condottiere (suite)
La condotta
Contrat signé par-devant notaire entre un État (ville, prince) et un chef de guerre professionnel, qui a réuni une compagnie de soldats mercenaires bien entraînés, la condotta précise la durée et l’importance de l’engagement (nombre d’hommes ou de lances), la rétribution du capitaine (provision financière, parfois concession de terres, de châteaux, de villes), la solde remise aux combattants, qui est fonction de l’importance de leur participation au combat (ainsi, les cavaliers sont-ils mieux rétribués que les fantassins [fanti]). Un serment prêté entre les deux parties consolide l’engagement, qui précise en outre la durée du délai (six mois en général) pendant lequel, après son expiration, la compagnie ne peut contracter une nouvelle condotta avec une puissance combattant celle qu’elle vient de servir. Malgré cette précaution, les termes du contrat ne sont pas toujours scrupuleusement respectés, notamment en ce qui concerne les effectifs, en raison de la pratique des passe-volants, figurants engagés pour vingt-quatre heures lors de la revue des troupes qui précède immédiatement la signature de la condotta et qui disparaissent aussitôt pour le plus grand profit du capitaine, qui touche le montant de leur solde sans avoir à les rétribuer.
L’organisation interne des compagnies de mercenaires
L’unité de base de ces compagnies est la lance (ou barbue), formée de trois hommes montés : le lancier sur un destrier, l’écuyer sur un cheval de selle et le page sur un roncin. Contrairement à l’affirmation d’Edmond René Labande et comme l’a fort bien démontré Ferdinand Lot, la lance ne comprend qu’un combattant, le lancier, et non trois, encore que l’écuyer, qui l’habille et porte ses armes, et que le page, qui entretient ses chevaux, puissent être amenés à se battre. Cinq lances constituent un poste, dix une enseigne, vingt-cinq une bannière, commandés respectivement et hiérarchiquement par un caporal, par un décurion et par un connestable sous l’autorité suprême du chef de la compagnie, le capitaine, qui possède deux destriers, un cheval de parade pour les entrées dans les villes conquises, que solennise la présence à ses côtés de trois musiciens et d’un tambour.
Deux à dix maréchaux et des sous-maréchaux aident le capitaine à maintenir une stricte discipline ; celui-ci rétribue en outre un chancelier, un clerc, des conseillers et des trésoriers, qui contribuent à faire de la compagnie un véritable État ambulant particulièrement dangereux pour le maintien de l’ordre dans la péninsule.
P. T.
➙ Milan / Sforza / Venise / Visconti.
E. Ricotti, Storia delle compagnie di ventura in Italia (Turin, 1844-45, 4 vol. ; 2e éd., 1893, 2 vol.). / E. R. Labande, Rinaldo Orsini, comte de Tagliacozzo (Picard, 1939). / F. Lot, l’Art militaire et les armées du Moyen Âge, t. I (Payot, 1947). / C. C. Bayley, War and Society in Renaissance Florence, the « De Militia » of Leonardo Bruni (Toronto, 1961).