Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

concile (suite)

Généralités

Les conférences épiscopales diffèrent des conciles en ce sens qu’elles ne possèdent pas le droit de légiférer. C’est ainsi que les synodes épiscopaux réunis après Vatican II ne peuvent pas être considérés comme des conciles.

Il ne sera question ici que des vingt et un conciles œcuméniques, dont sont membres de droit : les cardinaux, même non-évêques, les patriarches, les archevêques, les évêques, les abbés primats, les abbés supérieurs d’ordres monastiques, les supérieurs généraux des ordres religieux.

Le catalogue des conciles œcuméniques ne procède pas d’un acte législatif de l’Église, mais a été établi sur la foi de la Tradition.

C’est à partir du moment où le christianisme fut reconnu dans tout l’Empire romain par Constantin, au début du ive s., que se fit sentir le besoin de décisions prises par l’Église entière afin que les règles qui y seraient dictées s’imposassent partout sans contestation possible.

Il faut aussi préciser que, par concile œcuménique, on n’entend pas l’assemblée des évêques de toute la terre — en ce sens, seul Vatican II répondrait à la définition —, mais seulement une partie importante de l’épiscopat. Ce qui donne en définitive à un concile son caractère d’œcuménicité, c’est d’être accepté par l’Église universelle ou approuvé par le pape. Cependant, il y a évolution dans la théologie actuelle, qui s’exprime ainsi : « Le concile œcuménique est la réunion des évêques de toute la terre sur la base de la convocation et sous l’autorité et la direction du pape, dans le but de délibérer en commun sur les affaires générales de l’Église et de légiférer à ce sujet. » C’est bien à ces critères que répond Vatican II.

Seuls les sept premiers conciles œcuméniques sont reconnus par l’Église orthodoxe, qui, en outre, reconnaît comme œcuménique le synode de Constantinople de 691, que le pape Sergius Ier (687-701) ne ratifia pas. Les protestants rejettent l’autorité des conciles en tant que source de la foi.


Les conciles de l’Antiquité (ive-ixe s.)

Les huit premiers conciles, dits « de l’Antiquité », ont toujours été considérés comme particulièrement importants ; les quatre premiers surtout, puisqu’ils ont établi les dogmes fondamentaux de l’Église, trinitaire et christologique. Le pape Grégoire le Grand les a comparés aux quatre Évangiles.


Ier concile de Nicée (mai-juill. 325)

Convoqué par Constantin Ier (306-337). Selon Eusèbe de Césarée, deux cent cinquante participants environ de tout l’œcumène, mais cinq seulement d’Occident. Sylvestre Ier s’y était fait représenter.

• But : définir face à Arius le dogme trinitaire.

• Résultats : 20 canons. Marcel d’Ancyre, Eustache d’Antioche et Athanase d’Alexandrie s’opposent à Arius et emportent la décision. Le 19 juin : condamnation d’Arius. Credo de Nicée. Le Fils est Dieu comme le Père. Unanimité, sauf deux évêques.

• Autres décrets : fixation de la date de Pâques ; tout chrétien ne peut être ordonné ou sacré qu’après un long temps de probation ; un évêque ne peut être sacré sans la participation d’au moins trois évêques.


Ier concile de Constantinople (mai-juill. 381)

Convoqué par Théodose Ier (379-395) ; 150 participants, exclusivement des Orientaux. Le pape Damase Ier n’y est pas représenté.

• But : après Nicée et contre les tenants obstinés de l’arianisme, les trois grands Pères cappadociens, Basile le Grand, Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse, donnent une définition théologique plus claire du Credo de Nicée, qu’il s’agit d’expliciter et de compléter en ce qui concerne la troisième personne, le Saint-Esprit.

• Résultats : 4 canons. Le Credo de Nicée est reconduit, et la divinité de l’Esprit-Saint est proclamée.


Concile d’Éphèse (juin-juill. 431)

Convoqué par Théodose II (408-450) pour l’Orient et Valentinien III (425-455) pour l’Occident. Le pape Célestin Ier y est représenté.

• But : contrecarrer l’évêque Nestorius de Constantinople, qui affirme que la Vierge Marie ne peut être considérée comme la Mère de Dieu (la « Theotokos »), mais seulement comme la Mère du Christ (la « Khristotokos »).

• Résultats : 6 canons. Concile mouvementé. Finalement, Cyrille d’Alexandrie, représentant le pape, fait condamner Nestorius et proclamer la maternité divine de la Vierge.


Concile de Chalcédoine (oct.-nov. 451)

Convoqué par l’empereur d’Orient Marcien (450-457) à la demande expresse de Léon Ier le Grand ; six cents participants, mais seulement sept Occidentaux. Le pape y est représenté par cinq légats.

• But : agir contre un prêtre de Constantinople, Eutychès, qui soutient que, dans la personne du Christ, la nature humaine disparaît dans la nature divine, qui subsiste seule. C’est l’hérésie monophysite.

• Résultats : 28 canons. La sixième session proclame : « Un seul et même Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ, possède l’humanité et la divinité complètes... en deux natures, sans confusion et sans changement, non séparées et non disjointes, mais unies en une seule Personne. »

• Autre décision : subordination des moines à l’autorité épiscopale.


IIe concile de Constantinople (mai-juin 553)

Convoqué par l’empereur Justinien Ier (527-565) ; 150 participants. Maltraité par l’empereur à son arrivée à Constantinople, le pape Vigile Ier s’enfuit à Chalcédoine et ne prend pas part au concile.

• But : le IIe concile de Constantinople n’a pas supprimé le monophysisme. Dans le dessein de se concilier les monophysites, Justinien a condamné certains de leurs adversaires dans ses « Trois Chapitres ».