Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

condensation (suite)

Moyens d’éviter la condensation sur une paroi

Pour atteindre ce résultat, on peut :
— accroître la température externe (par chauffage entre deux plafonds superposés ou sous un shed) ;
— augmenter la température intérieure (mais il faut se garder d’accroître en même temps l’hygrométrie de la pièce) ;
— réduire le degré hygrométrique intérieur (c’est le problème du conditionnement de l’air) ;
— éliminer de la vapeur, aux points où elle se produit, en plaçant des « hottes » ;
— effectuer une ventilation sous le plafond avec de l’air préalablement chauffé ;
— s’opposer à la déperdition de chaleur de la pièce en protégeant les parois (et le plafond si nécessaire) par des isolants efficaces, le meilleur isolant courant étant un enduit en plâtre de 2 à 2,5 cm d’épaisseur.

Le plâtre en enduit, une fois sec, est apte à condenser de la vapeur dans ses pores, si l’hygrométrie de la pièce vient à s’élever. Toutefois, les matériaux isolants poreux, favorisant la condensation et accumulant progressivement l’humidité dans leurs capillaires, deviennent plus conducteurs de la chaleur et du froid, et, de ce fait, diminuent le confort.


Les barrières de vapeur

Entre l’isolant thermique supérieur (généralement fibreux et poreux) et les matériaux poreux situés dessous, on interpose une couche imperméable à la vapeur : c’est l’écran-vapeur (ou barrière de vapeur), qui doit être imperméable à la vapeur d’eau et qui ne doit pas être adhérent à la paroi froide supérieure ; cependant, de nombreuses matières imperméables à l’eau liquide étant perméables à la vapeur d’eau, on choisira comme matière d’écran-vapeur des feuilles de polythène ou des compositions à base de résines époxydes.

M. D.

➙ Brouillard / Capillarité / Neige / Nuage / Pluie.

 Société académique Hütte, Des Ingenieurs Taschenbuch (Berlin, 1951-1955 ; 5 vol. ; trad. fr. Manuel de l’ingénieur, Béranger, 1960-1962 ; 2 vol.). / R. Cadiergue, Isolation et protection du bâtiment (Eyrolles, 1954 ; nouv. éd., 1968). / M. Duriez et J. Arrambide, Nouveau Traité de matériaux de construction (Dunod, 1961-1962 ; 3 vol.). / G. E. Varlan, l’Étanchéité dans la construction (Eyrolles, 1964).

Condillac (Étienne Bonnot de)

Philosophe français (Grenoble 1714 - abbaye de Flux 1780).


Après une enfance maladive, il va faire ses études à Lyon (il y rencontrera J.-J. Rousseau). Son frère, l’abbé de Mably, l’emmène à Paris. Il entre au séminaire de Saint-Sulpice, mais la philosophie l’intéresse plus que la théologie : ordonné prêtre en 1740, il renonce vite au sacerdoce et entre dans le monde. Il y fréquentera les encyclopédistes et se liera avec Diderot, Fontenelle, etc. Il publie en 1746 l’Essai sur l’origine des connaissances humaines, ouvrage où l’on réduit à un seul principe tout ce qui concerne l’entendement humain, en 1749 le Traité des systèmes, en 1754 le Traité des sensations et en 1755 le Traité des animaux. À Parme, où il est de 1758 à 1767 précepteur du futur duc, il rédige un Cours d’études, qui paraît en 1775. Il publie en 1776 le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre et en 1780 la Logique, que lui avait commandée le comte Ignacy Potocki. Il meurt le 3 août de la même année. En 1798, un ouvrage posthume, la Langue des calculs, est édité dans ses Œuvres complètes. Condillac est également l’auteur d’un Dictionnaire des synonymes de la langue française.

On lui doit un des plus célèbres mythes de la philosophie moderne : cette statue qui est, si l’on peut dire, l’héroïne du Traité des sensations, puisque cet ouvrage retrace l’apparition et le développement des idées que cette statue acquiert quand on lui accorde successivement l’usage des différents sens. Ce mythe sert en effet à établir que toutes nos idées dérivent des sensations. Mais il faut distinguer les divers sens. En particulier, seul le toucher peut donner l’idée d’un corps extérieur au sujet sentant, car il est le seul sens actif. Pour les autres, la sensation n’est qu’une modalité du sujet sentant. D’où la célèbre formule : « Si nous lui [la statue] présentons une rose, elle sera par rapport à nous une statue qui sent une rose ; mais par rapport à elle, elle ne sera que l’odeur même de cette fleur. » La qualité est un attribut du sujet.

Une autre formule également célèbre résume la logique de Condillac : « La science est une langue bien faite. » Le défaut de la connaissance tient en effet à l’imparfaite correspondance des signes et des idées, et seule l’analyse permet d’y remédier.

La pensée de Condillac (analyse des idées et description de leur genèse) est à l’origine de l’idéologie, dont les représentants — Cabanis, Destutt de Tracy, Maine de Biran — ont fait pendant toute la première moitié du xixe s. la philosophie, à peu de chose près, officielle de la nouvelle université.

D. H.

Un philosophe économiste

L’abbé de Condillac publie, l’année même où paraissent les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d’Adam Smith (1776), un ouvrage économique, le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, où il donne pour la première fois une théorie subjective de la valeur.

L’apport, ce faisant, de Condillac est important dans la mesure où l’auteur bâtit, au profit de l’économie, un fondement de psychologie individualiste, à l’instar de celui qu’il avait donné à sa philosophie. À l’imitation des opérations mentales, qui, pour Condillac, prennent leur origine dans la sensation, les opérations économiques ont pour seule origine le « besoin », pratiquement le désir de chacun.

Condillac réhabilite le commerce, allant en cela contre les physiocrates. Il souligne, comme Smith, les bienfaits de la division du travail.

C’est à la fin du xixe s., sous l’influence de l’économiste W. S. Jevons (1835-1882) et de l’école psychologique, que Condillac fut redécouvert.

J. L.

 G. Le Roy, la Psychologie de Condillac (Boivin, 1937). / R. Lefèvre, Condillac (Seghers, 1966). / J. Derrida, l’Archéologie du frivole (Denoël, 1976).