Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Alberta (suite)

Ces progrès sont dus surtout à l’expansion des industries extractives. La production houillère s’est redressée récemment, l’Alberta livre aujourd’hui 9 Mt de charbon (la moitié de la production canadienne), destinées aux centrales des Prairies ou exportées au Japon pour les mêmes usages. Une ligne de chemin de fer, qui a été achevée en 1969, dessert les nouveaux bassins de Grande Prairie et de Grande Cache, dont la production est réservée au Japon.

Mais le développement le plus remarquable concerne les hydrocarbures. Il est jalonné de quelques dates importantes : en 1914, on trouve du pétrole dans la Turner Valley ; entre 1946 et 1950, les sondages révèlent des ressources considérables de pétrole et de gaz — aussitôt mises en exploitation — à Leduc, à Redwater et à Lloydminster ; on découvre les vastes champs pétrolifères de Pembina en 1953 et de Swan Hills en 1957. Les secteurs les plus productifs sont actuellement ceux de Pembina et de Swan Hills-Deer Mountain pour le pétrole, de Provost, de Viking-Kinsella, de Medicine Hat et de Cessford pour le gaz. Plus de 60 Mt de pétrole et plus de 60 milliards de mètres cubes de gaz sont extraits. Sur le réseau de distribution provincial se greffent des gazoducs et des oléoducs vers la Colombie-Britannique, le Montana, les États du nord-ouest des États-Unis et même la Californie, ainsi que vers la Saskatchewan, le Manitoba, le Midwest et les provinces laurentiennes. L’extraction des hydrocarbures tient ainsi la première place dans la production de l’Alberta (30 p. 100).

Les principales industries de transformation sont liées à l’extraction et au transport du pétrole (raffineries, pétrochimie, matériel de forage, tubes) ou dérivées de l’élevage et de la culture des céréales (abattage du bétail, conditionnement de la viande, beurre, fromage, meunerie, brasserie).

Le développement concomitant des industries et du secteur tertiaire a entraîné l’urbanisation de la province. La population rurale (73 p. 100 en 1901) ne compte plus que pour un tiers, tandis que près de la moitié du total se rassemble à Edmonton et à Calgary.

Calgary

Calgary demeura une très petite ville jusqu’aux années 1910-1914. Ce ne fut d’abord qu’un poste de la police montée (1875) et un point de passage pour les trappeurs de la Compagnie de la baie d’Hudson. Malgré l’arrivée du rail (1883), l’installation d’agences de colonisation fédérales et la construction de parcs à bestiaux, on ne comptait qu’un millier d’habitants vers 1890. L’expansion urbaine date de l’organisation des premiers périmètres irrigués sur la Bow un peu à l’est de Calgary à partir de 1904 (Western Irrigation District) et surtout de la découverte du pétrole et du gaz dans la Turner Valley, au sud de la ville.

Trois branches d’activité principales expliquent l’accroissement rapide de la ville au cours des dernières années. Située sur la première ligne du Canadian Pacific Railway, commandant le col de Kicking Horse, Calgary dispose des ateliers de chemin de fer les plus importants entre Winnipeg et la côte pacifique. Quoique tardifs, les progrès de l’agriculture irriguée et de l’élevage dans le sud-ouest de la province ont fait de Calgary un centre de commerce des céréales et du bétail ainsi qu’un centre d’industries alimentaires (meunerie, laiterie, conditionnement de la viande). Surtout, Calgary est la capitale pétrolière du Canada. On y raffine le pétrole, on y fabrique des engrais, on y extrait le soufre du gaz naturel, on y construit du matériel de forage et des tubes. Nombre d’associations de géologues, de prospecteurs, de sociétés pétrolières, de compagnies de piquetage et de forage y ont leur siège.

Calgary s’étend sur les deux rives de la Bow et de son affluent, l’Elbow. La ville, qui a un plan en damier orienté selon les points cardinaux, ne manque pas d’agrément : le ciel est clair (le gaz est le seul combustible utilisé), et les îles alluviales de la Bow ont été aménagées en parcs.

La population a franchi le cap des 100 000 habitants à la fin de la Seconde Guerre mondiale et s’est élevée à 129 000 en 1951 et à 279 000 en 1961. Elle dépasse aujourd’hui 330 000 habitants.

P. B.

➙ Edmonton.

Alberti (Leon Battista)

Architecte et humaniste italien (Gênes 1404 - Rome 1472).


Fils d’un riche marchand florentin, Alberti est né à Gênes, où sa famille s’était réfugiée, victime d’une proscription. Il étudia à l’université de Padoue, puis à Bologne où il obtint un diplôme de droit canon. Devenu secrétaire de la chancellerie pontificale, il séjourna longuement à Rome et eut ainsi l’occasion d’approfondir sa connaissance de l’architecture antique.

De 1424, date à laquelle il écrivit sa première œuvre, à 1450, son activité fut surtout littéraire. Elle permet d’apprécier, par sa variété, l’étendue des connaissances et des préoccupations d’Alberti : traités sur la famille, le droit, l’agriculture, les devoirs des évêques, mais aussi comédies en latin, dialogues amoureux. Leur auteur apparaît, malgré sa parfaite culture latine, comme un initiateur dans l’emploi de la langue italienne. Il composa pour elle une grammaire et organisa en 1443 un concours public de poésie italienne. Mais, pendant cette période, s’élaborèrent aussi ses conceptions artistiques. Revenu à Florence en 1434, Alberti y fréquenta les plus grands maîtres, Ghiberti*, Donatello* et surtout Brunelleschi*, à qui est dédié son traité sur l’art de peindre, le Della pittura (1436) — auquel fait pendant le De statua, concernant la sculpture, beaucoup plus tardif. Il commença en outre la publication d’un plan complet de la ville de Rome (Descriptio urbis Romae, 1444).

Son activité architecturale se déploya surtout à partir du milieu du siècle. En 1450, il fut chargé par Sigismondo Pandolfo Malatesta de transformer l’église San Francesco à Rimini (« Tempio malatestiano »). Le bâtiment gothique fut entouré d’arcades en plein cintre, et la façade recomposée en arc de triomphe romain. À Florence, Bernardo Rossellino (1409-1464) réalisa sur les plans d’Alberti la façade du palais Rucellai (1446-1451), qui fut considérée comme le modèle de l’emploi des ordres antiques, superposés de façon à lier entre eux les trois étages. Plus tard, la transformation de l’église Santa Maria Novella marqua également une date : les deux étages de la façade furent reliés par des volutes joignant en élévation la nef centrale aux bas-côtés. Mieux encore que ces transformations, deux églises de Mantoue, entièrement conçues par Alberti, montrent que celui-ci se détachait plus complètement de l’esthétique gothique que son aîné Brunelleschi. Si Sant’Andrea (1470) présente un plan en croix latine, à nef unique flanquée de chapelles latérales, avec, en façade, un majestueux avant-corps à pilastres colossaux, San Sebastiano (1460) a un plan central en croix grecque. On a dit de ce parti qu’il était le fait majeur de l’évolution de l’architecture au xve s. : l’unification de l’espace intérieur doit amener l’esprit à se concentrer par la contemplation de l’architecture.