conjonctivites allergiques sont très fréquentes. L’allergène responsable, non constamment retrouvé, peut être un pneumo-allergène (poussière, pollen), un germe existant dans l’organisme au niveau d’un foyer quelconque, un produit mis au contact du malade (cosmétique, médicament, lessive).

Enfin, la conjonctivite printanière, souvent très aiguë, survient chez certains sujets à chaque printemps sans que l’on reconnaisse toujours d’agent causal. Les mycoses, les parasitoses, les irradiations (ophtalmie des neiges, coup d’arc) sont plus rarement responsables.

Le trachome, ce fléau des pays à niveau de vie peu élevé, est une kérato-conjonctivite contagieuse due à un gros virus. Cette conjonctivite, accompagnée de lésions cornéennes (pannus), laisse des cicatrices très graves de la cornée et des paupières. Le traitement par les antibiotiques et les sulfamides, associé à la prophylaxie et organisé en campagnes de masse, est très actif.

F. V.

 E. Salgado, Sémiologie vasculaire de la conjonctive (Doin, 1963).

conjoncture

Description, explication et prévision des variations non saisonnières de l’activité économique d’un espace géographique pendant une période de temps.
Étude des lois qui régissent ces variations.



Généralités

Le terme conjoncture est d’un usage récent : les six épais volumes du véritable corpus que constituait à l’époque le Répertoire général d’économie politique ancienne et moderne (1846-1848) d’A. Sandelin ignoraient purement et simplement ce mot. Cependant, dès le xviie s., celui-ci était synonyme d’événement, de rencontre, de hasard, de situation. C’est bien encore le sens qu’il revêt aujourd’hui, mais avec une affectation plus précise. On lit dans l’Essai sur la répartition des richesses et sur la tendance à une moindre inégalité des conditions (1880) de Paul Leroy-Beaulieu : « La fortune, le hasard, voilà l’élément accidentel qui tient une grande place dans toutes les affaires humaines ; la Konjonktur, comme disent les Allemands. »

Le mot n’est donc pas neuf, ni son emploi rare. Mais il s’en faut de beaucoup que le concept soit précis. Sous beaucoup de plumes, « conjoncture » devient un mot savant pour « mouvement », les « fluctuations de la conjoncture » constituant alors un pléonasme. L’opposition avec la structure, réputée stable, parvient mal à lui donner un contenu. Toutefois, à la suite des travaux de Jean Marczewski, la notion de conjoncture économique a été précisée en distinguant la conjoncture de l’étude des fluctuations cycliques, de celle de la croissance économique et de celle des variations saisonnières.

L’étude des fluctuations cycliques tend à dégager ce qui, dans l’ensemble des variations économiques, peut être considéré comme approximativement « périodique et régulier ». Cette étude, au moins jusqu’en 1950, a constitué l’essentiel de la théorie économique. Pour mener à bien l’étude des fluctuations cycliques, note J. Marczewski, « il faut éliminer des variations générales de l’activité économique tout ce qui n’est pas cyclique (notamment la tendance séculaire et les variations accidentelles) et ce qui, étant cyclique, est dû à des causes différentes et possède une périodicité différente (variations saisonnières). L’étude du cycle économique se place, par conséquent, nécessairement à un niveau supérieur d’abstraction et porte sur une réalité consciemment simplifiée et appauvrie, afin de dégager un aspect bien déterminé des variations économiques : leur caractère récurrent et approximatif régulier. »

L’étude de la croissance économique, qui a détrôné celle du cycle, repose également sur une simplification partielle de la réalité. Pour étudier les facteurs directs de la croissance, on est amené non seulement à se situer dans un plus long terme, mais aussi à éliminer de la réalité observable tout ce qui est étranger à l’objet propre de l’étude poursuivie : variations cycliques, saisonnières et accidentelles. Ces démarches simplificatrices et théoriques sont, bien entendu, parfaitement légitimes et nécessaires. Il n’est pas moins vrai que le phénomène brut des variations économiques totales, tel qu’il se présente dans la réalité économique quotidienne, est lui aussi un sujet de préoccupations parfaitement digne d’intérêt. Cela d’autant plus que les sujets réels de la vie économique (ménages, entreprises, administrations) subissent uniquement les effets globaux des variations économiques et réagissent uniquement à ces effets, sans établir de distinctions savantes entre le cycle, la tendance séculaire et les autres genres de variations. Il convient pourtant de faire une exception pour les variations saisonnières — dues à des causes bien déterminées —, qui sont pleinement reconnues et implicitement éliminées des décisions de moyenne et de longue période. Dans ces conditions, « la conjoncture économique », en tant que phénomène concret, est, selon M. Jean Marczewski, « l’ensemble des variations non saisonnières de l’activité économique d’un espace géographique, pendant une période de temps ».